Entretien avec Peio Etcheverry-Ainchart et Anita Lopepe, membres de EHBAI
L’assemblée générale d’Euskal Herria Bai, mouvement fédérant les partis abertzale, Eusko Elkartasuna, Euskal Batasuna et Sortu, se tenait samedi matin 8 décembre à Ustaritz. Enbata a demandé à Peio Etcheverry-Ainchart et Anita Lopepe de répondre à deux voix à ses questions.
Quelle a été l’orientation principale prise par l’Assemblée générale d’EHBAI du samedi 8 décembre ?
Peio Etcheverry-Ainchart : Le but de la dernière AG n’était pas vraiment de prendre une orientation stratégique particulière, celle-ci ayant été adoptée pour quatre ans lors de l’AG du printemps dernier. Il s’agissait surtout d’adopter une position sur deux enjeux. Le premier concernait les élections municipales de 2020, le second l’actualisation de l’accord liant EH Bai à EH Bildu.
Le document préparatoire à cette AG mettait l’accent sur la nécessaire présence abertzale aux prochaines élections municipales de 2020. Qu’a-t-on décidé ?
Anita Lopepe : EHBAI privilégiera dans toutes les communes de plus de 1000 habitants où cela est possible, la constitution de listes abertzale ou à forte dominante abertzale, afin que notre projet abertzale, de gauche et écologiste soit le plus visible possible et qu’il puisse être mis en oeuvre. L’objectif est aussi d’avoir une représentation la pus grande possible à la CAPB pour agir dans les lieux de décisions. Ces élections seront donc importantes à double titre. La commune c’est l’échelon de proximité par excellence et, à l’heure où beaucoup d’entre elles ont le sentiment d’être dépossédées de leurs compétences, la communication et la participation des élus, notamment ceux des petites communes, est un enjeu important. Nous souhaitons agir pour éviter que le fossé entre le local et l’échelon Pays Basque nord ne se creuse. Nous avons aussi souligné la nécessité de fixer un pacte de gouvernance de la CAPB avant les élections municipales. Nous travaillerons donc sur une proposition de gouvernance qui prenne en compte la diversité du territoire, dans la constitution des différentes instances internes.
Pour les élections européennes de mai 2019, quelle sera la consigne EHBAI ?
P.E-A : À cette heure, aucune consigne n’est encore définie car diverses possibilités sont sur l’établi : la première est celle de reconduire l’accord passé lors des élections précédentes avec EH Bildu afin de présenter un ou une membre d’EHBai sur leur liste dans l’Etat espagnol ; mais cela suppose d’abord de faire un bilan de cette formule purement symbolique. La deuxième est d’explorer la piste d’une liste de nations minoritaires de l’État français. La troisième est la piste Régions et Peuples Solidaires et par extension un accord avec EELV. Le type de vote interne est également à définir, cela se décidera au tout début de l’année prochaine. Cette élection, pourtant si importante pour un mouvement profondément européen comme le nôtre, reste la quadrature du cercle du fait de la taille des circonscriptions, a fortiori aujourd’hui unique pour la France.
L’AG d’EHBAI se déroulait en pleine crise des Gilets jaunes. Comment les abertzale se situent-ils par rapport à ce mouvement ? De même pour la crise environnementale ?
A.L. : La mobilisation des Gilets Jaunes illustre la colère, tout à fait compréhensible, générée par l’injustice fiscale et les inégalités sociales. Au delà du rejet de la hausse des taxes sur les carburants, elle met aussi en évidence la crise de légitimité de l’Etat, des institutions et du modèle politique actuel. Ce qui interpelle forcément un mouvement politique comme le nôtre. Sur le fond, l’Etat veut faire peser sur les citoyens la responsabilité de régler les graves conséquences environnementales du système néolibéral qu’il alimente par ailleurs, Si la fiscalité sur la pollution est un levier incontournable, les modalités ne sont pas un détail. Mais de manière générale, c’est le système en soi, celui de la croissance à tout-va, qui doit être remis en cause. Les bénéfices de ce changement de logique seront en faveur de l’environnement, mais aussi des classes les plus défavorisées. Pour EHBai une chose est sûre, la lutte pour la justice sociale et la transition écologique doivent être menées de pair. Et il y a urgence sur les deux fronts.
Le bonjour !
» Sur le fond, l’Etat veut faire peser sur les citoyens la responsabilité de régler les graves conséquences environnementales du système néolibéral qu’il alimente par ailleurs « , est-il dit par Anita Lopepe :
Ne parlons pas de » néolibéralisme » quand » libéralisme » suffit. Ne laissons pas croire que les habits neufs de la doctrine (idéologie) libérale la rendent nouvelle, plus moderne.
Le libéralisme qui domine tout et partout conduisant nos sociétés au fossé, c’est Adam Smith, Tocqueville et Hayek réincarnés et relookés. Privatisations pour les uns et privations pour tous les autres.
Portez-vous bien tout au long de l’année nouvelle.