Parmi les travaux qu’une Académie se doit d’étudier et de produire figurent, comme nous l’avons déjà vu, un dictionnaire qui rassemble les mots du vocubulaire basque et les définit dans la langue en s’appuyant sur des données littéraires et orales; de même, une Académie, en l’occurance Euskaltzaindia, a le devoir de mettre à la disposition des Basques une grammaire pour les bascophones, c’est-à-dire écrite en langue basque. J’insiste sur l’utilisation de la langue car la très grande majorité de ces instruments de travail indispensables ont été édités, pour les dictionnaires par le bilinguisme français, espagnol, anglais plus tard, ainsi qu’allemand et, pour les grammaires, par l’utilisation de langues autres que le basque. Ce n’est que dans le dernier quart du XXe siècle, à partir du moment où l’euskara devient langue d’enseignement, que dictionnaires comme grammaires sont publiés en langue basque. De son côté, l’ikastola enseigne et éduque en basque, d’autre part, l’Université, enfin présente en Pays-Basque, forme des enseignants et des chercheurs. Ainsi la roue a tourné, la prise de conscience se manifeste, l’êre de la basquisation a commencé.
Au cours de ce même quart de siècle Euskaltzaindia, poursuivant son aggiornamento, organise les différentes commissions dans le cadre de la recherche (Iker saila) et, en 1980 naît la commission de grammaire dont le premier président est le chanoine Pierre Lafitte l’éminent grammairien. Auparavant, dans le courant des années 70, plusieurs travaux concernant la morphologie ont été réalisés et publiés, la déclinaison des nominaux ainsi que celle des démonstratifs. De la mê-me manière, la morphologie verbale, non seulement celle des auxiliaires, mais aussi celle des verbes forts ainsi que les formes allocutives de tutoiement et de vouvoiement ont été offertes aux Basques, ce qui représente un pas en avant trés important vers “l’euskara batua”, la langue standard.
Ce travail accompli, la commission de grammaire composée essentiellement d’universitaires et de chercheurs, s’est attaquée à la syntaxe de la phrase simple, puis à celle des subordonnées finales, relatives et autres… Dans cette recherche réside la nouveauté car la syntaxe ne fait l’objet d’études que depuis peu et cela pour toutes les langues du monde. De ce point de vue “l’euskara” n’est nullement en retard comme les différents congrés réunis par Euskaltzaindia l’ont am-plement démontré.
On est en présence d’un travail de longue haleine car, pour chacun des points de re-cherche, il s’agissait de recourir aux ex-emples donnés par la langue littéraire ainsi que la langue orale. C’est donc la diversité des dialectes qui a été mise en jeu fournissant un “corpus” d’une grande amplitude comme “Orotariko euskal histegia” le faisait pour le vocabulaire. Le dernier volume de la série, le septième si je ne m’abuse, sera publié cette année; l’ensemble est le témoin d’une investigation jamais réalisée jusqu’à nos jours.
Un deuxième but est, d’ores et déjà, fixé pour la commission de grammaire. S’appuyant sur le “corpus” qui est essentiellement descriptif, il s’agira d’élaborer la grammaire de “l’euskara batua”, celle de la langue standard, celle qui servira à l’enseignement à tous les niveaux primaire, secondaire et supérieur, outil indispensable et longtemps espéré. Quand on songe aux divers travaux présentés par les chercheurs, soumis en commission, il ne fait aucun doute que les années qui viennent verront s’accomplir une des tâches les plus éminentes d’Euskaltzaindia, grâce à un travail collectif qui est la base même du fonctionnement de l’Académie.