En votant pour le classement de Marienia en zone constructible en 2019, les élus de la CAPB ont ouvert un boulevard aux projets de Bouygues. Il leur incombe maintenant de reprendre la main sur les propos de l’avocat de la CAPB qui dénie à ces terres leur caractère agricole.
Je ne peux imaginer que le conflit de Marienia à Cambo ne trouve pas une issue positive. La mobilisation est telle que la bétonisation de ces terres agricoles constituerait une fracture importante entre les élus du Pays Basque et les nombreux citoyens et paysans mobilisés autour des associations et des syndicats agricoles. Je dis bien les élus du Pays Basque, et non pas seulement ceux de la majorité municipale de Cambo, car ce sont en effet les élus du conseil communautaire de la CAPB qui ont voté en 2019 la révision du PLU de Cambo, rendant les terres de Marienia constructibles. Ce sont donc eux qui ont la possibilité de faire stopper le projet de Bouygues Immobilier, en prenant l’initiative de faire une modification du PLU pour rendre ces terres à nouveau inconstructibles.
La sortie de crise viendra peut-être des procédures juridiques engagées par des associations où le débat porte sur l’intérêt agricole de ces terres en plateau. Mais si le juge se laisse convaincre par l’avocat de la CAPB qui nie le caractère agricole de Marienia, il faut bien garder en tête que la solution est dans les mains des élus de la CAPB.
Ceux-ci doivent prendre conscience du rôle important qu’ils ont à jouer. Le vote de 2019 est d’autant plus facile à remettre en cause que le dossier qui leur avait été présenté reclassait en agricole des endroits inaccessibles aux agriculteurs (parcelles déjà construites, ou bien trop isolées et petites, d’autres trop en pente pour assurer une exploitation agricole), faisant croire que la surface agricole de la commune aurait augmenté. La sincérité du dossier présenté au vote pose donc question.
Des arguments fallacieux, proférés au nom des élus de la CAPB
Mais les élus pourraient aussi s’intéresser au suivi de leur délibération de 2019, puisque celle-ci fait l’objet de recours auprès de la chambre d’appel de Bordeaux.
Combien parmi eux savent ce qui se dit dans le tribunal en leur nom ? C’est un avocat de Strasbourg qui est chargé de leur défense et, au nom des élus, confortablement installé dans son office alsacien, il dénigre totalement la valeur agricole de ce plateau, réfutant les témoignages sur son potentiel agronomique, ignorant qu’il se trouve dans une zone où très peu de terres agricoles se libèrent pour des installations, au coeur des AOP Piment d’Espelette, Ossau-Iraty, et de la future AOP Cerise d’Itxassou.
Il faut le lire pour le croire, mais l’avocat affirme au juge que ces parcelles ne supportent aucune ressource fourragère, que les brebis n’y pâturent pas !
L’avocat de la CAPB va jusqu’à dire que ces parcelles ne sont plus recouvertes de prairie ! Toujours selon l’avocat, les photos produites au tribunal, montrant brebis et récolte fourragère abondante, ne sauraient constituer des preuves. Ceci, malgré ce que tout un chacun peut constater sur place, malgré les réserves de la Chambre d’agriculture et du préfet lors de l’enquête publique, malgré les témoignages du syndicat du piment, de la filière de la cerise d’Itxassou, de celle de récolte du lait.
La solution est dans les mains de nos élus
Il est donc temps que ces débats sortent du tribunal, que les élus demandent des comptes à l’avocat et aux services de la CAPB qui lui servent de contact, qu’ils s’emparent de ce dossier pour remettre les choses à leur place et refuser que des arguments fallacieux soient ainsi développés en leur nom. Ces arguments risquent malheureusement de tromper le juge bordelais qui ne connaît certainement pas le secteur, car ils sont proférés par une institution respectable, la CAPB. Si c’était le cas, si cette stratégie de désinformation s’avérait payante et que les élus de la CAPB ne réagissaient pas pour reprendre la main, je n’ose imaginer l’effet que cela produirait alors que la mobilisation sur ce projet emblématique monte en puissance.
La situation des paysans est dramatique, il faut les aider à garder leur outil de travail. Il en va de leur avenir, mais il en va aussi de la capacité du territoire à nourrir ses habitants. La solution est entre les mains de nos élus, elle ne dépend pas de lois nationales qu’il faudrait changer. C’est une décision politique qui se prend au niveau de notre territoire, en toute indépendance. Il suffit que les élus de la CAPB s’organisent et disent : on enclenche la modification du PLU de Cambo pour mettre les parcelles de Marienia en agricole. Ils en ont le pouvoir.