Le mot abertzale veut dire Patriote….suis-je une patriote ? Qu’ai-je fais à ce jour pour mon pays ?
Il si facile de se dire abertzale aujourd’hui, je n’ai pas essuyé d’injures, de rejet et je rends hommage à toutes celles et ceux qui avant moi ont lutté et souffert.
Ce que je sais, c’est que je veux participer moi aussi à la construction de ce pays afin qu’un jour nous puissions être libre et reconnu en tant qu’Etat.
Qu’est-ce qui définit mon sentiment d’appartenance à cette terre ? Mon héritage familial ? L’amour que je porte à cette langue dont j’ai été longtemps privée et que je me réapproprie comme tant d’autres ? La fierté d’appartenir à un peuple qui lutte pour sa survie face à la vague d’uniformisation culturelle, idéologique, politique et économique ? Mes enfants pour qui parler l’Euskara est naturel ?
Je suis nourrie de paradoxe à vouloir enfin notre frontière moi qui me bat pour les «ouvrir», moi qui déteste les marches, les hymnes et les drapeau…sans doute parce que ne sont pas les miens ?
Etre abertzale c’est vouloir l’indépendance et non vivre sous le giron de l’Etat français avec quelques miettes de spécificité.
Tant d’années de Jacobinisme (mais qu’auraient fait les Girondins…) ont distillé dans l’esprit d’une grande majorité d’entre nous que sans l’Etat français nous ne serions rien. Mais aujourd’hui que sommes nous, nous les dangers de la démocratie, les nationalistes, les ingrats de la république ?
Etre abertzale c’est refuser de devenir une vitrine folklorique pour touristes en mal d’exotisme et cela est-il un crime ?
Marc Legasse n’hésitait pas à parler de «crétinisation du peuple par les bons sentiments folkloriques notamment avec la prostitution touristique du pays».
Etre abertzale c’est vouloir que l’euskara résonne enfin dans les villes et les villages.
Mais pour autant, mes amours d’ailleurs, mes rêves d’étranger ont leur place dans mon pays.
Je rêve d’un Pays-Basque coloré, métissé, ouvert sur le monde et respectueux des différences.
C’est là tout le paradoxe de la revendication en ce qui me concerne.
Je revendique le droit d’exister en tant que pays avec ses frontières, sans doute parce que dans celles qui nous sont imposées il y a bien longtemps que l’on a fait fi de toute politique d’hospitalité.
J’attends du peuple Basque, peuple qui porte en lui la douleur du départ, de l’immigrant à la recherche de son eldorado, qu’il se comporte avec bienveillance à l’égard de ceux qui viennent chercher le minimum vital pour eux ou leur famille.
Etre abertzale c’est être aussi ouvert sur le monde, notre différence nous est chère et nous porte à accepter l’autre si différent soit-il, avec la volonté de vivre ensemble que l’on soit né « ici ou ailleurs ».
Un pays qui a été écrasé, n’écrase pas les autres. Nahi dukana hiretzat, besterentzat (ce que tu veux pour toi, désire le pour les autres).