Finalement, comme le soulignait un militant d’AB lors de l’AG du 3 décembre à propos des élections législatives, tout est question de timing. En effet, personne, ni dans les interventions, ni dans les motions, n’a remis en cause la coalition EH Bai. La motion 1 voulait parvenir à une alliance entre EH Bai et EELV, la motion 2 privilégiait la reconduction d’EH Bai seule. Ainsi, que l’on en fasse un bilan positif ou mitigé, la coalition abertzale de gauche est un acquis de ces dernières années que plus personne ne conteste. D’autant que les AB-kide avaient préalablement et massivement voté pour un amendement qui affirmait que si la proposition d’alliance avec EELV «offre des marges de progression et des perspectives intéressantes sur de nombreux thèmes, il nous faut d’abord en discuter librement avec les autres sensibilités abertzale. Notre volonté d’éviter des candidatures de témoignage et notre recherche d’une efficacité bien meilleure sont incontournables dans notre stratégie mais ne doivent pas conduire à de nouvelles divisions». Batasuna, dans l’interview de la se-maine passée, ne dit pas autre chose, même si les mots sont différents: «nous estimons qu’une alliance électorale avec des forces non-abertzale doit être la conséquence d’une réflexion plus profonde sur la problématique du Pays Basque, et non quelque chose à court terme et sans engagement. D’autre part, c’est au nom d’EH Bai que ces discussions doivent se mener». Pas de niet définitif de la part de Batasuna à ce qu’il soit discuté d’alliances avec des non-abertzale, mais une condition: que cela soit fait dans le cadre d’EH Bai. C’est-à-dire, dans un deuxième temps. Le problème ne se pose donc pas sur le fond, mais bien sur la forme.
La reconduction d’EH Bai, actée par l’AG d’AB puis par celle de Batasuna, priorise le renforcement du travail entre abertzale. L’idée, simple, est de mettre à profit le contexte nouveau pour retisser des liens forts au sein de la “famille” avant d’aller discuter avec les autres. Pas question de renoncer à quoi que ce soit ni dans les pratiques ni dans la vision politique, l’objectif est de con-solider un socle abertzale débarrassé du fléau des guerres intestines. Enfin libérés du poids de la division, les abertzale réunis pourront travailler sur les seules questions qui vaillent: comment faire progresser une conscience basque en Iparralde, comment parvenir à obtenir la reconnaissance institutionnelle pour ce territoire, pour l’euskara, comment améliorer la vie quotidienne des habitants de ce territoire en proposant une alternative au capitalisme destructeur? Ces interrogations, les abertzale les portent depuis toujours, mais ils ne sont plus les seuls. D’autres sensibilités, présentes à la manif de samedi y travaillent aussi. Impossible de ne pas en tenir compte et d’avancer sans elles. La belle photo de samedi dernier qui rassemblait les principales forces de gauche par delà leur sentiment d’appartenance nationale démontre clairement que le combat citoyen pour le respect des libertés et des droits est l’avenir, le pont du travail en commun.
Engageons-nous donc sans hésiter dans le calendrier acté par AB et par Batasuna: une campagne des législatives EH Bai 2012 puissante et dynamique qui rende à la coalition son image de symbole d’espoirs et d’idées nouvelles. Ainsi, c’est un mouvement abertzale uni, en position de force, qui pourra aborder les échéances électorales suivantes et négocier avec des partenaires potentiels des alliances qui font bouger les lignes. Car il existe un second fait que nul ne doit négliger: seuls, les abertzale ne sont ni ne seront une alternative en Iparralde. Ni en termes de poids, ni en termes d’i-dées. L’on ne gagne jamais seul. Aurore Martin est là pour en témoigner, le soutien et l’écho recueillis par la jeune femme doivent autant au travail acharné des abertzale qu’aux prises de position des forces progressistes non-abertzale.
Faisons donc d’EH Bai l’outil de la réconciliation et du départ vers un rassemblement plus large qui nous placera en mesure d’accéder au pouvoir et de concrétiser nos idées.