Nous, militant(e)s politiques, syndicaux, associatifs de nationalité
française jugeons la situation suffisamment grave pour dénoncer publiquement les atteintes aux libertés démocratiques élémentaires qu’entraîne l’application du mandat d’arrêt européen (MAE) à des fins politiques. Nous les dénonçons dans l’Etat français, nous estimons indispensables de le faire également aujourd’hui dans l’Etat espagnol. Nous refusons les poursuites envers Aurore Martin et nous sommes ici pour le dire.
Nous affirmons qu’il est intolérable et inacceptable qu’Aurore soit poursuivie pour la seule raison d’avoir exprimé ses opinions, d’ avoir donné publiquement les positions de son organisation.
Nous dénonçons cette aggravation de la répression politique de la part des Etats espagnols et français alors que la gauche abertzale agit et s’exprime en faveur d’une résolution démocratique et politique du conflit au Pays Basque.
De plus l’application du mandat d’arrêt européen à Aurore Martin ouvre la porte à une plus large répression qui peut nous frapper toutes et tous.
La montée des luttes en Europe inquiète tous les gouvernements, des mesures
liberticides sont prises à l’encontre des travailleurs en grève. Le gouvernement Zapatero a promulgué “l’état d’alerte” lors de la grève des aiguilleurs du ciel, ce qui pouvait les amener en prison en vertu du code pénal militaire. Nous pouvions envisager, en tant que militants syndicaux ou politiques, de nous retrouver aux cotés des grévistes sur le territoire espagnol dans le cadre de la solidarité entre travailleurs européens. Cette situation aurait pu amener le gouvernement réactionnaire de Zapatero a lancer un MAE contre celles et ceux d’entre nous qui au-raient participé à cette action de soutien international. C’est bien là un exemple d’application possible du MAE à tout militant syndical européen.
C’est aussi pourquoi le MAE à l’encontre d’Aurore Martin est pour nous un précédent inacceptable.
Après Aurore, c’est l’ensemble des militant(e)s de Batasuna en Iparralde qui sont menacés, avec, au final, le risque de l’illégalisation de Batasuna et l’extension de la répression aux activités abertzale au Pays Basque Nord (medias, associations… comme c’est le cas en Hegoalde).
Au-delà du Pays Basque, c’est n’importe lequel d’entre nous qui pourra devenir une cible du MAE dans l’espace européen. Et ce d’autant plus facilement qu’en période de crise, nous savons jusqu’à quel point les Etats peuvent utiliser les dispositifs répressifs à leur disposition en les justifiant au nom de la lutte contre le “violence” et le “terrorisme”, ou encore au nom de la «sécurité».
De nombreuses voix s’élèvent en Iparralde et dans l’Etat français pour empêcher qu’Aurore soit livrée à l’Etat espagnol.
Tout cela n’a pas fait reculer le gouvernement français, qui, répétons-le, sera le premier gouvernement de l’Europe à appliquer le Mandat d’arrêt européen à l’un(e) de ses ressortissant(e)s pour des raisons d’ordre politique.
Il faut maintenant aller plus loin, multiplier les appels et les interventions bien au-delà du Pays Basque, dans les Etats espagnols et français, dans toute l’Europe. Il faut agir, participer massivement aux différentes initiatives qui seront proposées par le collectif qui mène la campagne. Il s’agit d’obtenir l’arrêt des poursuites envers Aurore. Elle doit pouvoir militer en toute liberté!
A Saint-Sébastien
le 29 décembre 2010