Une instance locale, CAPB, département, Région et Conseil de développement, entend utiliser le G7 de Biarritz pour valoriser le Pays Basque. Le G7 est très loin d’être à la hauteur de ses prétentions d’antan. Entre les affres du Brexit, les bisbilles franco-italiennes, la guerre économique de Trump, il ne sert plus à grand-chose en dehors d’une opération de com pour “donner une image optimale de ceux qui sont les oligarques du monde occidental.”
Le conseil de direction du Conseil de développement a donc voté le 1er février dernier. 16 pour, 8 contre et 5 blancs pour une instance comprenant 64 membres.
Le sujet ?
L’adhésion sollicitée par la CAPB, le département, la Région et l’État au “comité de valorisation du G7”. C’est ainsi que le document interne distribué aux participant·e·s présentait la chose.
Lapsus révélateur ou erreur de com ?
Même si plusieurs prises de parole expliqueront qu’il s’agit plutôt de valoriser le territoire à l’occasion du G7, l’intitulé résume en effet tout l’enjeu en quelques mots : comment donner l’image d’un sommet à l’écoute des gens, comment lui redonner un semblant de légitimité en ces temps de défiance radicale vis à vis des instances politiques, comment tempérer voire neutraliser l’opposition locale au G7.
Personne dans l’assemblée n’a semble-t-il sauté de joie à la perspective du G7.
L’argument qui a emporté l’adhésion était de dire : ne laissons personne parler à notre place, profitons de l’occasion pour présenter la réalité du Pays Basque et “produire des contributions représentatives de bonnes pratiques existantes dans le territoire” comme l’évoque la note de contexte.
Claque politique
Mais pourquoi donc cautionner l’opération, pourquoi leur faire ce cadeau ? Quelques clics sur Wikipédia permettent de visualiser rapidement le rôle du G7 depuis sa création. Imagine- t-on un seul instant que c’est de là que viendront des solutions aux politiques néfastes dont sont principalement responsables les États qui le composent ? Pense-t-on que participer à des forums officiels où on vous écoute poliment, que discuter avec des “sherpas” puisse faire avancer quelque chose ?
D’aucuns veulent croire que ces tentatives ne sont pas totalement vaines et qu’il faut profiter de l’occasion. Mais reste l’essentiel, la balance entre le bénéfice escompté et la caution apportée à la partie adverse. Et là, il n’y a pas photo. La caution l’emporte de loin !
Imagine-t-on la claque politique d’un refus de participation à la “valorisation du G7”?
Car cette opération est à mettre en parallèle avec le gros effort d’habillage et de communication du gouvernement français. Lutte contre les inégalités, égalité Femmes/Hommes, lutte contre la pauvreté, paix et stabilité mondiale, partenariat avec l’Afrique sont mises en avant et déclinées par des rencontres tout au long de l’année.
Ou comment faire passer le rendez-vous des plus puissants chefs d’État, responsables directs de l’état du monde, quasiment pour un sommet alter-mondialiste.
Dans la presse économique certaines voix s’élèvent d’ailleurs pour tempérer ces thématiques afin de ne pas mettre le président américain dans les cordes et éviter un échec programmé du sommet. De là à penser que le G7 vient à point pour une opération de politique intérieure du président pour regagner un peu d’estime en ferraillant contre l’épouvantail Trump… C’était d’ailleurs le discours du sous-préfet vis-à-vis des membres de la plate-forme G7 EZ! rassemblé·es à l’entrée de la réunion du Conseil de développement : un G7 pour plus de justice sociale, comme une occasion de défendre le multilatéralisme contre la politique américaine. Les plus naïfs verront dans de telles contorsions une ouverture politique justifiant de répondre à l’appel.
Opération com
Bref si le G7 a besoin d’être “valorisé” c’est bien qu’il est extrêmement dévalorisé. Et cela d’autant plus qu’il est très loin d’être à la hauteur de ses prétentions d’antan : “le directoire du monde” est bien mal en point.
Entre les affres du Brexit, les bisbilles franco-italiennes, la guerre économique de Trump, il ne sert plus à grand-chose en dehors d’une opération de com pour “donner une image optimale de ceux qui sont les oligarques du monde occidental” comme le résume Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales.
L’heure n’est pas au replâtrage.
Profiter de l’occasion pour faire connaître les produits du Pays basque, ses entreprises, conquérir des marchés à l’exportation, augmenter la fréquentation touristique, arguments entendus ici et là depuis l’annonce du sommet à Biarritz, est-ce cela le message dominant qui doit émerger du Pays Basque ? Business avant tout, consommation accrue, transports exponentiels, exportations agressives ? Où sont les circuits courts, la sobriété, la souveraineté alimentaire reconnue à chaque pays surtout aux plus pauvres ?
Construire un autre monde est possible et urgent. Le Pays Basque y prend sa part et c’est cela qu’il devra montrer à travers l’alter-sommet en préparation et les mobilisations populaires organisées en opposition au G7 et pour changer de modèle, changer de système, dépasser la logique mortifère du capitalisme.
C’est l’objectif que s’est donnée la plateforme G7EZ ! qui appelle tous les mouvements et personnes conscientes des enjeux cruciaux de la période à se mobiliser en masse en août prochain.