Henri Etcheto et Falloux

Nouvelle loi sur l'enseignement : — Ce sont les instituteurs qui reçoivent la férule. Vêtus en ecclésiastiques, Alfred de Falloux et Charles de Montalembert s'apprêtent à bâtonner un instituteur. Caricature de la « petite loi sur l'instruction » ou loi Parieu, estampe de Charles Vernier, 1850.
Nouvelle loi sur l’enseignement : — Ce sont les instituteurs qui reçoivent la férule.
Vêtus en ecclésiastiques, Alfred de Falloux et Charles de Montalembert s’apprêtent à bâtonner un instituteur.
Caricature de la « petite loi sur l’instruction » ou loi Parieu, estampe de Charles Vernier, 1850.

Pour s’opposer à la réhabilitation des bâtiments du collège Estitxu Robles financée en partie sur des fonds municipaux, Henri Etcheto prend appui sur «la loi Falloux et les autres qui l’ont suivie», il soutient ainsi que la délibération municipale du 13 décembre 2018 «est manifestement entachée d’illégalité». La loi Falloux du 15 mars 1850 organise l’enseignement primaire et secondaire. Largement remaniée depuis, elle demeure l’étendard de ceux qui refusent le financement par les collectivités publiques des écoles basques.

Mais savent-ils qui fut son auteur, le comte Frédéric Alfred Pierre de Falloux du Coudray (1811-1886). Ministre de l’Instruction publique et des cultes, député influent de la droite la plus réactionnaire à l’assemblée nationale, il fut un adversaire acharné des Ateliers Nationaux, symbole de la fraternité républicaine et de la politique sociale à cette époque. Falloux obtient leur dissolution. Ce qui provoque l’insurrection ouvrière de fin juin 1848, écrasée dans le sang par le général Cavaignac. La répression est féroce : entre 3000 et 5000 tués, 1500 fusillés sans jugement, 25.000 arrestations, 11.000 prisonniers.

A Bayonne, le monument de la place Montaut rend hommage aux victimes de 1848.

La violence de l’insurrection de 1848 conduit les conservateurs à s’entendre avec les catholiques pour mettre en place un enseignement respectueux de l’ordre et de la propriété. C’est l’objet de la loi Falloux. Son but est de s’opposer à l’influence des Lumières et d’éduquer la jeunesse afin qu’elle respecte les hiérarchies sociales et ne remette pas en cause l’ordre établi. Il est aussi de garantir la présence du clergé catholique romain, de l’évêque ou ses délégués, dans l’enseignement public.

L’école sera surveillée : un simple rapport du maire ou du curé permet à l’évêque de muter un instituteur, au préfet de le révoquer.

Falloux a dit dans un de ses discours: «Le premier devoir du prêtre est d’enseigner aux pauvres la résignation». Et il résumait ainsi son programme politique : «Dieu dans l’éducation. Le pape à la tête de l’Eglise. L’Eglise à la tête de la civilisation».

Dans la législation française, aujourd’hui il ne reste plus grand-chose de cette loi que toute femme et homme de gauche, qualifiera d‘inique. Sauf un tout petit bout que le parlement refuse d’abroger. Celui qui permet d’interdire à une municipalité de financer de façon conséquente les bâtiments d’un collège Seaska.

Qu’un Henri Etcheto, élu PS et historien de surcroît, ose évoquer aujourd’hui le nom de Falloux, ose sans vergogne se servir de la loi Falloux pour étayer ses choix politiques, pose question. A Bayonne, de telles inconséquences ne laisseront pas indifférents les électeurs de gauche, comme les électeurs abertzale.

Retrouvez l’intégralité de cette délibération du 13 décembre 2018 ci-dessous (via la vidéo ou la retranscription des débats en PDF) :

Cliquer sur l'image pour revoir la vidéo de l'extrait concerné lors de la séance publique du jeudi 13 décembre 2018.
Cliquer sur l’image pour revoir la vidéo de l’extrait concerné lors de la séance publique du jeudi 13 décembre 2018.

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