Même si les élections législatives espagnoles ne constituent pas, en soi, un rendez-vous aussi favorable que celui des élections locales et provinciales qui suscitent une forte mobilisation de notre base sociale, la principale donne qui a émergé du scrutin du 20 no-vembre en Hegoalde a encore été celle des bons scores d’Amaiur. En particulier, ce pôle indépendantiste de gauche peut prétendre aujourd’hui remettre en cause
le leadership historique du PNV dans le camp abertzale. Prochain rendez-vous maintenant: les élections autonomiques de Gasteiz. A l’heure où l’Etat espagnol se retrouve dans la conjoncture économique et politique la plus mauvaise qu’il ait connu depuis l’après-franquisme, cette poussée du courant souverainiste en Euskal Herria augure de temps qui vont être très difficiles à gérer pour Madrid. Après plus de 40 ans de lutte armée d’ETA, gageons que M. Rajoy doit être en ce moment même en train de méditer sérieusement sur la question de savoir lequel du projet indépendantiste basque et de celui d’une Espagne «una y grande» est aujourd’hui le plus à bout de souffle… En tout état de cause, la conviction selon laquelle la voie tracée ces dernières années est la bonne en ressort renforcée: la machine à gagner du camp abertzale, c’est le travail en commun et l’accumulation des forces entre les différentes sensibilités abertzale de gauche. Et ce qui est vrai pour Hegoalde l’est aussi, à fortiori, pour Iparralde. A cet égard, l’Assemblée générale d’Abertzaleen Batasuna vient de se prononcer en faveur d’une candidature d’Euskal Herria Bai pour les prochaines élections législatives. C’est une décision dont, personnellement, je me ré-jouis car elle va dans le bon sens en donnant la priorité au travail en commun entre abertzale. Au-delà de nos chapelles et de nos étiquettes qui configurent un «magma» incompréhensible pour le commun des mortels en Iparralde, il nous appartient à tous, de faire d’EH Bai une référence politique audible, visible et incontournable. Cela implique de dépasser le fonctionnement actuel, notamment en octroyant aux militants non encartés dans AB, Batasuna, ou EA, la possibilité de participer pleinement aux débats et aux décisions électorales fondamentales du mouvement abertzale. En particulier, nos stratégies en matière d’accords électoraux doivent être définies et arrêtées au sein d’EH Bai en appliquant à nous-mêmes les principes de démocratie participative que nous prônons dans nos programmes. C’est ainsi que nous progresserons. Mais au-delà du seul travail en commun dans le champ électoral, un peu à l’image de ce qui a été réalisé en Hegoalde, il est nécessaire que nous travaillions en Iparralde à l’élaboration
d’un accord de travail en commun global rassemblant les différentes sensibilités abertzale et de gauche. La construction nationale, la revendication institutionnelle, le processus de résolution du conflit, les luttes sociales rendues indispensables pour faire face aux rapports de forces économiques exacerbés par la crise actuelle: tous ces chantiers ne pourront être menés de façon efficace et générer une accumulation de forces que si nous les gérons ensemble. Il est maintenant temps que le mouvement abertzale progressiste d’Iparralde contribue lui aussi pleinement à cristalliser la nouvelle donne politique qui est en train de prendre forme en Euskal Herria.