Décroissance
ou croissance
L’université d’été du Medef avait —cela a été repris dans un
éditorial de l’Usine Nouvelle (à qui on ne peut reprocher des a
priori gauchisants ou altermondialistes)— invité des membres du parti
Europe Ecologie pour des dé-bats sur la croissance.
Bien fou, sans doute, celui qui pourrait penser que les 50 années qui
vont se dérouler sous nos yeux, seront comparables aux 50 années qui
viennent de se passer dans la dernière partie du millénaire. La foi
inébranlable dans le progrès technique (que mes parents évoquaient, à
maintes reprises, dans mon adolescence, au cours des années 60),
n’était pas mise en doute par les réelles prou-esses d’un monde en
phase de conquête (j’avais 17 ans lors de la conquête de la lune et
je m’en souviens encore).
Le globe était sans limite, la science devait tout résoudre et
assurer le bonheur à l’humanité…
Ce n’est plus la situation actuelle, et nous avons tous, maintenant,
compris que la ressource maritime est en péril, que le climat se
réchauffe, que les espèces animales et végétales disparaissent, que
la richesse mondiale est de plus en plus mal répartie, et que le
bonheur n’est pas forcément l’accumulation de biens…
Deux sujets d’actualité liés
à des décisions de l’Etat
La pêche du thon rouge sera interdite (après une ou deux campagnes à
venir). La décision courageuse pour certains, tardive pour d’autres,
scandaleuse pour certaines familles de pêcheurs «embarqués» sur des
investissements poussant au toujours plus, était attendue par
l’Europe, mais aussi par le bon sens. Le Grenelle 2 de
l’environnement et l’Europe poussent maintenant sur une pêche de
qualité (tournant le dos à volume important/prix bas). Les combats
d’il y a quelques années sur l’usage des pélagiques redeviennent
d’actualité. Une permanente est à pied d’œuvre, sur le port de
Donibane/Ziburu pour développer les opportunités économiques du
fameux Axe 4 européen. Oui, c’est vrai, encore une fois, cette
interdiction sur le thon ne fait pas le distinguo entre les pêcheurs
côtiers artisanaux et les gros, c’est vrai aussi que les bateaux
usines japonais continuent allègrement d’écumer les mers, et que des
requins se font toujours mutiler par des pêcheurs chinois sans
scrupules. Mais les Bas-ques doivent-ils faire les fiers d’avoir
décimé la baleine (balea bascensis) qui pullulaient à quel-ques
encablures de nos ports (témoins les plus de 10 blasons des ports de
Biarritz jusqu’à Bilbao)?
L’Etat a aussi maintenant pleinement compris (a-t-il voulu faire
semblant de ne pas l’avoir compris avant?) que la raison essentielle
de la prolifération de l’algue toxique est la production à outrance
du porc breton (volume important/prix bas) dans les conditions
industrielles poussées. Il décide maintenant, en plus d’une analyse
technique complémentaire (peut-être inutile), des obligations de
revalorisation de lisier (méthane), des mises en place de baisse
réglementaire d’usage de pesticides et autres agents. De la même
manière, cette décision tardive pour certains, met en difficulté,
dans certains cas, les responsables d’exploitation engagés sur des
investissements industriels. Un certain type d’agriculture est
dénoncé, clairement. Si la décision de l’Etat vient tard, que dire du
système de la filière porc dont les acteurs : syndicat agricole,
banque liée au monde agricole, producteur d’aliment, d’engrais et
d’amendement, filière aval de commercialisation, n’ont jamais voulu
se poser la moindre question sur le bien fondé de ces concentrations.
De la même façon qu’il n’y a pas pire que le dernier mort d’une
guerre, quel est le dernier jeune agriculteur breton qui a bénéficié
de son prêt, cette année ou l’année dernière, pour faire son projet
de production de porc industriel…
Les produits agro-alimentaires et le fret
Sans vouloir alimenter le débat sur la 2e voie LGV, si les volumes de
fret sur ces marchandises, attisés par la course au produire vite, en
gros volume et pas cher, avaient connu une forte augmentation dans
les années passées, il est probable que les nouvelles habitudes du
consommer plus proche et plus durable vont inverser cette tendance.
Un des ateliers du Garapen kontseilua n’évoque-t-il pas en piste
d’amélioration du développement durable en Pays Basque «la stratégie
de développement de la nature en ville», «la préservation de
l’agriculture périurbaine», «le référentiel nature en ville, espace
agricole à restaurer», etc.
Il y a fort à parier que c’est la fin de l’expansion de la fraise qui
vient de loin, produite hors sol, très grosse, très belle, sans goût
et produite à gros renfort de pesticide par des salariés à bas
salaire (car on en viendra aussi à produire équitable)…
Déjà les «amaps, les marchés, les gie» durables sont à nos portes, et
la différence de prix n’est plus un argument excluant.
Nota : Concernant EHLG, sans doute que le numéro de cette semaine
racontera la journée du 18 à Pau. Sachez, de toute façon, cher
lecteur, que la chorale Bihotzez de Getari a créé un chant sur ce
sujet, voici un dernier scoop (après avoir enfoncé peut-être trop de
portes ouvertes)…