Après mon article inhabituel sur le thème rugbystique, je vous propose, cher lecteur, un autre article qui, a priori, risque d’être aussi éloigné des préoccupations du lectorat d’Enbata, mais qui se révèle de circonstance, celui des élections de la Chambre des Métiers (CDM), qui aura lieu en ce mois d’octobre.
Eloge de l’artisan, du fond du cœur
Les artisans sont les derniers chevaliers de l’économie des temps modernes. Ils sont responsables (au sens de St Exupéry «Terre des Hommes») de la destinée de leur entreprise: ils en remplissent toutes les fonctions, chapeau bas! Ils cherchent des clients, font des devis, font exécuter le travail (et bien souvent l’exécutent eux-mêmes), forment des ap-prentis, encaissent les paiements, font la comptabilité et le courrier de leurs entreprises (pas toujours, mais quelque fois), rédigent ou font rédiger les bulletins de salaires (dans l’Hexagone, un bulletin de salaire comporte pour les plus simples, 17 lignes différentes, dont l’utilité économico-sociale m’a toujours échappé), respectent et font respecter le code du travail (dont la simplicité n’est pas la première qualité), mais aussi toute la réglementation (sécurité, hygiène, environnement), etc. Sur le seul aspect social, il y a fort à parier qu’il est impossible pour un artisan d’être à 100% à jour, vis-à-vis de la loi, alors qu’une entreprise de 250 personnes a déjà du mal à interpréter, comprendre, et mettre en place le seul code du travail, avec pourtant un service social et un DRH…
Les artisans sont 900.000 dans l’Hexagone, avec 3.000.000 de salariés. Dans le 64, ils sont 13.000 pour 30.000 salariés… Pour les élections de la CDM, 2.500 seulement expriment un vote (moins du quart des inscrits). La répartition des inscrits est la suivante: bâtiment: 5.766, services: 3.841, fabrication: 2.159 et alimentaire: 1.323.
Historiquement, on se trouve devant un monopole (de fait) de gestion par les organismes actuels depuis très longtemps: l’UPA (l’union professionnelle artisanale). Mais depuis deux mandats, deux mem-bres d’Ofizialeak (J-J. Etxeberri et S. Zudaire), sont élus très minoritaires sur une liste concurrente.
On peut observer, depuis les deux dernières élections (période de 10 ans, car le mandat de la CDM est de 5 ans) un grignotage des voies de l’Upa: il y a deux élections l’Upa récoltait 73% des suffrages, l’autre liste 27% et aux dernières les plus récentes, l’Upa 62% et l’autre 38%.
Une année clé
Cette année sera pour plusieurs aspects à considérer comme année clé. Tout d’abord car les listes ne seront pas constituées, comme avant, par secteur (batiment, service, etc.), mais seront uniques: 35 noms couvrant les 4 secteurs des inscrits. De plus, pour cause de réforme territoriale, les 17 premiers élus (au niveau de l’Aquitaine) seront aussi les représentants de la CDM 64, à la région.
Cette année, Lantegiak a pris la décision de soutenir officiellement la liste d’opposition à l’actuelle majorité, après une réunion interne du mois d’août, et après l’exposé de l’ancien Président qui appartenait à la liste majoritaire et l’exposé des deux élus Ofizialeak minoritaires. Une liste d’opposition s’est donc constituée et dans cette liste, les candidats issus de Lantegiak sont 5 sur les 35. L’un de ces 5 candidats Lantegiak est en position de Présidence de la CDM (si la liste passe, bien entendu!), il possède l’accord des autres formations CGPME et FFB…
Cette année aussi, la CGPME a intégré cette liste d’opposition et elle apporte son soutien logistique. Il y aura donc deux listes: l’une de l’UPA (union professionnelle des artisans) et la liste commune CGPME + FFB (fédération française du batiment) + Lantegiak.
Quels arguments
pour cette liste d’opposition
Un désaveu à confirmer à l’UPA qui a signé avec les syndicats CGT, CFDT, FO, CGC et CFTC, une mise en place d’une taxe de 0.15% sur la masse salariale de chaque employeur (soit 11 millions d’euros qui vont dans les caisses de l’Upa), pour mettre en place des commissions paritaires concernant toutes les entreprises (y compris celles qui font moins que 10 salariés) une vision d’économie de moyen entre les chambres consulaires CCI et CDM pour mener des actions en commun et ne pas faire de doublon (on le sait une forte proportion d’entreprises, y compris dans Lantegiak, relèvent de ces deux organismes consulaires), et au niveau de la lisibilité des actions, cette mise en commun s’avère plus qu’indispensable. La liste Upa est foncièrement contre ce rapprochement. Une stratégie de développement de l’artisanat mieux pensée, plus compréhensible, plus protectrice (vis-à-vis des auto-entrepreneurs, par exemple) et plus volontariste sur la formation. Une tentative de vision plus territoriale, surtout défendue par Lantegiak et en partie par la Cgpme (marque territoriale, cluster agro-alimentaire, cluster bâtiment travaux publics, cluster tourisme, etc.)
Un souhait de gestion plus transparente et plus efficace (actuellement 80% du budget de fonctionnement de l’actuelle CDM est du paiement de salaire de permanents ou vacataires, on voit par là que les marges de manœuvre sont faibles et cela laisse un doute sur la capacité future de faire face aux postes de dépenses de fonctionnement de l’université des métiers et de la future chambre (nouveau bâtiment 21 millions d’euros de coût, paraît-il?).
Certaines décisions doivent servir l’emploi et le mieux vivre en Iparralde. Certains artisans, pro-ches de nous par la vision de l’homme et du devenir, s’investissent dans une liste qui veut changer la situation actuelle, pensez-y et essayer de convaincre ou d’évoquer le sujet avec les nom-bres responsables de petites entreprises, artisans ou commerçants qui vous entourent. Les seuls combats perdus sont ceux qui ne sont pas menés…