Le réalisateur amateur Cyrille Martin conteste pied à pied la version judiciaire “abracadabarantesque” du procès relatif à l’attentat de Madrid du 11 mars 2004 attribué à l’islamisme radical. Voici pourquoi son documentaire présenté essentiellement en milieu alternatif/associatif pose question.
L’Université populaire du Pays Basque a vu le jour en 2010 à Saint-Etienne-de-Baigorry. Inscrite dans une longue lignée remontant au XIXe siècle en Europe où le savoir restait l’apanage des classes dirigeantes , pourquoi a-t-elle décidé de diffuser le documentaire de Cyrille Martin Un nouveau Dreyfus ?, projeté dans la petite salle de cinéma Bil Etxea de Baigorri le 15 avril dernier ?(1)
Question posée à Pablo Marticorena, directeur/ animateur de la structure qui est aussi archéologue.
Sa réponse : “Nous l’avons fait dans le cadre de notre ‘Club de la presse’ car il allait bien au-delà de l’attentat de Madrid du 11 mars 2004 lui-même. En fait, il touchait au coeur du fonctionnement des médias. L’idée, c’est que face à une concentration de plus en plus forte des médias et à la défaillance des services publics, se pose une question essentielle : comment quelqu’un qui n’est pas journaliste peut-il exercer son sens critique pour aller plus loin que ce qui lui est dit ? L’exercice auquel Cyrille Martin s’est livré nous avait paru bien mené, démontrant entre autres, qu’il faut du temps et du recul”.
Un bouc émissaire ?
Cyrille Martin n’est pas un professionnel du cinéma. Il découvrit l’horreur du 11-M (désignation de l’attentat de Madrid par les Espagnols) sur son écran TV, comme des centaines de millions de téléspectateurs. S’il en a repris le fil c’est bien plus tard et pour le disséquer dans tous les sens. À ses yeux le principal accusé Jamal Zougam (unique prévenu reconnu coupable d’avoir posé l’une des bombes meurtrières), premier interpellé, n’est vraisemblablement qu’un bouc émissaire.
Condamné à plus de 40.000 ans de prison au terme de sept mois de procès devant l’Audiencia Nacional en 2007, marocain d’origine, commerçant à Madrid, l’homme ne serait pas victime d’une erreur judiciaire mais d’une infernale machination. “Je suis sûr que la version judiciaire est complètement fausse” explique Cyrille Martin. “Pourtant il y avait bien un coupable ! L’hypothèse la plus probable c’est que des services secrets étrangers ont opéré à Madrid et que l’Espagne, la police et la justice confrontées à cet état de fait, une histoire abracadabrantesque aurait dû être mise en scène dans l’urgence…”
Le cinéaste (domicilié dans l’Hérault, actuellement ouvrier agricole dans les vignes) est arrivé à cette hypothèse après compilation d’archives journalistiques écrites, visuelles et sonores, analyses et recoupements en tous sens. Un travail rigoureux présenté une vingtaine de fois en France dans le cadre associatif/ militant, lors des festivals Cinemed (Montpellier) et Aux écrans du réel (Le Mans). Il l’a été aussi en version espagnole à Saragosse et Valence.
Le quotidien El Mundo (proche du PP)
fut avec Libertad Digital,
le seul grand média à dénoncer les conclusions
d’une enquête policière truffée d’incongruités et de contradictions,
victime de disparitions de preuves comme l’incinération
des effets des voyageurs retrouvés dans les trains
et de scènes de crime avec la destruction immédiate
de trois des quatre trains.
Un contexte exacerbé
La presse française n’en sort pas grandie. Elle s’était contentée des faits dans l’émotion et l’exacerbation du contexte préélectoral (2), ne s’intéressant qu’au début de l’enquête et du procès, puis au jugement final (3). La presse espagnole, évidemment plus présente, fut aveuglée par une confrontation politique PP/PSOE de chaque instant. Le quotidien El Mundo (proche du PP) fut avec Libertad Digital, le seul grand média à dénoncer les conclusions d’une enquête policière truffée d’incongruités et de contradictions, victime de disparitions de preuves comme l’incinération des effets des voyageurs retrouvés dans les trains et de scènes de crime avec la destruction immédiate de trois des quatre trains. Sans doute fallait-il des coupables aux profils prédéterminés. Jamal Zougam fut l’un d’eux. Sans doute fallait-il clore le dossier et couper court aux questions dérangeantes.
Le journaliste navarrais Fernando Mugica co-dondateur de El Mundo fut l’un des très rares à oser remettre en cause l’enquête officielle. Ce jour-là donc, quatre trains de banlieue partis d’Alcala de Henares pour Madrid explosèrent en chemin. 192 morts et plus de 1.900 blessés. Jamais l’Europe et l’Espagne à fortiori, n’avaient connu tuerie pareille, pas même au pire des attentats d’ETA, organisation à laquelle d’ailleurs le président sortant José Maria Aznar (PP), attribua immédiatement le 11-M.
Lui, s’était impliqué dans le déclenchement de la guerre en Irak avec George W.Bush, après les attentats du 11 septembre 2001 aux USA.
Aujourd’hui, les attentats attribués aux réseaux islamistes frappent l’Europe.
Cyrille Martin veut élargir la diffusion de son documentaire et apporter des éléments de réflexion “au moment où, dit-il, l’islamophobie est de plus en plus instrumentalisée”.
1- Université populaire du Pays Basque www.uppbasque.com
2- Élections du 14 mars 2004 , élu José Luis Zapatero (PSOE) face à Mariano Rajoy (PP)
3- Procès filmé en vidéo
4- “Un nouveau Dreyfus ?”, production “Les Mutins de Pangée” http://lesmutins. org/un-nouveau-dreyfus
Mouai !
Je reste sur un principe simple:
1- attentat revendiqué => c’est celui qui le revendique qui en est l’auteur
2- attentat non revendiqué (ou revendication fantaisiste) => extrême droite
En l’occurrence, c’est clairement le premier cas, contrairement à celui de Bologne.
Pas la peine de rechercher une conjuration foireuse.
@Michel : votre principe n°1 me semble un peu simpliste et erroné.
Nombre « d’attentats » perpétrés à travers l’Europe et le monde par des individus isolés sont « récupérés » par Daesh et l’EI, trop heureux de voir des personnes fragiles commettre des atrocités en leur nom, sans qu’il n’y ait aucun rapport entre eux.
On ne parle pas de conjuration foireuse mais de quelque chose d’organisé, comme le font nombre de services secrets de tout pays, y compris la France.