L’Eusko a lancé et gagné un défi collectif : arriver au million d’eusko en circulation le jour d’Alternatiba, dimanche 7 octobre. Il s’agissait de montrer en ce jour symbolique que les alternatives peuvent changer d’échelle. Belle occasion de conclure une année riche en moments décisifs pour l’Eusko, nous dit Dante Sanjurjo, le directeur de l’association Euskal Moneta.
Dimanche 7 octobre, l’Eusko a été la 1ère monnaie locale d’Europe à passer la cap symbolique du million en circulation.
Un seuil qui était prévu pour 2019, mais arrive plus tôt grâce à l’extraordinaire impulsion du passage au numérique en mars 2017, avec la création de comptes eusko en ligne et d’une carte de paiement dédiée, l’Euskokart.
Aujourd’hui, 500 entreprises et plus de 1000 particuliers ont ouvert un compte eusko et échangent entre eux. Les particuliers créditent automatiquement chaque mois plus de 40 000 eusko sur leurs comptes, qui sont dépensés auprès des 750 entreprises, commerçants, paysans, associations, services publics locaux acceptant les paiements en eusko.
Un circuit qui ne cesse de s’agrandir et de se diversifier.
Des moments décisifs
L’Eusko a été la première monnaie locale de l’État français à déployer à la fois des billets et un système de comptes en ligne. Cinq monnaies viendront dans quelques semaines se former auprès de l’Eusko pour suivre le même chemin.
L’Eusko est aussi la 1ère monnaie à avoir obtenu, de haute lutte, le paiement des dépenses publiques en monnaie locale, grâce à la bataille victorieuse menée début 2018 avec la Ville de Bayonne contre l’État. Cette victoire a été suivie en juillet par l’adhésion à l’Eusko de la Communauté d’agglomération Pays Basque, par un vote de son Conseil permanent à la quasi unanimité (52 voix pour et 4 abstentions). La convention signée prévoit que l’Agglo pourra régler en eusko les entreprises qui en feront la demande, et que l’ensemble des services publics locaux gérés en régie pourront à terme être réglés en eusko.
En outre, 16 communes sont aujourd’hui adhérentes à l’Eusko*.
L’Eusko a aussi été cette année le projet de Transition écologique le plus soutenu, et de loin, parmi 420 projets déposés aux six coins de l’Hexagone dans le cadre de Mon Projet pour la Planète. C’est sur cette lancée, et grâce aussi aux efforts réalisés par ses salariés et à l’énergie de ses bénévoles, que l’Eusko est devenu la plus importante monnaie locale d’Europe, dépassant d’abord le Bristol Pound, puis l’emblématique Chiemgauer bavarois.
Grâce aux efforts réalisés
par ses salariés
et à l’énergie de ses bénévoles,
l’Eusko est devenu
la plus importante monnaie locale d’Europe,
dépassant d’abord le Bristol Pound,
puis l’emblématique Chiemgauer.
Passons un nouveau cap ensemble !
Le jour d’Alternatiba, l’Eusko est devenu la 1ère monnaie locale européenne à passer le cap du million. Un cap symbolique, prometteur. Et porteur de sens en ce jour de mobilisation pour le climat, qui nous appelle, chacun, à changer nos habitudes.
Pour ceux qui n’utilisent pas encore l’eusko, ça a été le moment de s’y mettre. Pour ceux qui l’utilisent peu, le moment de faire un change exceptionnel de 50, 100, 200 eusko ou plus, pour participer à l’élan collectif. Particuliers, commerçants, chefs d’entreprises : rendez-vous leur a été donné dans n’importe quel bureau de change de l’Eusko. La liste est sur www.euskalmoneta.org, site où a pu aussi être suivre notre compteur en ligne…
Parce qu’en relocalisant l’économie, l’Eusko réduit les émissions de gaz à effet de serre liées aux transports, et apporte une partie de la réponse au défi majeur du dérèglement climatique.
* Hendaye, Ustaritz, Mendionde, Bayonne, Labastide- Clairence, Hasparren, Ayherre, Sare, Ostabat-Asme, Ossas-Suhare, Anhaux, Ascain, Aincille, Gabat, Gamarthe et Lahonce.
Un levier de souveraineté
La Transition vers un Pays Basque plus soutenable nécessite de développer la souveraineté alimentaire, énergétique, mais aussi économique. Avec des outils adaptés. La monnaie en est un, très important, car les monnaies façonnent l’économie. L’Euro structure l’économie par son mode d’émission – confiée aux banques, et non plus aux États – et par l’importance centrale du système d’intérêts : les intérêts enrichissent ceux qui ont de l’argent, en prélevant les ressources de ceux qui doivent emprunter. De plus, un euro peut d’un clic s’envoler vers n’importe quel territoire, voire vers n’importe quel paradis fiscal. L’Eusko, lui, est émis par une association démocratiquement gérée, ancrée sur le territoire, et il ne génère pas d’intérêts. Il ne circule qu’au Pays Basque, renforçant les échanges entre acteurs économiques locaux. Cela permet qu’une part plus importante de la valeur ajoutée produite par notre travail nous revienne, et développe l’emploi sur le territoire.