Il faut bien le reconnaître. Cette année aussi les abertzale et euskaltzaile du Nord pourront encore s’époumoner : « Basques, bisque, rage… PS au chômage ! » tellement le reniement est inscrit dans le code génétique de ce parti à dominante sociale démocrate. En tête de la liste de ces récriminations ressemblant à une sempiternelle litanie, le refus d’octroyer une gouvernance adaptée à notre petit pays. Malgré l’acceptation sociale de plus en plus prégnante, la symbiose de Batera et des conseils des élus et de développement, l’adhésion d’une majorité de maires ou l’engagement des parlementaires socialistes nonobstant l’affreux Jojo, rien n’y fit.
Pire même, l’accession à la demande légitime et démocratique d’une consultation populaire est méprisée. N’ayant plus le prétexte de la lutte armée ou de l’assentiment des élus à se mettre sous la dent, les adversaires d’une collectivité spécifique ont des nouveaux arguments aussi convaincant que celui de Jérôme avec son « Non, je n’ai pas et je n’ai jamais eu de compte en Suisse« . Mais comme si le reniement de 1981 n’y suffisait pas, le gouvernement, sous la houlette du crypto catalan Valls et de sa devise « Plus français que moi tu meurs« , s’attaque au développement de l’immersion scolaire en langue basque par le refus de légalité d’une mise à disposition d’un terrain par une collectivité, déterrant soudainement la loi Falloux, vieille de 160 ans. Cela ressemble à un empapaoutage complet.
Boycott socialiste ?
Mais comme la coupe des tenants d’un ethnocentrisme néo colonial n’est pas pleine, on sent bien que le pouvoir central socialiste, état pluri-national qui s’ignore, tergiverse en se demandant comment éviter de tenir la promesse du candidat Hollande sur la ratification de la charte européenne des langues territoriales. Hormis l’incantation, que nous reste-t-il ? Refuser, si l’on se limitait à ces thématiques identitaires, dans les principales villes toute alliance de second tour avec des listes initiées par le PS en mettant les trois œufs (Espilondo, Etcheto ou Ecenaro) dans le même panier ? Ce serait toutefois oublier un peu vite que la (vraie) droite, n’a pas voulu, elle non plus, participer à la reconnaissance d’un territoire et de sa langue millénaire. La balle est donc aussi aujourd’hui dans le camp des responsables abertzale dont on a parfois du mal à saisir la cohérence politique.
Ça sent Bové
Ainsi en est-il du non engagement aux européennes de mai 2014. Alors qu’en 2005 et 2009 AB participait activement à ces élections avec un candidat en lisse au sein de l’union RPS/EELV, l’AG de novembre, qui suivait comme souvent d’une semaine celle de Batasuna/Sortu, en a décidé autrement. Pourtant, pourquoi se priver de soutiens directs au parlement européen que les abertzale, Batasuna en tête, ont copieusement sollicité depuis 2005 alors que cette gauche abertzale avait organisé, pour le fun, une liste sur 1/27ème de la circonscription (Aquitaine, Midi Pyrénées et Languedoc-Roussillon) ? Du coup la citation de Pascal « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà » continue de tordre le coup au zazpiak bat puisque EH Bildu s’allie avec une pléthore de listes dans l’état espagnol, pas toutes d’obédiences indépendantistes. Il est assez consternant de donner du grain à moudre à celles et ceux qui pensent que « les basques » sont repliés sur eux-mêmes. Le plus cocasse, au final, c’est qu’une bonne partie des abertzale donneront gratis leur voix à EELV sans aucun contrat, aucun engagement des écologistes envers le pays basque. Champagne !
BAOBAB : Biarritz Aviron Olympique Bayonne Anglet Basque
En cette fin d’année, il y a des sujets qui supplantent, dans l’effroi, la guerre en Syrie ou la faim dans le monde. C’est l’annonce un tantinet maladroite d’un projet de fusion de nos deux clubs professionnels de rugby. Pour autant, ce projet pour nous abertzale ne peut que nous convenir. Sortir d’une bataille de clochers pour mettre le curseur à l’échelle de l’entité Pays basque, c’est faire certes disparaître des derbys tant appréciés mais tout en maintenant un rugby de haut niveau dans l’élite. Le dilemme est donc de s’obstiner à faire vivre le pléonasme de « cons de supporters » défenseurs de fanions obsolètes ou de considérer, qu’in fine, l’argent gouverne aussi le ballon ovale. Cruel. Comme la disparition du JPB qui, d’une naissance au forceps avec des géniteurs qui se séparaient jusqu’aux finances sous perfusion, nous manque déjà. Vivement 2014, l’année qui ose !