Il y a quatre ans déjà, je m’étais adressé au locataire de la sous préfecture de Bayonne qui avait fait appel à la vieillotte loi Falloux pour sévir contre les ikastola. L’ikastola ayant réalisé un 100% au bac, j’avais tenu à le souligner pour que, même au sommet de l’administration, l’on sache que nous sommes capables de maîtriser et le basque et le français. Mal m’en avait pris. Le locataire de Bayonne, sans doute offusqué qu’un Basque quelconque se croit autorisé à lui faire la leçon, fit appel à son supérieur hiérarchique de Pau, exilé depuis au milieu du vaste Pacifique.
Celui-ci écrivit immédiatement à notre évêque pour lui demander quelle mesure il comptait prendre contre moi. Le préfet n’avait pas appris à l’ENA, d’une part, que depuis 1905 et la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, les évêques n’ont pas d’ordre à recevoir de la préfecture; d’autre part, que la liberté d’expression est un droit de tout citoyen. La prescription ayant couvert les faits, je puis révéler aujourd’hui que, convoqué à l’évêché, je fus condamné à boire le wisky offert par Monseigneur.
Mais revenons à l’ikastola qui ne cesse de récidiver. En 2014 ce fut un 98,2 %, En 2015 un nouveau 100% dont 58% de mentions. Et voilà que le ministère de l’Education Nationale publie ses appréciations sur l’ensemble des lycées de l’hexagone. Avec 100%, l’ikastola figure dans les 176 meilleurs lycées de la francophonie.
Mais, l’Education Nationale ajoute cette année une nouvelle appréciation appelée “valeur ajoutée” : avec la note 5, le lycée Bernat Etxepare de Seaska n’est dépassé que par 26 des 2300 lycées de Gaule.
Il se trouve donc classé 27ème surpassant les meilleurs lycées du XVIe ou de Neuilly pour ne citer que quelques-uns des plus prestigieux.
En quatre ans, le personnel de l’ENA a été complètement renouvelé chez nous.
Il semblerait que, nouveaux locataires, vous avez compris la valeur de la pédagogie des ikastola : vous ne vous montrez plus aussi tatillons avec des lois datant d’un autre âge. Malgré les pressions que ne manquent sans doute pas de vous faire subir le dernier quarteron des lobbies fondamentalistes indigènes, vous constatez que cette pédagogie est aussi bénéfique pour la langue française que pour l’euskara. Vous vous rendrez rapidement compte que chez les Basques, le dernier imbécile est au minimum
bilingue, basco-français, quand ce n’est pas trilingue avec l’espagnol, ou quadrilingue avec l’anglais, comme mon père : il avait appris ces deux langues au Nevada qui fut sa seule perspective après avoir fait la grande guerre. Combien de Basques n’y sont-ils pas morts, victimes de l’école monolingue à la Falloux autant que des balles allemandes : ils n’avaient pas bien compris les ordres de leur officier !