Gabi Mouesca d’Harrera répond aux questions d’Enbata.Info sur cette structure d’aide au retour des prisonniers politiques et réfugiés basques. Il souligne l’importance du projet «Askatasun gosez» qui a pour but de trouver des sources de financement pour constituer un fond de soutien pour que de retour au pays les exilé-e-s ou prisonniers-ères puissent être libres. Vous aussi commandez votre panier solidaire des 7 provinces avant le 1er juin (voir comment en fin d’article).
Vous êtes chargé de mission au sein d’HARRERA structure d’aide «au retour» des prisonniers politiques basques et des réfugiés, dans le cadre du processus de paix. Pouvez-vous nous préciser quels sont les besoins principaux pour que les prisonniers et exilés de retour au pays puissent construire leur nouvelle vie dans les conditions les plus dignes ?
Difficile de qualifier ce que sont les «conditions les plus dignes» pour qu’un(e) prisonnier(e) ou un(e)s exilé(e) retrouve sa juste place dans la société. Il y a les éléments objectifs que sont le logement, le travail, une formation professionnelle si nécessaire, un suivi médical, une situation administrative régularisée. Mais l’essentiel ne me semble pas être là. L’expérience nous apprend que l’insertion ou plutôt la réinsertion passe par l’accompagnement bienveillant -sur la durée- du sujet par ses proches, que cela soit la famille, les ami(e)s. Mais aussi se pose la question pour ces personnes passées par la case prison et/ou par l’exil de leur identité politique, citoyenne. Ils/elles ont été des conséquences du conflit, et pour la majorité d’entre eux/elles, leur retour au sein de la société basque représente un choc d’identité militante. Il nous incombe de les accompagner, d’expliquer les raisons des évolutions politiques, leur sens. Et bien sûr, faire le nécessaire pour les insérer -s’ils le souhaitent- dans des structures contemporaines oeuvrant dans le sens de ce qui a été le fondement de leur engagement premier, l’idéal abertzale !
Quels sont les types d’actions que mène HARRERA dans les différents domaines ?
Nous tachons d’apporter des réponses concrètes aux problèmes rencontrés par les ancien(ne)s prisonnier(e)s et/ou des exilé(e)s à leur retour en Iparralde. Pour cela nous avons un petit réseau de bénévoles qui pratiquent l’accompagnement individualisé. Il s’agit de praticiens en activité ou à la retraite qui ont compétence dans les divers domaines touchant à l’insertion globale, qu’il s’agisse du monde du logement, de la formation professionnelle, du soin, etc. Un travail important de régularisation administrative est nécessaire pour chaque cas. S’ajoute à cela, des aides effectives provenant de structures spécialisées dans l’aide aux personnes en difficulté sociale. Je pense là à ATHERBEA ainsi qu’à SOLIHA, avec lesquels HARRERA a signé des conventions de partenariat. Nous soutenons également en amont de leur libération des prisonnier(e)s qui font appel à nous pour constituer leur dossier de demande de libération conditionnelle.
Que permet la campagne de communication «Askatasun gosez» qui a débuté en 2016 ?
«Askatasun gosez» est une source de revenus pour financer l’action d’HARRERA. La plus importante à ce jour. Dans les temps à venir, tous/tes les prisonnier(e)s et exilé(e)s retrouveront Euskal Herri, une foultitude de citoyen(ne)s, d’élu(e)s et d’organisation travaillent à cet objectif. Les besoins en matière de solidarité concrètes pour ces personnes-là sont et seront très importants. C’est pourquoi nous avons vraiment besoin de dons, de soutien financier, pour que nous soyons en capacité d’être à la hauteur de notre action de solidarité. Il s’agit de dignité d’hommes et de femmes qui ont beaucoup donné pour que notre patrie soit respectée. HARRERA, et à travers elle, l’ensemble des donateur/trices, est la main tendue de la société basque à ces militant(e)s.