Le 14 janvier a été une grande réussite. Les 220 places de la grande salle de réunion étaient bien insuffisantes pour contenir la foule qui s’était pressée à Ainhice-Mongelos. L’anniversaire de Euskal Herriko Laborantza Ganbara est un moment fort dans l’agenda du Pays Basque. L’intensité de l’assemblée permet à tous de recharger ses batteries. Chacun a la conviction, par le soutien qu’il apporte à EHLG, de contribuer à une agriculture plus humaine, plus viable et plus vivable, plus attractive et plus paysanne.
Du blè panifiable
Après avoir rappelé les principales actions menées par la structure, comme chaque année, deux dossiers ont été approfondis: cette année, il s’agissait de la réalisation du référentiel en agriculture paysanne et la mise en place de la filière farine du Pays Basque. L’objectif du référentiel est de montrer que l’agriculture paysanne est bien présente dans tous les territoires du Pays Basque, dans toutes les productions, dans toutes les formes d’agriculture: vente directe ou circuits longs, bio ou non bio; c’est elle qui constitue le socle de la vie agricole de nos communes; par sa dimension multifonctionnelle elle apporte une véritable valeur ajoutée à l’ensemble du territoire; elle seule peut conforter l’attractivité du métier en terme de viabilité et de vivabilité. Pour ce qui est de la filière farine du Pays Basque, menée dans le cadre de la participation d’EHLG au cluster Uztartu, elle s’inscrit dans cette nécessité de relocaliser les productions en fonction des besoins de consommation locale. L’expérience menée dans ce domaine a prouvé qu’il est possible de produire ici du blé panifiable. La participation des minotiers et des boulangers dans la filière en construction montre qu’il y a une volonté unanime, à partir du blé local, et du savoir faire des artisans, de fabriquer un pain local spécifique. Cette production de blé panifiable connaîtra un développement intéressant en 2012. Dans le même esprit et objectif, un travail sera entamé dans le domaine de la viande bovine; une étude sur l’état des lieux menée par EHLG arrive à son terme et servira de support pour réfléchir à des initiatives à entreprendre en la matière.
Augmentation de l’autofinancement
La longue assemblée s’est poursuivie avec la présentation des projets pour 2012, des comptes de résultats de l’année écoulée qui mettent à nouveau en évidence le soutien important et vital des bienfaiteurs, mais aussi l’augmentation régulière de la part d’autofinancement avec, en particulier, les prestation de services. Dans le débat général, l’actualité a eu une large place, avec les disfonctionnements de la filière lait de brebis et la douloureuse affaire de la CLPB (Coopérative Laitière du Pays Basque). En échos à la détermination très forte exprimée par les paysans, les nombreux élus ont exprimé leur soutien aux producteurs et à la préservation d’un outil économique local, et se sont engagés à intervenir rapidement.
En conclusion, les deux raisons d’être d’EHLG ont été rappelées.
Le travail sur la préservation du foncier agricole, et de sa répartition la plus équitable possible entre les paysans en particulier en direction des hors cadre familiaux… Le travail sur la préservation de la qualité bactériologique de l’eau ou sur la réduction des besoins en eau par le développement des cultures économes et des rotations… La transmission des exploitations et l’installation des jeunes… La relocalisation des productions en adéquation avec les besoins alimentaires locaux… La valorisation des ressources abondantes localement, comme l’herbe ou l’espace montagnard… La préservation de la biodiversité cultivée et élevée, ou naturelle… toutes ces thématiques qui se retrouvent dans les axes de travail d’EHLG, c’est l’agriculture paysanne! Et cette agriculture paysanne et ceux qui sont dans cette démarche doivent être valorisés et soutenus pour qu’ils puissent résister aux vents libéraux, productivistes et industriels de plus en plus agressifs! Cette agriculture paysanne nécessite également le soutien des politiques agricoles qui doivent répartir l’argent public pour le développement d’une agriculture d’utilité publique.
Un cadre institutionnel
Si le cœur du métier d’EHLG est l’agriculture paysanne, il est aussi un acteur social engagé dans la construction du Pays Basque, et revendiquant à ce titre un cadre institutionnel pour ce territoire. Il se positionne pour une collectivité territoriale Pays Basque avec ses compétences propres et sa déclinaison pour l’agriculture, secteur dont la gestion est très administrée. La réalité agricole d’un territoire est la résultante de deux déterminants majeurs: l’implication des acteurs de terrain, et nous en sommes, mais également les orientations et décisions prises dans les instances officielles sur la répartition des aides, droits à produire, foncier, financements, etc., etc. Le Pays Basque n’a pas cet outil essentiel, et le paysage agricole basque est dessiné par des instances, des pouvoirs et des majorités professionnelles qui nous échappent et qui sont contraires au projet local. Cet exigence d’un cadre de compétence au Pays Basque est une des conditions de relations équilibrées et respectueuses avec tous les autres territoires. Le débat initié au sein du Conseil des élus et du Conseil de développement, la mobilisation de Batera, le débat sur la réforme des collectivités territoriales, la fin des Pays, la réflexion engagée par le Sénat sur l’organisation territoriale et les prochaines échéances électorales présidentielles et législatives qui mettront cette question au premier plan, sont autant de conditions réunies en même temps pour enfin cueillir un fruit qui a longuement mûri.