Le syndrome du Titanic ?

SyndromeduTitanic
Crue de la Nive et de l’Adour fin janvier 2014

C’est le titre du dernier bouquin de Nicolas Hulot, il nous explique que tel les passagers du fameux paquebot, nous fonçons dans la nuit noire avec l’égoïsme et l’arrogance de ceux qui sont convaincus d’être “maîtres d’eux-mêmes comme de l’univers”.

Pourtant on n’a jamais autant parlé de développement durable, de transition énergétique ou écologique et nous filons voile au vent vers la conférence de Paris. Mais au quotidien, il demeure toujours aussi difficile de plaider pour une inscription concrète de ces concepts au coeur même des politiques publiques ou des projets.

Le “vert” c’est le minimum que l’on s’assigne quand on a inscrit tout le reste…

Imaginer de nouvelles constructions, des réhabilitations sans commencer par se poser la question de l’énergie à ne pas dépenser me paraît inimaginable, dessiner le territoire de demain sans en repenser les équilibres et les différentes centralités correspond à un logiciel dépassé qui nous conduira à de grandes désillusions !

Nous avons sous les yeux le résultat de plus d’un siècle de saccages, nous connaissons des pollutions d’une extrême gravité qui ont des conséquences dramatiques sur la santé des humains que nous sommes, nous constatons la diminution de toutes les ressources, et nous ne pouvons plus nier les dérèglements de plus en plus visibles du climat.

Mais le déni le plus absolu plane encore sur nos comportements individuels ou collectifs et notre foi en un “progrès” qui nous permettait de ne pas changer de braquet est inébranlable !

On piétine, on moque les initiatives qui tendraient à bousculer l’ordre établi, et on se prend à rêver de vagues artificielles, de trains à vive vitesse qui permettraient une véritable intensification du tourisme… De la côte landaise à la basque, il y a de surprenantes idées dans les cartables des élu-e-s !

Et, c’est bien cela se considérer comme “maîtres de l’univers”, persister à croire que l’on peut tout domestiquer sans en payer les conséquences!

Les élections sont à cet égard assez parlantes. La lecture attentive des professions de foi vaut son pesant de cacahuètes…. Bien sûr on y voit surgir l’inévitable développement durable, la nécessité des transports en commun, ou autre tarte à la crème ! Mais dans la réalité quel est le bilan écologique de la majorité sortante, de celle qui l’a précédée ? Ce sont des questions que nous sommes légitimes à poser, mais au-delà, ce sont aussi des critères qui doivent guider nos choix, si tant est que nous puissions trouver dans cette littérature de véritables convictions pour changer le modèle de société.

“Faire mieux avec moins”, c’est le défi que nous devons relever et il est juste de dire que parfois la crise économique vient au secours de la crise écologique et qu’il m’arrive de m’en féliciter… Certaines folies sont remisées dans le placard aux oubliettes par absence de financement et le bon sens triomphe par défaut.

C’est vrai qu’il n’est pas évident de passer de la vanité à l’humilité pour des humains qui ont fait de la planète leur terrain de jeu. Je ne sais pas s’il faut en sourire mais le mot qui est le
plus difficile à faire inscrire dans un document est encore “sobriété”, comme si cette insertion constituait un renoncement violent au droit de faire dans le toujours plus. Si vous tenez à faire un fiasco dans une assemblée, il suffit de prôner la nécessité d’un territoire sobre et durable pour générer une belle levée de boucliers et pourtant c’est la seule façon de laisser
aux générations futures autre chose que la somme de nos faillites !

J’ai souvent l’impression bizarre d’appartenance à une secte, un cercle d’initiés qui radotent un peu entre eux et qui voient comme imminent l’avènement d’un monde différent. Dans les différentes conférences nationales ou internationales finalement on soliloque en cercle restreint mais ceux qui sont à convaincre ne sont jamais présents. La connaissance doit être vécue comme un danger et au final on se heurte de façon constante à une ignorance stratosphérique qui nous maintient dans un monde fini. De la même façon, il reste quasiment impossible d’avoir accès aux médias; ils sont friands de politique politicienne mais n’accordent que peu de place à aux actions menées sur le terrain en faveur de l’écologie.

Le dossier des déchets en est un vrai symptôme, à la moindre alerte de riverains frappés du syndrome Nimby (1) c’est la mobilisation générale mais si l’on s’exprime sur les avancées remarquables des tonnes de déchets recyclées en 10 ans, c’est deux lignes dans le canard du lendemain. Et c’est plus que dommage, car c’est bien en encourageant les modifications de changement individuel que l’on gagnera cette bataille immense qui est celle de la trop grande production de déchets !

Le 23 avril pour le Forum 21, nous aurons le plaisir d’accueillir à Bayonne pour une conférence sur le climat Jean Jouzel, membre du GIEC (2), co-prix Nobel de la Paix.

Espérons que cela n’intéressera pas que les convaincus !

(1) Not In My Back Yard : pas dans mon jardin. (plutôt chez le voisin..)

(2) Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du climat

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2 réflexions sur « Le syndrome du Titanic ? »

  1. Et si dans cette incompréhension générale, temps du chacun pour soi de la cooptation et des systèmes de réseaux, le plus grand nombre se sentait éloigné, mis de côté? Déni de réalité des politiques, écoeurement des électeurs (de moins en moins nombreux ou concernés) et jamais sollicités pour un dialogue ou un véritable échange. Car les réunions publiques annoncent doctement et ne construisent rien « ensemble »! Oui un autre monde vient, pas faire mieux avec moins, faire bien avec ce que l’on a! Les élus ne sont pas « représentatifs » sinon seulement de leurs privilèges et de leur postes à préserver coûte que coûte.
    Une autre forme de penser la vie vient lentement, calme et si évidente face à des dogmes dépassés.
    Encore OUI un nouveau paradigme….question de temps. JFS

  2. Les élu-es sont comme la majorité des citoyens et citoyennes un peu dans le déni. .ce ne sont pas des sujets faciles et les oppositions aux changements sont immenses ! Chacun ses responsabilités mais nous sommes dans l’urgence et plus que jamais. C’est ce que nous allons tenter d’expliquer au Forum 21 le 23 avril, car si l’opinion publique bascule et soutient leurs représentants risquent de mieux entendre…merci de votre réaction. Martine Bisauta

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