ENBATA: Europe-Ecologie et les Verts viennent de fusionner.
Quelle dynamique en attendez-vous et comment cela s’est-il passé?
Jean Lissar: Il s’agit en réalité du prolongement de la dynamique amorcée
lors des Européennes qui fut couronnée d’un vrai succès puisque dans plusieurs régions et même en Pays Basque, nous sommes passés devant le Parti socialiste. Cette dynamique s’est poursuivie de manière moins harmonieuse et moins heureuse au niveau des élections régionales où nous avons raté, de quelques milliers de voix, les 10% qui nous auraient permis de peser réellement
(et là, la tactique illisible des abertzale a joué un rôle négatif certain…).
La fusion célébrée à Lyon correspond à unevétape plus symbolique qu’opérationnelle, un point de départ pour amorcer la construction
d’une formation politique capable de jouer dans la cour des grands.
Les écologistes ne veulent plus être dans le champ politique pour apporter leur grain de sel au potage concocté par les partis productivistes (de gauche comme de droite) dans leur vieux pots. Face au changement climatique
notamment, il y a urgence! Nous voulons incarner une nouvelle espérance,
une nouvelle façon de faire de la politique, il s’agit d’un pari sur l’avenir qui bien sûr, est loin d’être gagné d’avance.
Enb.: Sur le terrain, au Pays Basque, comment se traduit cette nouvelle organisation de l’écologie politique?
J. L.: Même si le noyau originel des Verts du Pays Basque (Euskal Herriko Berdeak) reste largement majoritaire, cela se traduit par l’arrivée de nouveaux adhérents et militants, associatifs, ex-PS, ex-PNV avec des expériences
très diverses; cette diversité constitue manifestement une richesse, mais elle nous met aussi au défi de la reconstruction d’une culture commune partagée.
Enb.: La LGV, malgré les passages en force de RFF et de l’Etat, suscite de plus
en plus en Pays Basque des actes de résistance de la part des citoyens et des
communes, notamment pour les forages. Une manifestation de masse est prévu le 11 décembre, Europe-Ecologie-Les Verts en seront-ils?
J. L.: Europe Ecologie-Les Verts appelle à manifester le 11 décembre. Passages en force, intoxication ou manipulation des lus, mépris de l’opinion publique. La manière dont est imposé ce projet par l’Etat, la Région et RFF est un véritable déni de démocratie. Les élus régionaux Europe Ecologie-Les Verts seront présents lors de la manifestation avec à leur tête Monique De Marco, la présidente du groupe. La position des élus EE-Les Verts n’a pas changé depuis les Régionales, même si certains militants associatifs ont pu ressentir comme
une trahison leur alliance de second tour avec Alain Rousset. La faute nous en incombe, qui n’avons pas été capables d’expliquer la difficulté dans laquelle
nous nous trouvions. N’ayant pas atteint (de peu) les 10% nous étions dans l’incapacité de nous maintenir. Fallait-il renoncer aux 10 élus dont nous disposions. Même si la chose a été envisagée, cela semblait difficile lorsque l’on sait qu’une bonne partie du financement du mouvement est assuré par le reversement d’une part des indemnités des élus et que par ailleurs le champ des compétences de l’institution régionale ne se résume pas à la LGV. Par exemple, sans les militants sur le terrain, mais aussi sans les élus écologistes du Conseil régional, le dossier du terrain radioactif de l’ex-Fertiladour n’aurait
pas connu le dénouement actuel.
Enb.: Le Conseil régional d’Aquitaine vient de voter sa 1ère participation au
financement de la LGV. La gauche et la droite ont voté favorablement. Quelle a
été la position des élus Europe Ecologie-les Verts qui participent à l’exécutif
d’Alain Rousset?
J. L. L’engagement des collectivités demandé par l’Etat dans ce projet est monstrueux, en un moment où les régions sont asphyxiées par la politique de recentralisation du gouvernement. C’est une vision jacobine du développement,
ce projet est un élément d’un projet plus global qui ne fera que renforcer les grandes métropoles et continuer à désertifier des zones déjà défavorisées.
Quant à l’argument du transfert des marchandises de la route vers le rail, cela n’a rien à voir avec la réalité du projet, il ne s’agit que d’un rideau de fumée en direction du public et de certains élus qui souvent ne connaissent pas le dossier…
Enb.: Comment les écologistes du Pays Basque préparent-ils les élections cantonales de mars prochain?
J. L.: Même si le mode de scrutin ne nous favorise pas, nous voulons éviter les simples candidatures de témoignage. Aussi, avions-nous engagé des négociations pour parvenir à des candidatures communes à la fois avec le Parti Socialiste et avec AB. Avec le PS, nous revendiquions de disposer dans l’accord, d’un canton urbain potentiellement gagnable par les écologistes.
Alors que sur Bayonne, trois cantons sont renouvelables, et qu’il y a un seul sortant PS, la direction du PS n’a pu obtenir de la section de Bayonne qu’un canton nous soit réservé. Donc il n’y aura aucun accord au moins pour
le premier tour. Ce n’est pas un très bon signe donné pour le futur, notamment pour la présidentielle de 2012 qui est dans notre système la mère de toutes les élections. De même, nous regrettons que l’Assemblée Générale d’AB ait rejeté à une courte majorité la possibilité d’un accord avec les écologistes. C’est une belle occasion ratée de porter ensemble nos valeurs communes, nos conceptions identiques, sur la LGV par exemple, et pour faire émerger une voie nouvelle entre la droite traditionnelle et la vieille gauche productiviste.
Au final, EE-Les Verts seront présents sur l’ensemble des cantons du Pays Basque, soit en solitaire soit en alliance avec des compagnons abertzale ou autres écolo-compatibles…