Ce qu’il se passe à Notre-Dame-des-Landes concerne directement tous ceux et celles qui luttent pour qu’un autre monde soit possible. Dans le cas NDDL comment imaginer une instance organisatrice neutre favorisant la bonne information des citoyen-ne-s sur l’impact du projet, son coût financier, écologique, les alternatives possibles etc, quand on sait que des rapports défavorables au projet ont été systématiquement mis sous le boisseau?
A la croisée de problématiques diverses: environnement, changement climatique, modèle de développement, intérêt antagonique des grandes entreprise et des populations, irresponsabilité et duplicité des dirigeants politiques, le combat de Notre-Dame-des-Landes, devenu emblématique, insuffle de l’énergie à chacun-e.
Il renouvelle des formes de lutte qui rappellent le Larzac, Plogoff et d’autres combats victorieux et donne naissance à de nouveaux symboles et référents comme la ZAD, espace de désobéissance civile et d’insoumission depuis plusieurs années, sigle détourné dont le nouveau signifiant a remplacé l’ancien fort peu connu, au point de donner désormais des sueurs froides à tout aménageur potentiel.
La ZAD constitue d’ores et déjà un bien commun des luttes et NDDL est devenue une affaire d’État, où se joue la crédibilité des dirigeants et des institutions.
Un véritable guêpier où l’alternative se résume à : assumer ses positions pro-productivistes, pour un État fort, une politique musclée, ou bien reconnaître que ce genre de projet n’est plus défendable aujourd’hui et désavouer tous les caciques locaux du PS.
En l’absence de décision, un lapin sort du chapeau: un référendum !
Il est absurde de soumettre à référendum une question dont on connaît pertinemment les conséquences négatives. Plus personne ne nie que le transport aérien contribue fortement à l’effet de serre (même s’il n’en est pas fait mention dans l’accord de la COP 21). Construire un aéroport supplémentaire sur un territoire comme la France qui en compte déjà 120 c’est donc miser sur le développement du transport aérien et donc tourner le dos aux belles déclarations du 12 décembre dernier à Paris.
Absurde
Un référendum sur ce projet revient à demander: “êtes-vous pour ou contre le réchauffement climatique ?” Absurde ! Du point de vue juridique ce référendum semble source de difficultés majeures et de nombreux recours (mais c’est peut-être un objectif non avoué pour retarder les choses et la décision politique). Quelle instance institutionnelle peut-elle l’organiser, compte tenu qu’il s’agit d’un projet “d’intérêt général” soutenu par l’État ? Qui doit être consulté ? Les personnes directement affectées par la construction, les habitants du département, de la Région?
Certains présentent le référendum comme une panacée démocratique et sa critique comme une défiance vis-à-vis du peuple. Outre que l’avis majoritaire n’est jamais garant de vérité ou de justice, qu’une opinion majoritaire ne transforme jamais un mauvais projet, une mauvaise idée ou une mauvaise loi en quelque chose de positif (pensons à un référendum gagnant sur la peine de mort par exemple), c’est faire un peu vite abstraction de facteurs largement étudiés qui influent sur le résultat d’un référendum : sous-entendus contenus dans la question, opinion vis-à- vis de l’institution et des dirigeants qui l’organise, contexte politique global.
Personne n’ignore non plus que toute décision collective est une valse à trois temps : information sur le sujet, débat et confrontations des avis et décision finale.
Zapper une des deux premières étapes fait du référendum une pure et simple manipulation politique et discrédite cet outil démocratique.
Profondément insincère
Dans le cas NDDL comment imaginer une instance organisatrice neutre favorisant la bonne information des citoyen-ne-s sur l’impact du projet, son coût financier, écologique, les alternatives possibles etc, quand on sait (cf la tribune des coprésidents de l’ACIPA) que des rapports défavorables au projet ont été systématiquement mis sous le boisseau, que les études ont été falsifiées, bref que toutes les pratiques aujourd’hui bien connues dans tous les dossiers de Grands Projets Inutiles ont été monnaie courante ?
Quid enfin des moyens disproportionnés dont disposeraient les parties en présence ? La Région vient de se payer sur fonds publics (60.000€) une campagne de presse pour inciter les gens à signer sa pétition “évacuons la ZAD”.
Ce référendum est un piège à c… car il est profondément insincère. Pour preuves, le moment où il arrive (dernière étape d’un projet vieux de 50 ans réactivé il y a 15 ans), les circonstances de son annonce (tambouille politique présidentielle pour rafistolage de majorité) et son objectif avoué (apporter une caution à l’État pour une décision coûteuse politiquement dans tous les cas (réalisation du projet comme évacuation), financièrement (coûts de construction sous-estimés ou dédommagement de Vinci en cas d’abandon), humainement (l’échec de l’opération d’évacuation “César” en 2012 et le drame de Sivens sont dans toutes les mémoires).