Dans l’offre électorale des municipales bayonnaises, la liste Baiona verte et solidaire (BVS) est une opportunité de recomposition politique au second tour. La dimension abertzale qui l’anime incarne le pouvoir d’agir basé sur une identité forte.
2014-2020 : les évolutions du contexte dans lequel se déroulent les élections de mars prochain sont majeures à tous les niveaux. Du local (création de la CAPB, évolutions du processus de paix…) à l’international (crise climatique, instabilité diplomatique, mouvements migratoires, révoltes sociales…) en passant par celui de l’État français (explosion du champ politique traditionnel, crispations autour de l’identité, crises et contestation sociales…).
Centrées sur les enjeux locaux et la gestion quotidienne de la collectivité, les élections municipales et communautaires voient toutefois s’affronter, au fond, des réponses politiques à tous ces grand enjeux, au-delà des valeurs parfois proches affichées par les un-e-s et les autres.
Panorama éclairci
A un mois et demi du premier tour, le panorama sur Bayonne s’est éclairci sans grande surprise. La majorité sortante soutenue par les différentes familles de droite et du centre sera reconduite et, nous dit-on, renouvelée.
L’extrême droite est à la peine pour constituer une liste paritaire entre RN et Debout la France. L’opposition actuelle sera représentée par trois listes, fruits des débats et choix politiques du mandat en cours.
Bayonne ville ouverte issue du PS et soutenue en 2014 par le PC et les Verts s’est divisée en cours de mandat notamment sur les questions relatives à la vision du Pays Basque et à la CAPB.
Elle a donné naissance à Bayonne demain-Baiona Bihar qui se revendique non-partidaire même si sa tête de liste conserve ses mandats acquis sous l’étiquette PS.
Baiona verte et solidaire-Baiona berde eta elkarkide, enfin, résultat d’une dynamique de rassemblement et de construction d’une alternative. Dans la logique de l’alliance réalisée il y a 6 ans au deuxième tour entre Baiona 2014, liste citoyenne impulsée par les abertzale et “L’humain d’abord” issue du courant Front de gauche, et du travail commun tout au long de la mandature, l’idée d’une liste unitaire a naturellement fait son chemin. Elle a été reconfigurée et renforcée par le ralliement d’EELV. Un proposition de fusion-refondation en direction de Bayonne demain a été déclinée.
“Rassemblement citoyen pour l’écologie et la justice sociale à Bayonne et au Pays Basque”, BVS, porte un projet politique qui souhaite prendre en compte et répondre localement à la totalité des problématiques du territoire et de ses habitant-e-s.
Au-delà des ces revendications d’autonomie et de souveraineté, la dimension abertzale incarne le renforcement permanent du “pouvoir d’agir” territorial et citoyen, basé notamment sur une identité forte, attractive et à la base d’une communauté politique ouverte.
La perspective résolument à gauche prend acte des échecs du social-libéralisme illustrés par le quinquennat de François Hollande et fait de la justice sociale par le partage des richesses son fil rouge. Le paradigme écologique bouscule le pragmatisme des petits pas inefficaces et conditionne le projet par ses différentes urgences: épuisement des ressources de la planète, empoisonnement de l’environnement, extinction de nombreuses espèces et changement climatique.
Exigence d’un “agir ensemble”
A ces trois axes pour l’action se rajoute l’exigence d’un “agir ensemble” et constituent les points cardinaux du projet BVS. Car la politique est discréditée. Mise en scène comme des batailles d’egos très majoritairement masculins, accaparée par des professionnels éloignés des préoccupations de leurs concitoyen- ne-s, réduite à des promesses sans lendemains, assimilée à des passe-droits voire de la corruption mais surtout trop velléitaire face aux puissances du capitalisme et aux préceptes du néo-libéralisme. La politique est malheureusement tout cela mais reste au-delà de la gestion de la cité et des compétences concrètes à exercer, le lieu, le moment par lequel la société fait ses choix sur comment vivre, produire ses conditions d’existence et répartir entre tout-e-s.
La participation la plus large aux débats et décisions politiques n’est donc pas une option mais bien une question stratégique. Rien de bon ne saurait sortir d’une gestion par des spécialistes, des “hommes providentiels” ou de notables paternalistes.
La politique est le lieu, le moment par lequel la société fait ses choix sur comment vivre,
produire ses conditions d’existence et répartir entre tout-e-s.
La participation la plus large aux débats et décisions politiques
n’est donc pas une option mais bien une question stratégique.
A ce titre, objets de toutes les critiques, souvent à juste titre, les organisations politiques n’en restent pas moins des outils nécessaires pour formuler collectivement des horizons désirables et des projets concrets. Le soutien de trois d’entre eux à BVS est donc précieux et n’entrave en rien la participation citoyenne la plus large sur la base du projet commun. La liste Baiona verte et solidaire a l’ambition et l’opportunité de sortir, au soir du 15 mars, première parmi les listes se présentant face à la majorité actuelle. Le deuxième tour sera alors une autre histoire.