Je sais bien que les divers événements tragiques de ce début d’année poussent à soutenir le droit d’expression dans toutes ses formes. Et je soutiens, bien évidemment, l’idée que les caricatures et les satires ont toutes leurs places dans cette expression et qu’elles sont souvent nécessaires à un processus de réflexion, soit par la provocation qu’elles produisent, ou la critique qu’elles véhiculent…
Mais il est aussi parfois difficile de rester fidèle à ses convictions. La «Lettre ouverte au président du Conseil des élus du Pays Basque» de Colette Capdevielle a provoqué chez moi cette difficulté que j’évoquais juste avant…
Ma première réaction à la lecture du billet fut un sentiment de colère. Dans le contexte actuel du débat sur les modalités de la reconnaissance institutionnelle du Pays basque nord, quel besoin a-t-on de créer une polémique au sein même du Conseil des élus ? J’avoue franchement que l’idée de supprimer le droit d’expression à certaines personnes m’a furtivement traversé l’esprit…
Les «sirènes électorales» et les «intérêts particuliers» évoqués dans le courrier m’ont particulièrement amusé. Car oui, je trouve assez amusant de voir reprocher à M. Lasserre, destinataire de la lettre, des jugements, qui pourraient, également, être les principales motivations de Mme Capdevielle, à écrire et rendre public cette interpellation. J’y ai vu une caricature. Cet amusement a laissé place à l’agacement. Normal, une caricature ça peut agacer.
Faisant parti du Conseil des élus que préside M. Lasserre, elle est mieux placée que quiconque pour savoir que le travail de définition d’un EPCI à l’échelle du Pays Basque fait actuellement, malgré le calendrier électoral, l’objet d’un travail suivi avec notamment des rencontres avec toutes les communautés d’agglomération et les communes d’Iparralde.
Faut-il en déduire que Mme la députée se fait peu d’illusions dans les résultats de sa famille politique aux élections départementales de mars prochain, pour présager dès à présent d’un «conflit d’intérêt notoire» si M. Lasserre venait à devoir assurer la présidence du Conseil des élus et celui du Conseil départemental… A-t-elle oublié que M. Labazée, actuel Président du Conseil Général, fait partie du Conseil d’Administration du Conseil des élus, sans que quiconque, ni même elle, n’y voit un éventuel conflit d’intérêt… ?
Face aux enjeux en cours, il est plus que nécessaire que tous les acteurs politiques du Pays basque fassent preuve de responsabilité. Tout particulièrement les parlementaires.
Dès le lendemain, le Conseil d’Administration du Conseil des élus votait une motion regrettant la prise de position publique de la Députée des Pyrénées Atlantiques et renouvelant sa confiance au président.
Quant à moi, en écrivant ces quelques lignes, je goutais à nouveau au plaisir de la liberté d’expression.
Avec un petit doute toutefois, une simple question : … et si parfois il valait mieux ne rien dire… ?