Zone d’enquête réalisée sur 37 secteurs d’habitation sur Pays Basque et sud des Landes (350.000 habitants). 1.111 ménages interrogés par échantillonnage au sens socio-démographique (taille du ménage et catégorie socio-professionnelle). 41 produits de consommation courante (8 alimentaires, 33 non alimentaires) recueil de 35.308 actes d’achat entre octobre et novembre 2010, détails intéressants à trouver dans le site de la CCI: www.bayonne.cci.fr
Quelques résultats intéressants
Il ne s’agit pas ici de résumer un travail dense, mais de donner l’envie à chacun d’aller chercher de l’information complémentaire sur les actes d’achat en Pays Basque.
Evolution du nombre des ménages: 165.893 ménages en 2011 (+11% entre 2006 et 2011), avec le sud des Landes et la ceinture Hazparne, Ustaritze, Bardoze, Hiriburu, Bidarte et Senpere à plus de 14%, l’intérieur et BAB n’augmentant que très peu.
Potentiel de dépense en 2011 à 2 milliards d’euros: alimentaire 48%, hygiène/beauté 7%, culture/loisir 8%, équipement de la personne 13% et de la maison 24%, soit sensiblement la même répartition que dans l’hexagone.
Répartition des parts de marché selon les modes de commercialisation entre commerces de moins de 300 m2, grandes surfaces (dont hypers, supers, hard discounts, et autres) et autres formes de vente: l’avalanche de chiffres serait un peu pénible à lire, retenons simplement que la répartition comparative selon les deux types de produits (alimentaires ou non) avec le reste de l’hexagone est pratiquement similaire. Si pour l’alimentaire les % commerces de moins de 300 m2/grandes surfaces est de 17%/76%, ces % deviennent 28%/66% pour les produits non alimentaires.
Les chiffres surprenants
sur l’évasion de chiffre d’affaire
Ils concernent les achats effectués hors du Pays Basque et, à contrario, les apports extérieurs. Il y a 1.8 milliards d’euros réellement commercialisés. Par différence avec le potentiel évoqué au paragraphe précédent, ce sont 208 millions d’euros au total qui s’évadent du Pays Basque. Pour le cabinet qui a fait cette étude avec les permanents de la CCI, c’est peu: environ 10%, alors que dans d’autres régions comparables on peut atteindre 13%.
La répartition de cette évasion est intéressante: alimentaire 9%, non alimentaire 12%.
Un tableau plus détaillé décrit le % d’évasion par type de produit et la masse de Ke concernée: ainsi, par exemple, le pire comme le prêt-à-porter féminin 21% d’évasion pour 13.000 Ke, le moindre comme les produits d’entretien 4% d’évasion pour seulement 1.500 Ke. On peut citer aussi d’autres secteurs à forte évasion: maroquinerie, linge de maison, mobilier, appareils tv, hifi, photo…
Comme nous pouvions le penser, sur 84 Me d’évasion alimentaire, l’Espagne rafle 64% (dont Dantxarinea 29%) et sur 123 Me d’évasion non alimentaire, la vente à distance représente 38% (dont internet 28%).
Les apports extérieurs
La bonne nouvelle est que les apports extérieurs sont plus du double de l’évasion: 503 Me. Le tourisme prend la part belle de ces apports avec 88%, soit 441 Me. Dès lors, il est normal que les cafés hôtels et restaurants viennent en tête des récipiendaires de ces apports avec 209 Me. Viennent ensuite les grandes surfaces spécialisées avec 69 Me, puis l’alimentaire 51 Me etc.
L’effet frontière
La balance apparente avec la frontière est mauvaise: 189 Me s’évadent et 63 Me rentrent en Iparralde. Mais à regarder les chiffres de plus près, 147 Me évadés concernent les alcools 38%, le tabac 67% et l’essence 27%. La balance hors ces trois types de produits est positive de 21 Me. L’harmonisation des taxes au niveau européen combinée à une lutte antitabac et au souci de l’Etat espagnol de récupérer de l’argent pour financer ses déficits, va, dans le futur, aller dans le sens d’un rééquilibrage.
Conclusion
L’intérêt de cette étude est certain et je vous engage à la parcourir. Elle n’est cependant pas assez fine, et, c’est normal, au vu des volumes, pour décrire les comportements encore marginaux (comme l’ensemble des circuits directs). Elle reste aussi particulièrement neutre sur les capacités supplémentaires d’implantation de gros centres type Ikea. Pour les tenants de l’implantation, c’est un million de clients potentiels qui sera attiré et, les retombées annoncées sur le commerce d’Iparralde seraient supérieures à 30% des chiffres d’affaire actuels. Rien n’est moins sûr! Quid des locataires de ces super galeries marchandes prisonnières du capitalisme financier et immobilier? Appartiendront-ils à des commerces indépendants ou seront-ils apparentés à des chaînes?
Autre considération
Il serait aussi utile, mais beaucoup plus complexe de quantifier la part de fabrication intra territoriale sur les 1.8 milliards d’achat (au prix de vente). Quelle est l’origine géographique du produit et comment participe-t-il à des salaires versés en Pays Basque hors ceux de la commercialisation? Ceci est une autre histoire, mais, sans doute, aussi intéressante. Combien représenteraient les produits made in EH, surtout concentrés sur l’agro-alimentaire ou les services, comme les hôtels?
Cher lecteur, je vous laisse sur votre faim…