Libéralité, inégalité, taciturnité

Le siège de la Banque mondiale à Washington.
Le siège de la Banque mondiale à Washington.

Franchement, les crises, les conflits ou les guerres sont d’une grande souffrance pour la majorité d’une population. Sauf pour une minorité d’entre elle. Si l’on croit le rapport annuel de l’ONG Oxfam, (1) les grandes fortunes sont sorties renforcées de la pandémie mondiale.  » Les 1.000 personnes les plus riches du monde ont retrouvé leur niveau de richesse d’avant la pandémie en seulement neuf mois alors qu’il pourrait falloir plus de dix ans aux personnes les plus pauvres pour se relever des impacts économiques  »  s’exclame Viviane Le Guen sur le site radio France bleue le 25 janvier.  Mieux, Quentin Parrinello, porte-parole d’Oxfam France indique à France info que Bernard Arnault a vu sa fortune augmenter de plus de 40 milliards en 2020. « C’est parce qu’il y a eu une intervention publique pour protéger la dégringolade des marchés financiers et aujourd’hui il en bénéficie ». Et ces gauchistes d’économistes -Thomas Piketty ou Gabriel Zucman- n’y vont pas avec le dos de la cuillère en argent : « Il faut établir une fiscalité juste en augmentant l’impôt sur la fortune, les taxes sur les transactions financières et en prenant des mesures fortes d’éradication de l’évasion fiscale ».

Karl revient !

D’autant que même la banque mondiale s’inquiète que des centaines de millions de personnes dans le monde sont en train de basculer dans la pauvreté à cause de la crise sanitaire, et pourraient y rester pendant plus de 10 ans si on ne s’attaque pas aujourd’hui aux inégalités. Oxfam demande de mieux rémunérer les métiers qui ont leur utilité sociale. « Il faut qu’on mette les moyens non seulement pour réinvestir dans les services essentiels comme la santé mais qu’on valorise les bas salaires et les minimas sociaux pour rebâtir un modèle économique qui ne bénéficie pas uniquement à une minorité ».

L’ONG cite en exemple l’Argentine, qui a adopté en décembre une loi instituant un impôt extraordinaire sur les grandes fortunes, susceptible de rapporter 3 milliards de dollars, pour financer la lutte contre les effets de la Covid-19. « La crise du corona doit marquer un tournant dans la fiscalité des personnes et des entreprises les plus riches. Elle nous offre l’occasion d’établir enfin une fiscalité juste, de mettre fin au nivellement par le bas et d’initier un nivellement par le haut ». On peut faire confiance à l’ancien banquier Macron qui, sans nul doute, suivra les traces de l’Argentine !

Ils sont forts ces cocos !

Il y a le monde. Et il y a la Chine dont le gouvernement développe un côté pince sans rire qui force le respect et l’admiration. En effet, il n’y a officiellement en ce début 2021 dans la république populaire de Chine que 57 personnes touchées par le virus sur une population de 1 milliard 439 millions 323 mille habitants. Mieux, le nombre de personnes décédées à cause du coronavirus depuis le début de la pandémie s’élève à 4 512 victimes. (2) Thermomètre sur le gâteau, France info nous révèle ce 29 janvier que les étrangers qui arrivent sur le territoire doivent de soumettre à un nouveau test de dépistage du virus, effectué non plus dans le nez ou la gorge, mais dans le rectum ! La mesure s’applique aussi en Chine, dans des zones considérées à haut risque. Selon les autorités médicales locales, « le coronavirus reste présent plus longtemps dans l’anus que dans les voies respiratoires ». Le dépistage rectal permettrait d’augmenter le taux de détection des personnes infectées, notamment par les nouveaux virus. Il était temps d’aller se faire inoculer !

La teuf chez les keufs !

En France, le gouvernement, par l’entremise du Premier Ministre Jean Castex, souhaite en cette fin janvier « donner une chance d’éviter le confinement » tout en précisant qu’une « consigne de particulière fermeté sera appliquée pour ceux qui fraudent les règles en vigueur. Les contrôles vont être renforcés face aux dérives de quelques-uns ». Il pourra donc commencer par balayer devant sa porte car pendant ce temps-là, on fait la teuf dans les commissariats comme dans celui d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) le 22 janvier au soir, pour un pot de départ d’une collègue mutée. Tout cela à une trentaine de policiers, au rythme de la Macarena et sans masque… Est-ce que les heures sup ont été comptabilisées jusqu’à 3 heures du mat avec une attestation dérogatoire pour pouvoir rentrer à la maison ? Idem à Rethel (Ardennes) pour le départ de la sous-préfète, dans un pays où les rassemblements sont limités à six personnes depuis la mi-octobre. La fête s’est déroulée dans une salle de spectacle gérée par la mairie à une soixantaine de convives avec les autres sous-préfets, le préfet, le colonel de gendarmerie, le colonel des pompiers, un sénateur, une députée…

« Lutter c’est vivre ! »

En Iparralde, on ne se laisse pas abattre par la morosité ambiante. Des protestations naissent face à des lois liberticides profitant d’une relative apathie des réactions populaires comme la loi sur la « sécurité globale » qui donne encore plus de latitude à certains policiers de commettre des exactions. Comme il est bon de s’insurger face à l’obscurantisme d’associations catholiques intégristes qui s’opposent au projet de loi bioéthique et l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes. Comme il est légitime de protester contre la fermeture en vigueur depuis le 14 janvier des 8 points de passage sur la frontière maudite pour des pseudos raisons anti terroristes. Comme il est capital de soutenir le collectif d’habitants qui réclame le maintien du bureau de poste du quartier bayonnais du Polo Beyris qui n’est plus ouvert que 4 demi-journées par semaine. Nous en sommes même pas à lutter pour de nouveaux droits. Nous nous battons pour garder nos services publics de proximité en refusant leur marchandisation ou leur disparition. Afin de conserver, en cette période si troublée, un minimum de liens sociaux, de solidarité pour l’intérêt général et la protection des populations les plus fragiles.

ALDArrikatu !

Autre bonne nouvelle, la naissance d’Alda, un trimestriel bayonnais gratuit qui s’est donné pour ambition « d’aider les gens à s’organiser entre eux pour défendre leurs droits et régler leurs problèmes ». Vaste programme. Plus précisément, l’objectif de l’association est de défendre « les intérêts et aspirations des populations, familles, et personnes à faible et moyen revenu ». Le journal, essentiellement distribué dans les quartiers populaires, se propose de servir de relais pour « dénoncer des injustices ou des problèmes ». L’intention affichée est louable et cela donne du baume au cœur. Les ronchons diront que la police de caractère est plutôt adaptée à un public âgé, les photos immenses et ternes, et que l’ensemble manque cruellement d’humour et de fantaisie. De même, ce 8 pages de format A3 saurait souffrir de la comparaison avec un ancien « trimestriel abertzale bayonnais à parution aléatoire » qui ne remplissait assurément pas la même fonction. (3) Ce nouveau-né se déclare « indépendant de tout parti politique, ainsi que des pouvoirs publics ». Deux conclusions diamétrales à ce modeste billet : – C’est logique d’avancer masqués par les temps qui courent. – C’est dommage, cela aurait pu être un bon outil entre les mains d’abertzale (de gauche) et autres écologistes !

(1) Oxfam International est une confédération de 20 organisations caritatives indépendantes et réparties dans 66 pays à travers le monde.

(2) Source : Statista est un portail en ligne allemand offrant des statistiques issues de données provenant du secteur économique, d’instituts, d’études de marché et d’opinion.

(3) Le journal satirique Kutzu, lui aussi diffusé à 20 000 exemplaires dans les boites aux lettres de la capitale du Pays basque Nord, a sévi de 1992 à 2005.

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Une réflexion sur « Libéralité, inégalité, taciturnité »

  1. Cela commençait pourtant bien. Jean-Marc Abadie écrit que la naissance d’Alda lui semble une bonne nouvelle. Mais c’est sûr qu’on aurait imaginé des manières plus convaincantes d’illustrer ce propos que la phrase suivante sur le premier numéro de notre journal « Les ronchons diront que la police de caractère est plutôt adaptée à un public âgé, les photos immenses et ternes, et que l’ensemble manque cruellement d’humour et de fantaisie. » Pas grave, les très nombreux retours que nous avons eu dans les quartiers populaires, où nous avons distribué près de 20 000 exemplaires du numéro 1 d’Alda, nous encouragent plutôt quand à eux à continuer sur notre lancée.
    Par contre, nous avons plus de mal à avaler la petite phrase assassine du même auteur dont on se demande bien ce qu’il aurait écrit s’il avait trouvé que la naissance d’Alda était une mauvaise nouvelle : « C’est logique d’avancer masqués par les temps qui courent  » ! Nous avons du mal à comprendre comment on peut nous reprocher d’avancer masqués. Nos statuts et une charte définissant très précisément nos valeurs et nos objectifs sont disponibles à toutes et à tous sur notre site internet https://www.alda.eus/ Depuis notre naissance en octobre, malgré le contexte plus que compliqué (confinement, couvre-feu), nous allons chaque semaine auprès des habitantes et habitants des quartiers populaires de Bayonne pour nous présenter et surtout écouter ce qu’ils ont à nous dire. Et nous avons multiplié les articles et interview à la presse locale pour expliquer qui étions nous, d’où nous venions, ce que nous tentons de faire et comment nous pensons le faire. En voici quelques exemples dans la seule presse écrite (donc sans compter les divers reportages et interview données dans la même période à Euskal Irratiak, France Bleu Pays Basque, Euskal Telebista etc.) et pour le seul mois d’octobre 2020, où a eu lieu l’assemblée générale fondatrice de notre toute jeune association :
    https://www.enbata.info/articles/un-nouveau-mouvement-en-iparralde/
    https://www.mediabask.eus/fr/info_mbsk/20201009/un-nouveau-mouvement-en-pays-basque-nord
    https://www.sudouest.fr/2020/10/10/bayonne-alma-veut-reunir-les-plus-modestes-pour-peser-sur-les-quartiers-7947397-4018.php
    https://www.berria.eus/paperekoa/2003/008/001/2020-10-22/herri-xehea-antolatu-egunerokoa-alda-dadin.htm
    https://www.mediabask.eus/fr/info_mbsk/20201025/alda-veut-defendre-les-milieux-populaires-du-pays-basque-nord

    Sans rancune, et avec la ferme intention de continuer plus que jamais le travail pour lequel notre association s’est créée : défendre les intérêts et aspirations des populations, familles et personnes des classes populaires du Pays Basque nord et redonner du pouvoir à ces dernières par leur organisation collective.
    Association Alda

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