Cet été, Alda vous offre quelques unes des bonnes feuilles du livre Beti Bizi ! Climat d’urgence en vente à 10 eusko dans toutes les bonnes librairies. Le livre fait 300 pages, dont une moitié faite des photos et affiches des actions et campagnes menées par le mouvement basque oeuvrant sur les fronts de l’urgence climatique et de la justice sociale. Il révèle de nombreux aspects de la méthode spécifique qui a permis le travail intense réalisé par Bizi cette dernière décennie, et décrit plusieurs épisodes clefs de son histoire. (Suite et fin de la partie (1-2))
En mai 2014, Bizi se joint à une campagne menée par les Amis de la Terre et ATTAC pour exiger le retrait de la Société Générale du projet Alpha Coal, véritable bombe climatique potentielle. Il s’agit d’un gigantesque projet de production et d’exportation de charbon situé en Australie qui va envoyer dans l’atmosphère 1,8 milliards de tonnes de CO2, et qui menace la Grande Barrière de corail, l’un des plus riches écosystèmes de la planète. La Société Générale assure les recherches de financement et les études de faisabilité pour le compte de la société GVK. Bizi va alors développer une stratégie de campagne et des modes d’action qui feront tâche d’huile et auront une influence réelle sur de nombreux secteurs. Nous harcelons la direction régionale Pays Basque Sud Landes de la Société Générale dont le siège est à Bayonne. Des activistes déguisés en kangourou surgissent de tous les côtés, montent jusqu’au bureau du directeur, “rubalisent” la banque avec du scotch de scène de crime. Des vidéos de client·e·s annonçant leur décision de quitter la Société Générale tournent sur les réseaux sociaux. A l’intérieur du siège régional, nous organisons une conférence publique sur le projet Alpha Coal qui se transforme en occupation illimitée des locaux. La police doit intervenir et cela produit des images surréalistes de policiers expulsant des hommes kangourous de la Société Générale… Bizi lance un ultimatum à la banque : nous allons déverser —entre le 21 mai, lendemain de l’assemblée générale de la banque à Paris et le 5 juin, journée mondiale de l’environnement— 1,8 tonnes de charbon devant le siège régional de la Société Générale à Bayonne si cette dernière n’a pas annoncé d’ici-là son retrait du projet Alpha Coal. Un crowdfunding est même organisé pour financer les frais de l’opération. Et le lundi 2 juin à 6h30, un commando de 20 activistes de Bizi réalise une action éclair et spectaculaire intitulée “retour à l’envoyeur”. A l’aide de deux camions bennes, il déversent les 1,8 tonnes de charbon promises bloquant l’entrée principale du siège et occasionnant sa fermeture temporaire. L’action a un écho très important qui résonne loin.
Retrait du projet Alpha Coal
En septembre 2014, une quarantaine d’activistes kangourous, référence directe à la campagne de Bayonne, manifestent devant certaines agences de la Société Générale à Paris. Une lettre signée par les Amis de la Terre, ATTAC-France et Bizi est envoyée à son Directeur Général, M. Frédéric Oudéa, lui annonçant notre intention de démarrer à partir de la COP20 de Lima une campagne ininterrompue de pression et d’interpellation pour exiger le retrait de sa banque du projet Alpha Coal. Une longue série d’actions visant directement l’image de sa banque va être lancée dans toute la France. Elle durera au moins jusqu’à la COP21 en décembre 2015, à l’occasion de laquelle est d’ores et déjà prévue une marche massive reliant 21 agences parisiennes de la Société Générale situées autour des Champs-Élysées. La responsabilité de la banque dans l’un des projets les plus climaticides du monde sera ainsi médiatisée à travers la planète entière. Un kit action (le premier d’une longue série) est réalisé et envoyé à tous les groupes locaux des Amis de la Terre et d’Attac, ainsi qu’aux différents Alternatiba. Il reprend notamment l’argumentaire de la campagne, ses principales échéances, et un répertoire d’actions à réaliser, majoritairement inspirées de celles réalisées à Bayonne : activistes kangourou, scène de crime rubalisée, conférences-occupation, détournement des panneaux de publicité de la Société Générale et bien entendu déversement de charbon dans ou devant ses agences.
Victoire complète
Le lundi 1er décembre, journée d’ouverture de la COP20 à Lima au Pérou, où se trouve une délégation de Bizi, plusieurs agences, dont celle de Pau, sont occupées toute la journée par des activistes de Bizi et des compagnons du Village Emmaüs Lescar. Un appel à manifester partout en France devant le plus possible d’agences locales de la Société Générale est lancé pour le samedi suivant. Le vendredi 5 décembre, nous nous apprêtons à tenir, aux côtés de diverses ONG, une conférence de presse dans l’enceinte de la COP20 à Lima pour médiatiser cette journée d’action au niveau international. Le directeur régional de la Société Générale téléphone alors à Bizi pour s’assurer que nous avons bien reçu le courrier électronique de la direction nationale de la banque. Le message est effectivement bien arrivé et, coup de tonnerre, il annonce que “la Société Générale a décidé, en accord avec GVK-Hancock, de suspendre son mandat. La banque n’est donc plus impliquée dans le projet. Vous pouvez relayer ce message dans votre réseau.” La victoire est complète, les actions du lendemain ainsi que toute la campagne prévue pour durer un an au moins sont annulées. La stratégie non-violente déterminée vient de montrer tout son potentiel, y compris face à une banque multinationale parmi les plus puissantes de la planète. La campagne Alpha Coal marquera durablement les esprits et aura une forte influence sur les modes d’action et types de campagnes qui seront pensés au cours des années à venir dans l’Hexagone, et dans l’immédiat au sein d’ATTAC-France et de la Fédération des Amis de la Terre-France notamment.
Pays Basque en transition
Cette période 2013-2016, dont on peut voir des images marquantes dans le film Irrintzina produit par Fokus 21, a été consacrée à “soulever des montagnes”. Elle a supposé pour Bizi un investissement très important en temps et en militant·e·s dans un travail global, à l’échelle de l’Hexagone voire en relation avec diverses organisations et réseaux internationaux. Mais nous n’avons pas délaissé pour autant l’échelle locale et avons continué plus que jamais à participer à la construction d’un “Pays Basque en transition”. Début 2013, c’est la naissance de l’eusko, outil de relocalisation et de reconversion de l’économie géré par l’association Euskal Moneta, mais que Bizi va soutenir activement et qui va régulièrement nécessiter l’engagement de nos militant·e·s et groupes locaux. L’eusko, monnaie officielle du premier village Alternatiba à Bayonne, devient rapidement la première monnaie locale de l’Hexagone en termes de volume d’équivalents euros en circulation, puis deviendra la première d’Europe, après la création d’une carte de paiement numérique. Le travail local de pédagogie sur la finance éthique et responsable continue activement pendant les séries d’actions Alpha Coal ou fauchages de chaises. Une campagne de mobilisation sera bien évidemment réalisée en Pays Basque à l’occasion du procès de Jon Palais. Après Alternatiba Bayonne, d’autres Villages des alternatives s’organisent en 2014 et 2015 à Socoa, Saint-Sébastien, Saint-Jean-Piedde- Port ou Bilbao. Des groupes locaux de Bizi naissent ou se renforcent en sud Labourd, en Basse-Navarre et en Soule. En 2013 et 2014, nous nous investissons dans un chantier local de grande ampleur déjà évoqué plus haut : la boîte à outils municipale climat- énergie et le Pacte de transition municipale. Le 12 mars 2014, une soirée “Pays Basque en transition” réunissant à Ustaritz les plus importantes listes municipales du territoire, sera un temps fort de la sensibilisation à l’urgence climatique et écologique et aux leviers d’action pouvant être activés au niveau municipal et intercommunal. Le travail essentiel de suivi des engagements pris commencera pour Bizi dès le lendemain des élections municipales et s’est depuis poursuivi sans interruption.
Le projet Euskal Herria Burujabe
Des séries d’actions ont lieu sur la question des transports et mobilités, autour de la pollutaxe ou du financement des bus et trains de proximité. Bizi mène en 2014 une campagne “Relocalisons”. Une conférence organisée dans le cadre de cette campagne, à Laborantza Ganbara avec le sociologue spécialiste des transitions sociales et écologiques Joseba Azkarraga marquera nos esprits. Il nous interroge : “Que signifie réellement la souveraineté ?” Il pousse la réflexion sur les souverainetés réelles (alimentaires, énergétiques, économiques, culturelles…). Cela sera probablement l’un des germes, l’une des sources de la réflexion collective qui va nous mener au projet Euskal Herria Burujabe. Bizi, qui s’approche alors de la barre des 300 adhérent·e·s, fête ses 5 ans en juin 2014. En 2015, comme cité plus haut, nous réalisons, avec l’ingénieur Jose Ramon Becerra, une étude sur les créations d’emplois que pourrait générer une politique climatique ambitieuse en Pays Basque nord. Nous en tirerons une campagne de socialisation, avec des conférences publiques, une manifestation, l’édition d’un livret reprenant l’étude, d’un tract la synthétisant, d’une affiche la popularisant… 40 ans de course à la croissance et à la compétitivité ont vu le chômage exploser, le travail se précariser, les inégalités s’aggraver, le climat se dérégler et la biodiversité chuter dangereusement. Et si l’on prenait une autre voie ? L’étude Demain, 10.000 emplois climatiques en Pays Basque nord décrit cette autre voie, secteur d’activité par secteur d’activité et indique les bénéfices que la société pourrait rapidement en tirer.
Je découvre,je découvre ..J’étais passée à côté de toutes ces actions ,trop concentrée sur des considérations personnelles …Je suis par contre de prés le développement de l’eusko ,auquel j’ai adhéré trés vite..Sans l’utiliser car trop complexe pour moi qui déteste les cartes ,codes multiples etc..Du liquide,du cash,j’attends le distributeur de billets indépendant qui fournira des eusko avec ma carte bancaire de tous les jours..