Les trois formations se sont rencontrées pour la deuxième fois début août. Les divergences de fond de-meurent sur la fin définitive des activités d’ETA. Aucune alliance électorale ne sem-ble réalisable pour le scrutin de 2011.
La signature d’un accord entre l’ex-Batasuna et EA le 20 juin dernier au palais Eskualduna de Bilbao portait sur l’élaboration d’un pôle indépendantiste. Aralar, la formation abertzale de gauche opposée à la violence d’ETA, en était absente. Finalement, les trois formations se sont officiellement réunies à deux reprises pour envisager un projet, voire à plus long terme, un avenir commun. Le fait qu’ETA ait suspendu de facto ses attentats depuis plusieurs mois et l’engagement solennel de Batasuna en faveur des moyens exclusivement démocratiques et des principes définis par le sénateur américain Mitchell, sont évidemment un élément déterminant pour le démarrage de ces rencontres.
Mais il semble qu’elles marquent le pas. Un communiqué extraordinairement laconique a été rendu public à la suite de la dernière réunion le 4 août. Pour l’essentiel, il se borne à annoncer que les rendez-vous vont se
poursuivre, mais sans préciser de date. C’est bien maigre. En fait, une pierre d’a-choppement demeure, toujours la même. La porte-parole d’Aralar au Parlement de Gasteiz, Aintzane Ezenarro, la résume ainsi: «Il est nécessaire de demander à ETA un arrêt définitif et unilatéral de tout type de violence, sans contrepartie politique» et Batasuna «doit commencer à reconnaître toutes les victimes, y compris les victimes d’ETA». Une simple trêve ne suffira pas et le coordinateur général d’Aralar, Patxi Za-baleta, parle «d’un arrêt permanent et garanti».
Plurielle, civile et ouverte
L’autre point de divergence porte sur la constitution d’un pôle indépendantiste. Aralar pense que celui-ci doit être ouvert aux démocrates qui le souhaitent, à des partis qui ne sont pas indépendantistes, à l’instar de ce qui se passe en Catalogne. Le but est de bâtir à terme une «gauche abertzale plurielle, civile et ouverte».
Le dernier communiqué d’ETA n’a fait que répéter ce que l’on savait déjà et les divergences de fond demeurent. Il est donc prématuré d’évoquer une alliance électorale pour les prochaines élections de 2011. La question n’est même pas à l’ordre du jour des rencontres entre les trois formations, tant elle paraît prématurée. Le coordonnateur d’Aralar en Navarre, Txentxo Jimenez, indique: «Ni les trois partis, ni leurs bases sociales, ne sont prêts ou n’ont avancé dans une démarche de convergence pour faire des paris de ce type». An sein d’EA en outre, l’accord signé le 20 juin avec l’ex-Batasuna fait des vagues: trois élus d’Eusko Alkartasuna siégeant à la municipalité d’Etxalar et plusieurs adhérents ont annoncé qu’ils quittaient le parti, du fait de ce rapprochement avec la gauche abertzale. Après le départ de l’essentiel d’EA en Gipuzkoa —il a fondé Hamaika bat— l’hémorragie n’est pas terminée.
Une alliance électorale à trois est dans tous les esprits, tant elle impliquerait un bouleversement de la carte politique basque et des enjeux de pouvoir. Aussi bien dans la Communauté forale de Navarre où la coalition Nafarroa bai (dont l’ex-Batasuna interdit est absent), que dans la Communauté autonome basque. Mais les hypothèses sont une chose, les faits et les pesanteurs sociologiques en sont une autre: ad augusta per angusta.
2011 risque donc d’être un remake du précédent scrutin, avec la possibilité pour les deux partis espagnolistes PP et PSOE de conquérir de nouvelles places fortes qu’ils raviront au PNV, villes et députations.