Lors de l’Assemblée Générale de l’Association Hemen, les universitaires Juliette Bergouignan et Jean-Pierre Massias ont présenté les enjeux d’une université de plein exercice pour le Pays Basque ainsi que l’état des lieux de cette revendication. Juliette Bergouignan a abordé la semaine dernière tour à tour l’histoire de la revendication de l’université autonome en Iparralde, l’état des lieux et les obstacles à un développement universitaire. Elle termine ici par la présentation des perspectives d’avenir.
Force est de constater que le 4° pilier des revendications de Batera est le plus fragile. Pourtant, depuis, 20 ans, un petit groupe d’enseignants s’est mobilisé autour de la question, sans grand succès, face aux freins institutionnels et politiques. Et maintenant ? Que faire ?
Le lieu idéal pour mener la réflexion stratégique et poser les jalons d’une nouvelle gouvernance locale est le Conseil de Développement. D’ailleurs, en 2002, il affirmait vouloir constituer une offre proportionnée au bassin de vie en enrichissant le potentiel, l’attractivité et le rayonnement du BAB, faciliter la pérennité et le développement des formations, niveau master (M) et Doctorat (D).
Constat 11 ans plus tard
Ouverture de plusieurs licences professionnelles (niveau L ou 1° cycle), d’un nouveau département à l’IUT (GIM) mais toujours aussi peu de formation niveau M (2° cycle) et D (3° cycle).On peut dire que les objectifs, pourtant peu ambitieux, n’ont pas été atteints. Pire, avec l’autonomie des universités, le BAB n’étant qu’un campus de l’UPPA, il souffre de la dangereuse situation financière de l’UPPA et par conséquent, des fermetures de formations existantes semblent inéluctables, surtout hors de Pau.
Pendant combien de temps les élus accepteront-ils que ces beaux locaux de la Nive soient en partie vide ?
Les membres de la communauté universitaire sont-ils prêts à une réflexion de fonds, à une remise en cause du fonctionnement actuel ?
Dans la phase actuelle, force est de constater que les mouvements sociaux se limitent à défendre l’existant et surtout les postes menacés.
Certes, nous partageons une vision de l’enseignement de l’université publique, ouverte à tous et gratuite… Cependant, l’argent public manquant, n’y a- t-il pas d’autres voies à imaginer pour un développement et à minima maintenir le campus côte basque ?
Cette fragilité financière et la dépendance du Pôle de recherche et d’enseignement supérieur d’Aquitaine va peut-être stimuler le travail de réflexion entre enseignants et politiques.
Quelques pistes pour développer un pôle universitaire attractif
Imaginer un nouveau modèle, en se détachant de l’UPPA au sein du pôle Aquitaine avec formations de niveau M (2°cycle) et D (3°cycle) à partir de financements mixtes (public/ privé) et pourquoi pas en associant la diaspora basque.
Mettre en place un comité stratégique composé d’universitaires intéressés par la réflexion, mais également de politiques, de membres de la société civile, avec à la clé des propositions originales, partant des besoins du Pays Basque (formation initiale et continue) et de ses savoir-faire (compétences en langues, en informatique, nouvelles technologies, droit ou sciences, trilinguisme,…)
S’orienter vers une université technologique, type Compiègne, permettant de développer des filières complètes en s’appuyant sur le socle existant faculté pluridisciplinaire, IUT, ESTIA, Faculté de sciences…
Exemples d’hypothèses à travailler : un diplôme d’ingénieur agroalimentaire orienté bio et circuits courts ou encore formations transfrontalières trilingues ou quadrilingues master professionnel en euskera… Orientation énergies renouvelables ou master original, à partir des compétences du département GIM de l’IUT.
Bien des pistes sont à étudier, mais dans tous les cas, elles doivent être pointues, en lien avec le territoire et comporter des filières complètes. Ces masters doivent s’adapter au monde du travail avec une variante en formation continue.
Il y a urgence à travailler sur ce thème au sein du Conseil du Conseil de Développement en montrant davantage d’ambition pour Iparralde !
Inbido !…