Euskal Konfederazioa
Euskal Konfederazioa tient à réagir face au refus du Rectorat de Bordeaux de mettre en place une expérimentation d’immersion à l’école publique bilingue de Saint-Pierre d’Irube et sa volonté de s’opposer, à l’avenir, à de tels projets. Encore une attaque en règle contre le dispositif d’apprentissage immersif des langues territoriales dans l’enseignement public, régulièrement mis en doute au prétexte que la langue de la République et son enseignement seraient mis à mal avec ce modèle pédagogique.
Déjà en avril 2019 la ministre Jacqueline Gourault déclarait devant le Sénat que l’enseignement par immersion des langues régionales dans l’Éducation Nationale était anticonstitutionnel. Devant la réaction véhémente des associations et des politiques, le ministre Jean-Michel Blanquer avait clarifié la position du gouvernement dans un communiqué : “L’attractivité des langues régionales passe par les modalités d’enseignement innovantes. Chacun reconnaît l’intérêt du plurilinguisme pour le développement cognitif des enfants. Apprendre une autre langue ne nuit nullement à l’acquisition du français, bien au contraire”. Il précisait par ailleurs, qu’une évaluation nationale était en cours, qui devait mesurer précisément les effets éventuels de ce type d’enseignement sur les apprentissages, celui du français notamment.
Les arguties de l’EN
Le résultat de ces évaluations est maintenant connu, et ne fait que confirmer ce que l’expérience déjà ancienne de ce modèle a largement démontré : les élèves sortant des cursus immersifs ont des résultats équivalents à ceux du système traditionnel, quand ils ne sont pas meilleurs, y compris en français. Le gouvernement a, tour à tour, opposé aux demandes d’enseignement par immersion le manque de moyens enseignants, puis celui de l’impact négatif sur les apprentissages. C’est maintenant la loi de juillet 2019 rendant l’école obligatoire dès trois ans qui est invoquée de manière tout aussi opportuniste, pour contrer la demande sociale toujours croissante de transmission des langues régionales. La nomination d’enseignants en basque hors du Pays basque —pour enseigner en français— est un abus supplémentaire, alors que le DASEN indique ne pas pouvoir étendre des expérimentations d’immersion à la troisième année de maternelle faute d’enseignants. L’objectif de l’enseignement de la langue basque est la création de locuteurs, mais l’Éducation Nationale s’en éloigne de plus en plus.
Les ministres interpelés
Cela fait un an qu’Euskal Konfederazioa dénonce, au sein du collectif national Pour Que Vivent Nos Langues, la réforme Blanquer totalement néfaste pour les langues territoriales et dont l’une des conséquences est de décourager parents et élèves à poursuivre leur apprentissage en les dévalorisant totalement et les mettant en concurrence avec d’autres matières. Dans la même lignée, refuser l’ouverture de classes immersives dans l’enseignement public revient, purement et simplement, à priver les élèves du droit à un enseignement du basque et en basque, de qualité et donc, in fine, d’enlever à cette langue des chances de revitalisation. Alors que les bienfaits pour l’élève quant à l’acquisition plus rapide de la langue territoriale, sans préjudice du niveau de français, sont depuis longtemps constatés par les équipes éducatives concernées et les familles, pourquoi refuser ce dispositif pédagogique, si ce n’est par pure idéologie ? Derrière les discours de convenance, les conventions partenariales, les conseils académiques des langues régionales, le gouvernement ne peut cacher une réticence fondamentale vis-à-vis des langues territoriales, et une indifférence réelle à l’égard de la diversité linguistique existant sur l’Hexagone. A l’instar des associations membres d’Euskal Konfederazioa, Biga Bai et Euskal Haziak, qui sollicitent une audience auprès de la Rectrice de Bordeaux afin qu’elle revienne sur cette décision, nous demandons également que dès la rentrée prochaine cette expérimentation immersive soit mise en place à l’école publique de Saint-Pierre d’Irube. Nous sollicitons également l’implication des élu-e-s du Pays Basque et de l’OPLB afin que ce projet aboutisse et, plus généralement, à impulser de telles initiatives partout où la demande sociale est manifeste. Nous en appelons enfin à la vigilance de la société civile qui a su, dans le passé, se mobiliser fortement afin de défendre l’enseignement de la langue basque et le développement de sa pratique.