La 8ème édition de Lurrama s’est tenue du 18 au 20 octobre à la Halle d’Irati à Biarritz. Le succès populaire a été encore une fois au rendez-vous. Le salon s’inscrit durablement dans le paysage des événements d’Iparralde. Maryse Cachenaut, présidente de l’association organisatrice, explique les raisons du choix de la thématique « préservons la terre nourricière ».
Pourquoi “Préservons la terre nourricière” a-t-il été la thématique et le fil conducteur de Lurrama 2013 qui s’est déroulée du 18 au 20 octobre ? Parce que l’agriculture a une fonction nourricière, sociale et d’entretien des paysages. Parce que l’agriculture paysanne et durable a besoin de paysans pour se développer. Pour rappeler aussi que l’agriculture qui produit des biens alimentaires de qualité et de proximité a besoin de terre.
Des outils existent
Des tables rondes organisées durant trois jours, on retiendra, entre autres, que des outils institutionnels et militants existent pour agir sur le foncier agricole, que leur présence et leur rôle est important, mais que leur portée est parfois limitée. Le manque de volontarisme et de moyens a été pointé du doigt.
La planification à travers les cartes communales et P.L.U. : les communes dans ce domaine prévoient parfois plus de zones à urbaniser que de besoin, tandis que la préservation de la zone agricole reste un vœu pieux. Pour beaucoup d’élus (et de citoyens d’ailleurs), la zone agricole reste une surface où l’on pourra puiser en fonction de la volonté d’urbaniser. Quelques communes (trop peu) enclenchent leur réflexion de planification par la porte d’entrée agricole. Aux citoyens conscients de la nécessité de préserver la terre agricole d’indiquer la voie aux futurs élus.
EPFL, SAFER sont aussi des outils importants que les élus et le monde paysan peuvent actionner. La SAFER pour les surfaces agricoles peut exercer un droit de préemption qui existe dans la loi depuis plus d’un demi-siècle. Sa limite principale réside dans ses moyens financiers qui la rendent frileuse dans son action de lutte contre la spéculation foncière notamment.
La SCA (société à commandite par actions) Lurzaindia a pris la suite du GFA mutuel du Pays Basque (qui possède 262 ha et a aidé près de 20 paysans à se conforter ou s’installer) peut venir en appui à la SAFER en la poussant à préempter un bien qu’elle estime mis à la vente à un prix trop élevé par rapport à son usage agricole.
Les tables rondes de Lurrama ont conclu que l’on ne peut envisager une politique foncière plus cohérente qu’avec l’espoir d’améliorer les collaborations, les ponts entre ces différents outils. Mais les intervenants sensibles à la préservation de la terre agricole présents à Lurrama savent aussi que les outils sont au service d’une volonté politique malheureusement un peu défaillante dans ce domaine.
Les intervenants sensibles
à la préservation de la terre agricole
présents à Lurrama
savent aussi que les outils
sont au service d’une volonté politique
malheureusement un peu défaillante
dans ce domaine.
Porteurs d’alternatives
Au-delà du contexte inquiétant, Lurrama et Euskal Herriko Laborantza Ganbara se veulent volontaristes, témoins et porteurs d’alternatives telles que l’initiative de Lurzaindia crée en 2013. Lurzaindia a choisi la voie de l’acquisition collective de terres pour “sortir à tout jamais des terres du marché spéculatif”.
D’autres alternatives associant des forces militantes, monde agricole et élus ont été également présentées pendant le salon :
Celle d’une petite communauté de communes au Nord du Béarn qui a acquis une petite propriété d’une douzaine d’hectares où elle a construit un abattoir pour volailles, une conserverie à disposition de producteurs fermiers. Les surfaces agricoles, quant à elles, servent à une couveuse agricole, c’est-à-dire qu’elles permettent à des futurs paysans de se tester avant de se lancer en agriculture de façon pérenne. Ce projet se veut ambitieux et porteur de vie sociale. Parallèlement l’introduction de produits locaux dans les cantines est en marche (atteignant déjà 30-35% dont une partie en bio).
Celle véritablement exemplaire du village de Zerain en Gipuzkoa est étonnante. Avec une cinquantaine d’habitants, le projet de Zerain, dans un Gipuzkoa très industrialisé fait figure d’exception. Identité socio-culturelle et lien avec la nature sont les deux fils conducteurs de la vie de ce village organisé autour de trois lieux d’orientation et de décision : le premier autour la mairie avec la vie sociale (écoles, bars, bus scolaires, médecins ont refait leur apparition dans ce village qu’ils avaient déserté). Le second avec l’association culturelle qui rassemble jeunes et vieux, artistes, paysans… Et enfin la Fondation qui dynamise l’économie du village. Concrètement cette organisation se traduit par l’acquisition publique de près de 20 % des terres de la commune (préservées pour le bois et l’activité agricole), une partie classée parc naturel, une volonté de développer leur souveraineté alimentaire, de s’ouvrir à l’extérieur (avec l’accueil de 20.000 visiteurs par an). A découvrir en détente découverte sans aucun doute !
Ces exemples d’alternatives concrètes peuvent-ils être reproduits partout ? Peut être pas partout à l’identique, mais ils pourraient tout de même être source d’inspiration pour nous tous !
Merci à tous les bénévoles qui ont mis du cœur à l’ouvrage pour Lurrama qui a fidélisé un public dans une ambiance chaleureuse.
Laborari, laguntzaile ta sukaldari… eskuz esku!
Lurrama laborantza herrikoia eta iraunkorraren behatokia da, bainan ez da azoka edo kabala erakusketa arrunt bat. Aurtengo edizioan azpimarratu dugu, hautatua izan den gaiarekin, zoin den lurramaren oinarrizko mezua. « Amalurra zain dezagun » lemapean lan egin dugu urte osoan. Lurrak hazten gaitu, bainan gero ta gehiago errealitate hortarik deskonektatuak gira. Lur eremuak galtzen ditugu, laborariak desagertzen ari dira (laurdena 2000/2010 artean), lurraren prezioak emendatzen dira, eraikuntzeer eta azpiegiturer lehentasuna emaiten zaie, batez ere kostaldean.
Gure helburua zen mezu hau azaltzea mahai inguruen bidez, bainan ere haurrer, tailer eta jokoen bidez, eta dudarik gabe gastronomiaren bidez. Laborari, laguntzaile bai ta sukaldariak eskuz esku arizan dira lanean !