Article écrit à la fin mars 2020.
Nous venions de voter, dans l’enthousiasme et l’unanimité, le Plan climat et le Projet alimentaire territorial à la Communauté Pays Basque. Pour autant, il était évident que ces figures obligées ne résisteraient sans doute pas longtemps à ce que j’appelle le syndrome de l’opportunité, une maladie honteuse qui frappe les décideurs, de tous bords. Bien sûr qu’il faut modifier nos pratiques mais… Nous avons là une opportunité à ne pas négliger pour l’emploi, pour l’élevage, pour construire des logements, pour maintenir de l’activité, pour ne pas contrarier les proprios de bord de mer, pour renâcler aux énergies renouvelables, pour sursoir à la protection de la biodiversité… pour, pour, pour !? Et de remettre sans cesse aux calendes grecques des décisions politiques impérieuses car tout le monde a un intérêt plus ou moins particulier à se refuser au changement…
Et paf ! Un truc monstrueux, invisible et que l’on se refile de la plus sournoise des façons, vient de nous sauter à la gorge. Nous traversons une crise inédite dans l’histoire de l’Humanité, nous sommes sur cette planète des millions à être confinés avec, comme seule solution pour survivre, le refus de tout contact avec nos congénères les plus proches. Pendant que s’égrène la liste des pays les plus touchés et le nombre de malades et de morts, avons-nous quelques minutes à consacrer à la réflexion ? Ce système mondialisé, cette perte de souveraineté sur les productions les plus essentielles, ce renoncement à la gestion de la Cité, nous amène à un désastre sanitaire impensable pour tous les croyants aveugles en la prééminence de l’action humaine sur la nature.
Il est de bon ton de tout modifier génétiquement, de tout traiter chimiquement, de laisser prospérer librement un monde scientifique plus accro aux libéralités des labos qu’à mesurer l’impact de leurs fadaises sur le vivant. Nous sommes à deux doigts de payer le prix fort pour notre arrogance, notre aveuglement ; sommes-nous collectivement capables de le comprendre ? Nous avons, avec la plus parfaite duplicité, répété à l’envi que nous devions préserver les générations futures sans imaginer un seul instant que nous étions concernés par l’affaire. Le monde occidental a sacrifié des millions d’êtres sur cette planète pour son seul profit, a accentué en son sein même des inégalités impressionnantes, s’est attaqué à toute la ressource avec insouciance et irresponsabilité.
Alors ? Ce qui nous arrive est-il un mal ou un bien ? Sommes-nous capables de tirer les enseignements de ce moment, un peu perdus devant le manque de solution, avec beaucoup de questions et fort peu de réponses ? Il faudrait parvenir à l’espérer…
Espérer que tout ne reprenne pas comme avant, dans une course folle vers le précipice, mais que surgisse une réelle volonté de tout révolutionner. Cela passe par de grandes décisions au niveau mondial mais aussi par des changements radicaux au niveau local. Les territoires seront aussi devant leurs responsabilités ! La liste est longue des projets inconséquents qui sont dans les tuyaux, des résistances éprouvantes au changement nécessaire à notre petit niveau… des plans que l’on vote avec la certitude que l’on s’en exonérera à la première occasion. Il est sans doute prématuré de savoir quelles seront les décisions des prochaines assemblées, mais au vu des débats qui ont agité la dernière période électorale, on ne peut que légitiment s’inquiéter. La soumission aux injonctions du milieu associatif ne peut prêter qu’à sourire tant les engagements sont restés vagues et le manque de compréhension d’une évidence totale. L’arbre, pourtant fort en vogue, cache une impressionnante forêt d’arrière-pensées, peine à dissimuler une extrême ignorance des enjeux primordiaux pour construire un territoire résilient dans les années qui viennent… Nous sommes à un tournant et le temps plus que jamais nous est compté !
Nous sommes à deux doigts de payer le prix fort
pour notre arrogance ;
sommes-nous collectivement capables de le comprendre ?
La première des choses à souhaiter c’est que la vague infernale des malades et des morts s’estompe le plus rapidement possible et sur tous les continents. Ensuite, que cela nous ouvre définitivement les yeux sur la solidarité que nous devons en tant que citoyen.nes du monde. Et pour finir que cela nous engage vers une transition réussie, un modèle de développement soutenable où les indicateurs de bien-être prendront le pas sur ceux de la croissance et de la richesse des pays. A ce prix-là, l’année 2020 sera bien celle où tout bascula ; l’année où la certitude qu’un autre monde est possible ne sera plus qu’un seul effet de banderole ; l’année 1 d’une nouvelle humanité bien plus partagée ! N’oublions pas que l’utopie du moment peut devenir la réalité de demain…
D’ici là… Prenez bien soin de vous et ressortons galvanisés de cette période pour tendre vers le meilleur !