Il y avait tellement de monde à Espelette ce samedi 11 février que le rassemblement s’est transformé en manifestation. Plus d’un millier de personnes avaient répondu présent à l’appel, et après les prises de parole s’est organisée une marche dans les rues d’Espelette. C’est donc un message très clair qui va remonter de la mobilisation déterminée et pacifique, organisée en moins d’une semaine sous la pression du planning imposé par la très courte consultation publique : les agriculteurs, les professionnels des filières qui font vivre ce territoire, les élus et les habitants du Pays Basque ne veulent pas de ce projet insensé qui met en danger le patient travail pour préserver notre terre, son eau et ses paysages. Les organisateurs de la mobilisation étaient clairs « Si le projet devait continuer, ils nous trouveront sur leur chemin car nous avons la légitimité avec nous« .
Prise de parole de Stop Mines EH et du CADE :
Merci à tous d’être venus, et merci au maire d’Espelette qui a tout fait pour faciliter ce rassemblement.
J’ai le redoutable privilège de prendre la parole en premier au nom des organisateurs. Je me présente, je m’appelle Martine Bouchet, je suis du CADE et de l’association Stopmines-eh qui s’est créée avec comme objectif de stopper ce projet de mines d’or et qui a ici une table d’accueil.
Je vais commencer par citer tous les organisateurs de ce beau rassemblement.
Cet appel a été lancé par :
Le syndicat de défense de l’AOP Ossau-Iraty et les fermiers du Pays Basque en AOP Ossau Iraty
Le Syndicat des Producteurs du Piment d’Espelette,
Xapata pour la cerise d’Itxassou
Euskal Herriko Laborantza Ganbara,
Le syndicat ELB (Euskal Herriko Laborien Batasuna),
B.L.E. (Biharko Lurraren Elkartea),
L’Association des Producteurs Fermiers du Pays Basque – label Idoki),
Inter AMAP Pays Basque,
Bizi !,
le CADE (Collectif des Associations de Défense de l’Environnement),
Stopmines-eh.
Être là aujourd’hui tous ensemble est très important pour espérer donner un coup final d’arrêt à ce projet de mines d’or. Ce projet n’a pas de sens, il correspond à une vision archaïque qui pousse à utiliser toujours plus de matières premières non renouvelables, alors que l’extractivisme a forcement une limite. Quand il n’y en aura plus, il n’y en aura plus !
Notre avenir, c’est de préserver notre terre
Notre avenir, ce n’est pas la mine. Notre avenir, c’est de préserver notre terre. Notre avenir, nous le construisons sans projet minier. Car la qualité de l’air et de l’eau, des paysages, une terre dénuée de pollution sont indispensables aux principaux piliers de notre économie que sont le tourisme, le thermalisme et surtout l’agriculture. L’équilibre de notre territoire est fragile, démarrer une activité minière le met en danger.
La société Sudmine veut ouvrir une ou plusieurs mines à ciel ouvert dans un premier temps, espérant également découvrir un filon ce qui impliquera des travaux encore plus lourds, dévastateurs et dangereux. Ils le disent dans leur dossier, mais ils le nient dans la presse. Mais la seule chose qui comptera c’est ce qu’il y a dans le dossier.
Qu’est-ce que c’est qu’une mine à ciel ouvert ? C’est une surface qu’on creuse, on prend le sous-sol pour la broyer et espérer y trouver quelques grammes d’or par tonne. Quelques grammes par tonne ! C’est à dire une tonne de terre saccagée pour récolter 3 ou 4 grammes d’or.
Et ce sous sol, une fois qu’il a été broyé, trituré, lavé pour en extraire son or, il en reste quoi ? Il reste d’un côté un trou et de l’autre côté ce qu’on appelle des résidus, c’est à dire des amas considérables de terres broyées qui peuvent être de véritables collines. Toutes ces surfaces sont à jamais perdues pour les générations futures. Ces surfaces sont inutilisables pour l’agriculture. La mine va durer à peine quelques années d’exploitation alors que les terres sont perdues pour plusieurs générations.
Sudmine n’empêchera pas l’eau de pluie de tomber
Et la pollution est inéluctable. On remue le sol, et on libère des substances qui jusque là étaient enfouies : des minéraux acides et de l’arsenic le plus souvent. Et cette pollution est entraînée par l’eau de pluie qui tombe sur les résidus. La pollution se retrouve dans nos rivières et dans nos sols. C’est tout le périmètre autour des mines qui est menacé. L’eau des nappes phréatiques est menacée. L’eau de la Nivelle et de la Nive est menacée. L’eau potable des habitants de la Côte puisée dans la Nive est aussi menacée si on ne les arrête pas. Sudmine n’empêchera pas l’eau de pluie de tomber.
Aujourd’hui, il n’y a plus de mines ouvertes en France métropolitaine. Mais toutes les autres mines qui ont déjà été exploitées que ce soit Rouez en Sarthe, Chéni dans le Limousin, Salsigne près de Carcassonne : toutes ces anciennes mines ont un périmètre protégé par des grillages pour que le public n’y rentre pas, car la terre et l’eau sont trop polluées. A Salsigne, dans les 20 communes des alentours ,le taux de cancers du poumon a augmenté de 80% et le taux de cancers du larynx de 110%.
Les riverains n’ont plus le droit d’utiliser leur eau pour arroser leurs légumes, par un arrêté préfectoral, alors que la mine a été fermée il y a plus de 10 ans.
La seule chose de durable dans la mine, ce sont ses déchets.
Alors ici, au Pays Basque, on n’en veut pas de leur mines. Cette demande est incompatible avec les caractéristiques de ce territoire, un territoire qui s’est patiemment construit et qui veut s’engager vers une économie durable, pérenne pour les générations à venir.
On n’en veut pas de leurs mines car en plus, cet or, il ne sert à rien. Il correspond juste à une logique lié à la finance, à la spéculation. Car de l’or, on en a déjà bien assez extrait depuis l’antiquité. Il est dans le coffre-fort des banques, où il y en a plus que dans toutes les ressources connues encore sous terre. Il est dans nos bijoux, et surtout, il est dans tous nos biens usagés. Il faut aller le recycler.
Ce sont des rapports très officiels qui le disent : les filières de réemploi ou de recyclage des métaux sont bien plus porteuses d’activités économiques et d’emplois locaux que tous les projets miniers réunis.
Qui va vouloir porter une croix basque en or qui aura détruit notre territoire
Sudmine dit vouloir créer une filière de «circuit court» de bijoux 100% basque, c’est à dire fabriqués au Pays Basque avec de l’or basque. Mais qui va vouloir porter une croix basque en or qui aura détruit notre territoire ?
On n’en veut pas de leurs mines, et on le dit ici tous ensemble, habitants du Pays basque et professionnels des filières agricoles. Et c’est justement aujourd’hui qu’il est important d’être tous ensemble car notre voix sera beaucoup plus forte.
La consultation publique qui a été lancée, sans être annoncée autrement que sur un site internet que personne ne connaît, est très courte, et uniquement par internet. Aucune annonce n’a été faite aux maires, ni à la presse. Ce sont les associations qui ont fait ce travail d’information. C’est une véritable mascarade qui est un déni de démocratie. Il faut malgré tout s’en saisir comme d’un outil pour montrer par toutes les voies notre opposition. Vous avez à la table d’accueil des infos sur la manière de faire.
Mais ne nous faisons pas trop d’illusions sur cette consultation.
Le principal message, il va remonter d’aujourd’hui, de notre mobilisation pacifique et déterminée, pour envoyer un signal fort : nous ne voulons pas de mines d’or, non c’est non. Et si le projet doit continuer, ils nous trouveront sur leur chemin car nous avons la légitimité avec nous.
Que le gouvernement démine la situation
Je tente un jeu de mots : nous demandons au gouvernement qu’il démine maintenant la situation, qu’il tienne compte de l’avis de la population, des avis négatifs unanimes de tous les maires concernés par le périmètre, de l’avis négatif du ministre de l’agriculture et de nous tous ici, qui disons non.
Nous demandons au gouvernement qu’il donne une fin de non recevoir définitive à ce projet insensé. « URRE MEATZE PROIEKTURIK EZ ! AMALURRA GURE ALTXORRA DA ! NON AU PROJET DE MINES D’OR ! LA TERRE EST NOTRE TRÉSOR ! »
Consultation
Nous devons toutes et tous participer pour montrer à Sudmine notre refus catégorique de l’implantation d’une mine en Pays Basque et que nous nous battrons pour ça ! Pour se faire, cliquer sur le lien suivant : www.stop-mines-eh.org/index.php/actualites/divers/67-consultation-publique-sur-la-demande-de-permis-exclusif-de-recherches-dit-permis-kanbo