La CCI de Bayonne vient de publier son baromètre des deux derniers trimestres. Résultats positifs a quelques nuances près. Il y a eu 4,4% créations d’entreprises de plus que l’an dernier et 2,8 radiations de moins : solde positif, 1307 entreprises. Le Pays Basque compte 84.000 salariés, %2,9 de plus que l’année avant : solde positif, 2.150 emplois. Le bâtiment va bien. On a commencé 3.104 logements au cours de l’année, soit 5,1% de plus et 44% des entreprises déclarent que leurs carnets de commandes se remplissent. Les locaux agricoles eux sont en recul avec 38,2% de m2 en moins, ce qui est logique puisque, manifestement, la disparition des terres agricoles est programmée à plus moins brève échéance.
Le trafic de l’aéroport est en progression de 4,8 % : nous en sommes à 1.191.000 passagers. Le trafic du port, en augmentation aussi est de 2.364.000 tonnes et les perspectives d’avenir sont prometteuses avec trois laminoirs en perspective..
Revers de la médaille, nous sommes arrivés à une pollution inavouable et inavouée: les mesures de la pollution sont relevées plusieurs fois par jour en quatre points du BAB. Jamais on ne les communique. Pourquoi?
Là aussi de l’augmentation en perspective : l’autre jour j’ai mis 20 minutes pour aller de la CCI à la clinique Belharra (5km), vitesse 15km/h. Et on nous chante les louanges de la vitesse avec le TGV et l’avion! Loin d’y porter remède on fait tout pour aggraver le mal: les bureaux de la communauté de communes seront à Bayonne, ce qui contribuera à augmenter les bouchons aux entrée de la ville et la pollution produite.
Un chiffre qui me pose toujours problème, c’est celui de la création d’emplois, nécessaire contre un chômage chronique. La CCI donne les chiffres de 2015 (Dynamiques économiques 1/2016). Il y avait alors 79.700 emplois, contre les 84.000 de cette année : gain de 4.300. Le nombre des chômeurs aurait dû baisser d’autant. Or il est en constante augmentation depuis bien longtemps : 10.085 chômeurs en 1982, 12.510 en 1990, 14.855 en 1999, 16.767 en 2015, soit 67% de plus. Et l’on nous parle de baisse du chômage!
Ignorerait-on à Bayonne l’accord du COP 21 de Paris sur le climat : il soulignait la nécessité urgente de prendre des mesures radicales pour sauver l’avenir de notre planète. Les bonnes nouvelles du baromètre de la CCI sont une liste d’autant d’atteintes à la survie de la terre.
Quand la fréquentation de l’aéroport augmente, augmente aussi la pollution provoquée par le kérozène (détaxé!) brûlé. Quand le trafic du port augmente, augmente aussi la pollution provoquée par les bateaux et les camions qui viennent au port. Les centrales qui fourniront l’électricité aux laminoirs « propres » ne pollueront pas ici, mais bien, là où elles se trouvent. Les embouteillages en constante augmentation y ont aussi leur part. Est-ce de cette façon que la CCI prend au sérieux le cri d’alarme du COP 23, des 15.000 scientifiques qui lui ont joint leurs voix ?
Disparition de l’agriculture
Le bâtiment marche bien. Il mange combien d’hectares de terres agricoles? Une étude récente sur Hasparren-Labastide montre qu’en dix ans (2.000-2010) 1750 hectares ont disparu. Il en disparaîtra 1500 à 1700 d’ici 2025. Chaque année l’agriculture perd 1300 hectares sur l’ensemble d’Iparralde! Jusqu’où veut-on aller? Il parait que nos élus ont pour objectif de « conserver un grand nombre d’agriculteurs » de « conserver les meilleurs terres » pour les paysans. Toutes les zones industrielles ne sont-elles pas en plaine? On veut « attirer des candidats à l’installation ». Est-ce en sous-payant le lait, pour que les gens puissent acheter davantage de gadgets fabriqués en Chine, que l’on attirera les jeunes vers l’agriculture? Est-ce avec de l’agriculture hors sol que l’on fournira de la nourriture saine à la population? Est-ce avec une conurbation Bayonne-Mauléon que l’on fera diminuer la production de gaz à effet de serre?
Je lis que le terrain agricole est estimé à 1€ le mètre carré, 5 à 15 ailleurs. Comment se fait-il que le propriétaire d’un hectare agricole (valeurs donc 10.000€) se retrouve un beau matin propriétaire de 50 à 150.000€, parce que, tandis qu’il dormait, le conseil municipal a déclaré constructible son hectare de terre. Cette plus-value ne devrait-elle pas aller au domaine public qui en est cause? Jusques à quand les terres agricoles seront-elles considérées comme des réserves pour les BTP : lotissements, terrains de sport, usines etc… ? Quand déclarera-t-on intouchables ce qui reste de terrain agricole? Jusques à quand bradera-t-on les hectares en construisant des maisons individuelles avec pelouses, garages etc… Il faut geler les surfaces agricoles !
On pourra construire de petits immeubles dans les parcs des résidences secondaires en les expropriant, comme on le fait sans le moindre problème pour les terres agricoles.
On pourra abattre des quartiers de villas pour y construire aussi des immeubles. On pourra construire sur les aires de parking, en faisant en sous-sol un parking de même capacité.
Et pourquoi faut-il absolument que les villes grandissent? Continue-t-on à faire des lotissements à Paris? Y construit-on dans le bois de Boulogne ou au jardin des Tuileries?
Au temps de Pitrau le slogan basque était « vivre et travailler au pays« . Tous ceux qui aujourd’hui sont obligés d’émigrer de chez eux pour venir travailler chez nous ont aussi le droit de vivre et de travailler chez eux. Il faut créer des emplois là où 40% des jeunes sont au chômage! Dans les régions en voie de désertification.
L’économie est au service des habitants, pour les faire vivre. On se mobilise contre les 3500 victimes annuelles de la route. Quelle campagne contre les 40.000 assassinés chaque année en France par la pollution? Daech est loin du compte! L’économie au service de la science et du progrès? « A quoi sert d’aller sur la lune si c’est pour s’y suicider » a dit Malraux.