Enbata: Pourquoi, cette année, Abertzaleen Batasuna ne se joint-il
pas à une quelconque célébration d’Aberri Eguna? Andde Sainte-Marie:
Avant de répondre directement à cette question peut-être vaudrait-il
mieux expliquer le contexte précis des trois derniers Aberri Eguna
auxquels AB a participé de façon symbolique. En effet, lors des trois
dernières années, le rôle d’AB s’est limité à appeler aux actes
organisés par Nazio Eztabaida Gunea. En 2007 différents partis (EA,
Aralar, Batasuna et AB) avec l’appui des syndicats ELA et LAB avaient
appelé à un Aberri Eguna unitaire. Le programme de la journée et le
message politique avaient fait l’objet d’un accord entre les
différentes parties. l’optimisme était à l’époque de rigueur puisque
nous étions en plein processus dit de Loiola.
En 2008 en revanche Nazio Eztabaida Gunea avait décidé
unilatéralement d’appeler à un Aberri Eguna par l’intermédiaire de
“personnalités indépendantes”. Réprouvant ce changement de
configuration, certains signataires de départ, et non des moindres,
comme ELA, s’étaient désolidarisés de cet appel. Quant à AB, nous
n’eûmes aucune possibilité de négocier ni programme ni message. En
2009 ce même schéma s’était renouvelé. En tant qu’AB, nous n’étions
pas satisfaits de cette formule, mais nous avons tout de même
continué d’appeler sans vraiment mesurer les différentes conséquences
politiques: par exemple l’attitude à adopter en cas d’attentat. Ainsi
en 2008 ETA assassina Isaias Carrasco, deux semaines avant l’Aberri
Eguna. Nous avions, tout de même assisté “comme si de rien n’était”.
Je tiens à souligner aussi que “l’ambiance générale» de ces deux
dernières années n’avait plus rien à voir avec la première édition de
2007.De plus, très peu de personnes d’Iparralde ont assisté à ces
deux dernières éditions.
Enb.: Avez-vous à l’époque fait un bilan de ces célébrations et de
ces changements de fonctionnement?
A. S-M.: Pour l’édition 2008, à vrai dire non et nous sommes
conscients, à AB, que nous avons notre part de responsabilité dans
cette situation qui s’est renouvelée en 2009, avec notre assentiment
“tacite et silencieux”. Par contre suite à l’édition 2009, nous
avions fait un bilan très négatif et nous l’avions fait savoir
directement aux organisateurs de Nazio Eztabaida Gunea par le biais
d’une réunion bilatérale.
Enb.: Donc cette année, comment AB célébrera-t-il l’Aberri Eguna?
A. S-M.: Après avoir fait un bilan donc des deux dernières années et
ayant fait un constat lucide de la fragmentation persistante des
célébrations de cette journée, nous avons décidé cette année de ne
faire aucun appel public à une quelconque célébration le jour de
Pâques, les conditions politiques à l’organisation d’un seul et
véritable Aberri Eguna large et unitaire n’étant malheureusement pas
réunies.
Malgré tout ça, et dans la cohérence des mo-tions politiques que nous
avons voté ces deux dernières années en AG, nous pensons qu’il est
primordial de faire passer le message fort de la nécessaire
construction et de l’articulation d’une gauche abertzale civile,
politique et démocratique à l’échelle d’Euskal Herria. C’est un point
de vue que nous partageons avec Aralar. Pour ne pas cristalliser trop
fortement les divergences stratégiques de toute la mouvance abertzale
de gauche, nous avons donc décidé, avec l’aide d’Aralar, d’organiser
un meeting/ kantaldi, la veille du jour de Pâques, le samedi 3 avril
à 17h30 sur le fronton d’Urrugne. En effet, il est à notre avis
important et cohérent, qu’en tant que mouvement politique, nous
ayons, à l’occasion de l’Aberri Eguna aussi, la maîtrise du message
politique à transmettre et nous pensons également que nous pourrons
démontrer qu’il est possible de créer des espaces de travail en
commun entre partis abertzale définis et structurés.
En tant qu’ AB, nous n’excluons pas non plus, dans le cadre des
relations de respect nécessaire entre les divers partis abertzale,
d’envoyer des délégations aux différents actes
d’Aberri Eguna organisés le 4 Avril.
Enb.: Comment se déroulera l’acte politique “Gora Herria, Euskal
Herri berria!”?
A. S-M.: Pour que les choses soient claires, le meeting d’Urrugne ne
sera pas une célébration d’Aberri Eguna. Ce n’est pas le but
recherché. Ce meeting ne sera qu’un acte politique, public et festif
pour rendre public un manifeste politique en cinq points, conçu par
AB et Aralar, et qui se veut être une feuille de route en faveur d’un
gauche abertzale strictement civile et politique. Ce manifeste reste
ouvert à l’approbation des différents mouvements politiques,
syndicaux et sociaux d’Euskal Herria se réclamant de la mouvance
progressiste et autodeterminationiste.
Le meeting débutera donc à 17h 30 sur le fronton d’Urrugne. Après
l’appel de la txalaparta et les bertsu de Xebastian Lizaso, le
manifeste sera lu en trois langues. Les porte-paroles d’Aralar et AB
prendront ensuite la parole. Des danseurs honoreront l’ikurriña par
le bais d’un aurresku avant de laisser la place à la partie festive
de la soirée. Amaia Riouspeyrous et son groupe de musiciens
assureront la partie kantaldi avec la présentation de leur dernier CD.
En même temps que le souper servi sur place (5 e), Kiki Bordatxo
animera un bal de clôture.