Les élections cantonales 2011 se sont définitivement closes avec l’élection jeudi dernier de Georges Labazée à la Présidence du Conseil général. Malgré l’engouement des médias pour cette victoire historique de la gauche dans les Pyrénées-Atlantiques, il est plus à souligner que le grand gagnant ou plutôt la grande gagnante de ces élections a été l’abstention. En Pays Basque, elle a été très importante en milieu urbain à l’image d’un Max Brisson réélu à Biarritz avec un taux d’abstention culminant à 65,73 %. Beaucoup accusent la désillusion de notre société en nos représentant(e)s politiques, il paraît plus judicieux de dire que nos concitoyen(ne)s, même abertzale, n’en ont rien à faire d’aller voter pour un conseiller général dont ils ne connaissent ni la fonction, ni l’institution dans laquelle il siège. Il est donc important de relativiser les sondages réalisés aux sorties des urnes qui donnaient le PS et le FN au deuxième tour des élections présidentielles. En prenant en considération la masse importante d’électeurs qui n’a pas voté, tous les scénarios sont encore possibles, même celui de la victoire de l’UMP.
Iparralde, le bastion de la droite
Après 220 ans de leadership politique de la droite, le département des Pyrénées-Atlantiques bascule, enfin, à gauche… Pour les abertzale de gauche comme moi, cette constatation sonne bien faux! Effectivement, en Béarn si la gauche compte 21 élu(e)s (19 PS + 2 DVG) contre 10 élu(e)s pour la droite (8 F64 + 2 UMP), en Iparralde ce rapport de force est bien autre: la gauche ne totalise que 7 élu(e)s (tous du PS) alors que la droite totalise 13 élu(e)s (8 élu(e)s F64 + 5 élu(e)s UMP).
Iparralde reste un solide bastion inamovible de la droite. Malgré les scandales et les crises médiatiques qui secouent le gouvernement et la droite dans son ensemble, ce penchant politique persiste et signe chez nous. Sur le blog de la République des Pyrénées, dans les commentaires, on pouvait lire: «Ce n’est pas pire qu’avant, avec la droite dominante venant du pays basque et des subventions qui arrosaient généreusement la partie ouest du département…» ou encore «Les Basques n’ont qu’à voter à gauche…».
Ce que suppose l’élection de la gauche
Le Conseil général est une énorme machine administrative avec de nombreux postes clés tant au sein du Conseil général même qu’au sein de multiples autres institutions, syndicats et associations. Sa représentativité dans bon nombre d’organes décisionnels est considérable. Le Con-seil général a des yeux, des oreilles et des droits de vote partout. Effectivement, le premier travail de la nouvelle majorité sera de remplacer les titulaires de ces postes stratégiques pour y faire entrer leurs proches. Ces derniers seront les garant(e)s d’une certaine sécurité politique dans la mise en place de «nouvelles» orientations. Ils seront, en quelque sorte, des courroies de transmission dont la loyauté est affirmée. Ainsi, par exemple, on entend de-ci de-là que Max Brisson serait remplacé par Frantxoa Maitia à la présidence de l’Office public de la Langue Basque.
La perte de l’influence de la droite va être considérable au niveau des Pyrénées-Atlantiques mais surtout au niveau d’Iparralde où les pro-socialistes vont investir tous les postes stratégiques et décisionnels, sans parler de la perte de la manne financière. La défaite de la droite en devient doublement plus cuisante, lourde de conséquences et dangereuse pour la défense du bastion.
Une institution territoriale spécifique Pays Basque est-elle la solution pour la droite?
Comment accepter de perdre autant de privilèges politiques et économiques alors que cette tendance droitiste est majoritaire sur ce territoire? Certaines personnalités, comme Jean-Jacques Lasserre, ont déjà compris l’intérêt de la revendication d’une institution territoriale spécifique au Pays Basque. Il écrivait à EH Bai: «doit-on oui ou non accorder le pouvoir au niveau local pour décider par nous-mêmes? Après un certain nombre d’expériences et de par le vécu qui est le mien je dis sans ambages: oui». D’autres rejoindront peut-être cet opportunisme politique afin de récupérer l’influence et le pouvoir perdus. En tout cas, Max Brisson lui, écrivait toujours à EH Bai, que le groupe UMP par le biais d’un chantier du Conseil des élu(e)s explore trois voies sur la territorialité: le maintien du pays, une structure propre (établissement public) avec des compétences déléguées et une institution spécifique.
Il reste à voir si l’enjeu géopolitique d’une institution spécifique en vaut vraiment la chandelle. La droite est-elle prête à faire un pas politique dans cette direction là? Comme le disait Maurice Druon: «les honneurs sans le pouvoir sont les pierres tombales de nos ambitions». La question maintenant est de savoir ce que la droite est prête à faire pour retrouver le pouvoir rapidement?