Bizi et la Fondation Manu Robles-Arangiz organisent une semaine de formation intensive du jeudi 13 au jeudi 20 juillet à Donibane Garazi. Elle s’adresse à celles et ceux qui à un degré ou à un autre travaillent à construire un Pays Basque en transition, une société alternative, plus solidaire et plus soutenable, une souveraineté réelle à tous les niveaux. Elle est ouverte aux animateurs-trices de groupes de travail, de campagnes et de structures diverses, aux bénévoles et permanent-e-s associatifs désirant approfondir leur propre formation et expérience. L’objectif est de former des militant-e-s capables de maîtriser toutes les facettes de la dynamique militante, de la conception des stratégies à leurs déclinaisons opérationnelles, et aux tâches d’organisation qui le permettent.
Grands enjeux et questions de stratégies
Les matinées seront consacrées à des thèmes généraux comme le capitalisme, la marchandisation de nos sociétés, la crise écologique, climatique et énergétique ou à des questions de stratégie.
La stratégie n’est pas réservée à une élite et doit être au contraire construite collectivement. Pour cela, il faut savoir analyser la réalité et le niveau de conscience et d’organisation d’un territoire et d’une population précise.
On apprend également à manier un certain nombre d’outils et de grilles permettant de mieux comprendre le contexte dans lequel nous évoluons et les différentes forces en présence, les opportunités ou au contraire les menaces auxquelles nous aurons à faire face.
On analyse la stratégie de construction d’une campagne de masse, d’un mouvement social. On tente d’intégrer la manière de placer le curseur au bon endroit entre pragmatisme et volontarisme, entre démocratie et efficacité, entre horizontalité et verticalité, entre organisation et spontanéité etc.
Animer, organiser, communiquer, agir
Les après-midi seront par contre dédiées à des sujets plus « techniques » mais indispensables à l’efficacité de l’action collective :
-la préparation et l’animation des réunions. Les nouveaux outils (en ligne) permettant d’améliorer le fonctionnement de nos associations, leur communication interne, les réunions à distance, l’élaboration collective de documents et compte-rendus etc.
-la communication externe : militante classique, à travers les médias, dans les réseaux sociaux,-l’organisation de campagnes, évènements, manifestations diverses ; la fonction de responsable organisationnel,
-la création de dynamique vertueuses permettant de recruter plus de bénévoles dans nos associations, de bien les accueillir, de mieux les impliquer et de les responsabiliser afin qu’ils y trouvent leur place,
-le répertoire et l’organisation complète des différentes techniques et modes d’action militantes,
-le leadership, l’importance centrale des animateurs- trices de groupe pour tirer le meilleur des bénévoles et des membres de nos associations, et pour faciliter le succès du travail de groupe
D’où venons nous, où agissons nous
Les soirées quand à elles permettront de se situer dans une Histoire et un contexte bien précis, grâce à des sessions qui allieront convivialité et richesse de contenu.
Histoire contemporaine d’Euskal Herria, survol des grands penseurs de la gauche et de l’écologie (Proudhon, Marx, Polanyi, Ellul, Gorz etc.), histoire du mouvement abertzale d’Iparralde pour mieux en comprendre ses différentes composantes actuelles, grands enjeux et évolutions prévisibles du Pays Basque nord au niveau économique, social, environnemental, démographique, culturel…
La formation amène quelque chose de plus,
y compris aux gens déjà formés.
Elle permet de rectifier le tir, de rénover telle pratique,
d’éviter de tomber dans des routines stérilisantes.
De nouvelles idées, possibilités de campagnes ou d’action apparaissent,
grâce à la confrontation fertile
entre notre propre expérience
et pratiques du moment,
et les expériences passées
ou géographiquement lointaines.
Paradoxe
Le paradoxe avec de telles formations est qu’elles sont tout particulièrement intéressantes pour ceux et celles qui sont très impliqués dans l’action collective et le travail associatif.
Or, de ce fait, ces derniers ont peu de temps à leur consacrer, étant déjà aspirés par le tourbillon de l’engagement bénévole.
Et pourtant…
C’est bien ceux et celles-là qui devraient s’en faire une priorité, pour justement gagner du temps ou en tout cas éviter d’en perdre.
J’ai tendance à le répéter systématiquement au risque de radoter, mais mon expérience m’a justement montré que la formation est tout sauf une perte de temps.
Cela permet d’être plus efficace dans son action quotidienne, d’apprendre instantanément ce que sa propre expérience met des mois ou des années à intégrer, de maitriser les nouvelles techniques ou les méthodes faisant gagner du temps ou économiser des énergies. On y comprend comment mieux répartir le travail, trouver et former de nouvelles personnes pour le déléguer, afin de soulager son propre emploi du temps et sa propre charge de travail. On y apprend à mieux anticiper les situations, et donc à moins les subir, à mieux s’y préparer. On y découvre comment mieux appréhender la réalité, les possibilités réelles d’intervention, comment mieux définir nos objectifs et les moyens de les atteindre. Cela évite de se fourvoyer dans des stratégies perdantes, de s’enliser dans des pratiques inefficaces, de se perdre dans des voies sans issue.
Au total, la formation est un temps et un effort investis permettant d’en gagner bien d’avantage tout au long des années qui s’ensuivent. Et la formation amène quelque chose de plus, y compris aux gens déjà formés. Elle permet de rectifier le tir, de rénover telle pratique, d’éviter de tomber dans des routines stérilisantes. De nouvelles idées, possibilités de campagnes ou d’action apparaissent, grâce à la confrontation fertile entre notre propre expérience et pratiques du moment, et les expériences passées ou géographiquement lointaines, ainsi que la relecture de concepts, méthodes, outils, dont on est toujours loin d’exploiter tout le potentiel.