Il y a quelques semaines des banderoles anti-parisiens sont apparues sur les murs d’Urruña offrant à certains élu·es l’occasion de polémiquer inutilement sur la question. De l’opposition municipale à l’exécutif de la CAPB, certains ont voulu faire passer les abertzale de gauche pour des personnes fermées, xénophobes et repliées sur elles-mêmes.
Le Pays Basque Nord est un territoire qui attire de nouvelles populations, c’est un fait indéniable que personne ne discute. D’ailleurs, le diagnostic du Programme Local de l’Habitat (PLH) le confirme, chiffres à l’appui.
Mon grand-père avait vu tellement de ses copains ou cousins quitter le Pays Basque en recherche d’un emploi, d’un meilleur niveau de vie ou pour certains d’un rêve américain souvent inaccessible ou illusoire, que voir aujourd’hui des gens vanter la qualité de vie ou la culture aurait de quoi le faire sourire. Enfin, façon de parler parce que les conséquences ne sont pas anodines.
Le problème c’est la spéculation immobilière! Ce phénomène alimenté par des prédateurs immobiliers sans scrupule, devient le fléau principal pour la population locale et en particulier les plus précaires qui sont tout simplement condamné.es à vivre dans des conditions lamentables, voire même à s’exiler.
Mais contrairement à ce que certains élu.es ont voulu faire croire, la question n’est pas de savoir s’il faut monter des murs à Tarnos, Arette ou encore à Labastide- Villefranche. Il ne s’agit pas non plus de savoir s’il faut refuser les gens qui viennent s’installer vivre ici. Et j’entends bien par là des gens qui véritablement viennent s’intégrer en prenant une part active dans le tissu associatif, qui travaillent ici et scolarisent leurs enfants dans nos écoles. De nouveaux habitant·es qui apprennent l’euskara, consomment local, utilisent l’Eusko et passent à Enargia et en tout cas pas des gens qui viennent “consommer passivement” le Pays Basque.
L’envahisseur n’est pas la personne extérieure qui vient vivre et faire vivre le Pays Basque, l’envahisseur, c’est l’argent. Ce pognon qui aujourd’hui met à la porte de chez elle toute une partie d’une génération chassée vers l’Intérieur du Pays Basque dans le meilleur des cas ou tout simplement hors d’Iparralde. Cet argent qui permet d’acheter le mètre carré à des prix dépassant l’entendable, ce capital et l’appât du gain qui poussent certain·es à vendre, à spéculer à grands coups de millions comme ils feraient une partie de Monopoly.
Le problème est que nous sommes dans une véritable impasse politique. Le PLH voté le samedi 10 avril dernier prévoit encore la production de plus de 16.000 logements d’ici 2026. Certes, cela constitue un léger infléchissement comparé à ces dernières années avec également une augmentation de la part de logements sociaux. Tout n’est pas à jeter dans ce document, loin de là, mais il ne permet pas pour autant de développer une réponse politique à la hauteur de l’ambition qui est la nôtre.
Les solutions sont locales, du niveau de la Communauté Pays Basque mais également municipales. Elles sont aussi législatives et ces prochains mois seront déterminants pour construire un discours cohérent et largement partagé pour peser sur les débats hexagonaux.
Aujourd’hui, l’afflux de population extérieure est tellement important et tellement rapide que ce sont clairement les équilibres de notre société d’Iparralde qui sont en jeu. Le risque de voir une déstructuration majeure de notre société est immense. Les plus pauvres ont déjà toutes les difficultés possibles et imaginables pour vivre en Pays Basque, le parcours résidentiel est en panne et ne permet plus aux jeunes et moins jeunes de se loger dignement.
Une Consultation populaire sur le logement
sera lancée ces jours prochains
pour recueillir des témoignages et contributions
sur la question de l’accès au logement.
Au moment où les élu·es votaient le PLH à la CAPB, 150 personnes répondaient à l’appel d’EHBAI pour défendre le droit au logement. Une Consultation populaire sur le logement sera lancée ces jours prochains, pour recueillir des témoignages et contributions sur la question de l’accès au logement. Cette campagne se poursuivra avec des actions de dénonciations et des mobilisations populaires. En point d’orgue, une manifestation est prévue en novembre qui vise à être co-organisée entre différents mouvements, collectifs ou associations. Toutes les bonnes volontés seront nécessaires pour faire face à la bulle spéculative et à ce système immobilier infernal auquel nous nous attaquons collectivement!
Merci pour votre travail de qualité.
J’étais plutôt d’accord avec votre article jusqu’à cette phrase… « Et j’entends bien par là des gens qui véritablement viennent s’intégrer en prenant une part active dans le tissu associatif, qui travaillent ici et scolarisent leurs enfants dans nos écoles. De nouveaux habitant·es qui apprennent l’euskara, consomment local, utilisent l’Eusko et passent à Enargia et en tout cas pas des gens qui viennent “consommer passivement” le Pays Basque ».
Et là j’hallucine… On doit donc recevoir un certificat de bonne citoyenneté ‘basque’ pour s’installer ici?? Mais de quel droit? Déjà, si l’on suit votre raisonnement, peut-être 80% des habitants devraient partir (estimation grossière mais bon, la majorité en tout cas). Tous ceux qui ne parlent pas basque, n’utilisent pas l’eusko et n’ont pas de contrat Energia. et n’ont pas leurs enfants dans une ikastola, car j’imagine que c’est ce que vous vouliez dire avec ‘nos écoles’. Je suis né ici, de parents non basques, je n’utilise pas l’eusko mais j’achète local autant que je peux. J’ai un contrat EDF et ne compte pas en changer. Je paie mes impôts locaux, je fais tout ce que je peux pour préserver l’environnement, je suis membre du conseil de développement, j’ai de nombreux amis basques et j’ai quelque connaissance sur la culture, mais je ne compte pas apprendre la langue basque, voilà (j’en pratique déjà 5 et cela me suffit). Je parcours le PB d’un côté à l’autre allégrement et j’aime cette ‘terre’. C’est aussi ma ‘terre’, ne vous en déplaise. Enfin, on ne possède pas une terre, ni une région, ni vous ni moi, on en est juste des occupants temporaires. Le monde est fait de migration, l’a toujours été, et le sera pour longtemps encore – malgré les efforts de certains comme vous d’édifier des frontières identitaires. Consternant.
Très intéressant commentaire: vous notez des exemples relevant de l’engagement associatif et culturel (par rapport auxquels vous vous sentez apparemment visé, pour des raisons qui vous appartiennent et que je ne juge pas), puis vous glissez sur “frontières identitaires”, le tout en réponse à un article expliquant par le menu qu’il ne s’agit justement pas de monter des murs. Fallait le faire!
Pour ma part je n’ai pas non plus de contrat chez Enargia, la moitié de mes ancêtres vivait à 3000km du Pays Basque, mais je suis actif localement de diverses façons et ne me sens nullement menacé de non-certification. Arrêtons de voir des menaces imaginaires n’importe où, les réelles sont bien assez nombreuses comme ça.
Vous vivez au pays basque et vous revendiquez ne pas vouloir apprendre l’euskara, participant ainsi à faire disparaitre une langue, et à terme une nation: cela s’appelle du colonialisme.
tous les migrants du monde sont les bienvenus au pays basque, puisqu’il leur suffit d’apprendre l’euskara (et de vivre/travailler ici…) pour être membre de la communauté nationale basque.
Les 80% qui ne parle pas basque vont rester même sans apprendre l’euskara, puisque l’état français s’assure que l’on puisse vivre au pays basque sans avoir besoin de parler l’euskara. mais sachez que toute langue, et donc toute communauté linguistique, et donc toute nation, à besoin d’un territoire dans lequel il puisse vivre, sans être sous la domination d’une autre nation.
Et donc sachez, que par vos choix linguistiques vous participez, à aggraver cette domination.
Les 80 % qui ne parlent pas ne sont pas tous dans votre situation: certains ne savent même pas que l’euskara existe (merci la France), d’autres sont noyés dans leurs problèmes, leurs quotidiens (merci le capitalisme).
Vous vous savez que l’euskara et que les bascophones existent, et vous en avez appris 4 autres, donc pas d’excuse.
et donc sachez que tant que vous vivrez ici, avec ces choix là, vous trouverez un paquet de monde, encore longtemps, pour vous rappeler que vous avez un comportement de colon.
Pasa gau on (ça veut dire bonne nuit).
Très bon article… S’il était écrit à Saint Tropez.. Vous oubliez une problématique importante qui est celle de la nation basque, notre identité. Ce n’est pas un hasard si ce sont en majorité écrasante des français qui viennent acheter, et parfois s’installer ici, se croyant chez eux voir supérieurs à nous.
Je pense que le communiqué qui suivait les banderoles traite mieux le sujet.