Ce recueil de comptines, de formulettes, de chants et d’expressions enfantines traditionnelles basques est réédité pour la troisième fois. Sous une forme considérablement augmentée. Ellande Duny-Pétré qui vient de re-éditer le libre répond aux questions d’Enbata.info.
Pourquoi ce livre?
Ellande Duny-Pétré : Au départ, son auteur Pierre Duny-Pétré (1914-2005) a recueilli un ensemble de documents —chansonnettes, comptines, expressions, jeux, formulettes— en cours dans le pays de son enfance, Garazi. Il en a fait un recueil avec traductions en français et présentation du contexte culturel, du sens ou de la pratique sociale de la plupart d’entre eux. Ce travail a d’abord été publié en 1987 dans une revue savante dirigée par J.M. de Barandiaran. Cette troisième édition est plus complète. Elle intègre les travaux d’autres auteurs, inédits ou épuisés: ceux de Maite Laporte-Arramendy, un chapitre du livre souletin « Baratçabal raconte » (Lauburu), et des contributions de Delphine Lubet, Louis Sagardoy, Alexandre Alchourroun, etc., non connus lorsque Pierre Duny-Pétré réalisa son livre. Le tout offre un panorama le plus complet possible de textes et de pratiques culturelles communes aux enfants d’Iparralde jusqu’à la première moitié du XXe siècle. Des variantes existent d’une vallée ou d’une province à l’autre, mais il est étonnant de constater que des comptines identiques ou équivalentes étaient pratiquées par les enfants basques sur l’ensemble de notre pays, y compris en Hegoalde.
S’agit-il d’une étude ethnographique?
Ellande Duny-Pétré : Oui et non. Certes ce recueil a un intérêt ethnographique indéniable. Le but de son auteur a été d’abord de sortir de l’oubli des expressions, des chants et des jeux, tout un univers longtemps négligé mais qui fonde l’usage familial de la langue basque chez les enfants. Chacun sait que celui-ci est en péril. L’objectif essentiel de Pierre Duny-Pétré est de permettre aux liens intergénérationnels entre bascophones de se renouer à partir de pratiques transmises par ceux qui nous ont précédés. De raviver cette mémoire, d’offrir à des parents qui n’ont pas reçu cette culture de leurs pères et mères, la possibilité de s’en emparer et de la faire revivre. Eventuellement de proposer à des créateurs d’aujourd’hui une ambiance, un substrat pour créer du neuf. Les comptines, les jeux, les formulettes ne sont pas figés. Les faire évoluer ou en inventer de nouveaux au gré des modes ou de l’actualité, c’est leur donner vie. Comme dit le leader canaque Jean-Marie Tjibaou, « Notre identité est devant nous, en perpétuelle construction« …
Est-ce qu’il ne manque pas une dimension audiovisuelle à ce travail ?
Ellande Duny-Pétré :C’est vrai. Tous ces travaux ont été réalisés durant la deuxième moitié du XXe siècle à une époque où l’audiovisuel et les moyens de transmission du savoir en cours aujourd’hui étaient moins répandus. En ce domaine, la démarche du québécois Francis Corpataux à travers le monde est exceptionnelle par son ampleur et sa qualité, elle nous fait rêver. Panpina haurtzaindegia Ortzaizen a réalisé de très jolis enregistrements. Donc, tout est possible et peut-être que demain Xirula Mirula aura-t-il d’autres prolongements. Des personnes nous envoient encore aujourd’hui de nouveaux textes. Ce livre réveille aussi des souvenirs chez des anciens, c’est aussi un de ses effets. Ils seront intégrés dans des éditions ultérieures.
Où peut-on trouver Xirula Mirula?
Ellande Duny-Pétré : Le livre est en vente dans plusieurs librairies du Pays Basque: Elkar à Bayonne, Kukuxka, rue de la Citadelle et Maison de la Presse Carricart place de Gaulle à Donibane Garazi, Presse à Intermarché (Izpura). Par ailleurs, Eskualtzaleen Biltzarra publiera début décembre un ouvrage qui rassemble les poésies et des proses écrites en euskara par Pierre Duny-Pétré, sous le pseudonyme de Piarres Hegitoa. Elles étaient dispersées dans différents périodiques: Herria, Enbata, Gure Herria, Gure Almanaka, Principe de Viana, etc. A cette occasion, le 6 décembre à Donibane Garazi, Euskaltzaleen Biltzarra rendra un hommage à l’écrivain.
Xirula mirula, 165 pages, 18€