Retour sur les incidents qui ont émaillé le 14 juillet à Saint-Jean-de-Luz. Qu’est ce qui a déclenché cette subite tension ? Où s’arrête la liberté d’expression ? En tentant de répondre à ces questions, voici un autre éclairage sur cette journée particulière.
Le 14 juillet dernier restera au Pays Basque marqué par les images navrantes venues de Saint-Jean-de-Luz, où l’on aura vu un maire arracher une banderole en marge d’une manifestation, puis se faire bousculer par les manifestants jusqu’à devoir se retrancher à l’intérieur de la mairie sous les huées, non sans brandir un bien peu glorieux doigt d’honneur. L’événement a fait couler beaucoup d’encre, mais à mon sens entre revendications des manifestants et opération de sauvetage de la Droite locale, le plus important est passé à la trappe.
Garantir l’ordre ou le troubler ?
Les faits sont connus de tous, du moins les versions que chaque partie prenante a choisi d’en donner. Mon but ici n’est pas de revenir sur la question de savoir qui a raison ou tort sur le fond (“ici c’est la France ou pas ?”) ni sur la réalité des violences (une enquête a été ouverte, dont on ne peut qu’espérer qu’elle ait bien pour but d’établir la vérité). Il va sans dire que je déplore ces violences, d’où qu’elles aient pu survenir. La question que je me pose est plutôt celle de savoir ce que le maire de Saint- Jean-de-Luz venait bien faire dans cette histoire, et si son intervention était légitime. Disant cela, je précise que je me cantonne donc à ce qui s’est passé juste avant le début des bousculades et à ce qui a provoqué celles-ci. Je n’entre pas non plus dans ce débat en défense de cette manifestation à laquelle ni mon groupe municipal ni mon parti politique n’avaient appelé, encore moins quand j’ai appris quelles âneries ont parfois pu être scandées avant son arrivée sur la place ; le monde abertzale est assez vaste et divers pour que ses membres ne soient pas d’accord sur tout, loin s’en faut.
Sur la tension et la violence, d’abord. C’est la troisième fois que ce genre de manifestation est organisée à Saint-Jean-de-Luz le 14 juillet, toujours avec le même message, et elles n’avaient jamais dégénéré. Cette année encore, tout se passait dans le calme. Il suffit de regarder la photo que le maire lui-même a choisi de montrer sur sa page facebook : à voir la panique dans les yeux de ce policier débonnairement appuyé sur la grille de la mairie, bras croisés, pendant qu’une jeune manifestante scotche tranquillement la banderole à deux mètres de lui, on mesure le niveau réel de tension avant l’arrivée de Jean-François Irigoyen, qui considérait peut-être que le rôle d’un maire est de garantir l’ordre voire parfois de le troubler.
Rien ne justifiait
l’intervention intempestive
du maire à Saint- Jean-de-Luz le 14 juillet,
et d’ailleurs rien ne le justifierait
même s’il s’agissait d’autres couleurs politiques
ou d’autres messages.
Y aurait-il eu d’ailleurs ordre à rétablir que la question se poserait malgré tout : la Police étant déjà présente sur les lieux, n’aurait-il pas été de son rôle à elle d’intervenir, puis éventuellement celui de la Justice, et non du sien ? En grossissant (à peine) le trait, serait-ce à Anne Hidalgo de défendre l’Hôtel de Ville de Paris, surtout toute seule, lors de chaque manifestation ? Quant à la tension qui s’est ensuivie, bien réelle celle-ci, elle était alors inévitable. Imagine-t-on des manifestants rester muets tandis qu’on leur arrache leur banderole sous les yeux, surtout lorsque l’on rappelle qu’on ne parle pas ici de l’amicale bouliste locale ? Quelles que soient les raisons ayant poussé le maire à intervenir – en espérant que celles-ci soient effectivement mues par la Raison –, c’est bien lui qui a mis le feu aux poudres puis s’y est brûlé. Condamner les violences qu’il aura pu subir ensuite est normal, mais cela ne doit pas pour autant le dédouaner de sa responsabilité dans leur survenue.
Expression libre sur une maison commune
Reste alors la question de la légitimité de ladite intervention. Jean-François Irigoyen et ses soutiens arguent du fait qu’il est normal d’agir quand une banderole insulte la nation française et son drapeau le jour du 14 juillet. Encore une fois, répétons qu’il ne s’agit pas ici de savoir si le message des manifestants était opportun ou pas, il s’agit de poser la question de leur droit à s’exprimer sans que le maire vienne s’interposer. Pour ma part, j’affirme que ce droit ne s’arrête qu’aux limites classiques (apologie de la violence ou du racisme, etc.). Sinon par quoi d’autre devrait-il donc être borné ? La liberté d’expression à Saint-Jean-de-Luz s’arrêterait-elle aux idées du maire de la ville ? Si tel est le cas, ce n’est alors pas la peine de clamer, à d’autres occasions bien plus dramatiques, que le droit à la provocation, au blasphème, au mauvais goût ou à quelque autre idée est libre voire sacré en France.
La liberté n’est pas sécable en fonction des lieux, des moments, des thèmes ou de l’opinion du maire local. En tant que représentation des institutions, les mairies, sous-préfectures ou préfectures sont souvent le lieu d’expression des idées, et scotcher une banderole sur les grilles n’est pas la plus “outrancière” de ces expressions, il me semble même qu’on a vu des élus y poser des parpaings il n’y a pas si longtemps… Rien que de plus normal dans ces “maisons communes”.
“Je ne suis pas d’accord avec vous mais, etc. etc.”
À l’heure actuelle, on manifeste librement pour une multitude d’idées, y compris pour certaines qui portent potentiellement atteinte à la santé publique, ce qui me semble peut-être moins puissant au niveau des symboles mais bien plus grave au niveau des conséquences. Et cela n’en est pas moins parfaitement légitime tant que des avis contraires peuvent également s’exprimer, l’opinion citoyenne étant seule juge. Rien ne justifiait l’intervention intempestive – et si bizarrement individuelle – du maire à Saint-Jean-de-Luz le 14 juillet, et d’ailleurs rien ne le justifierait même s’il s’agissait d’autres couleurs politiques ou d’autres messages. Sans cette initiative, tout un chacun aurait pu juger de l’intelligence ou au contraire de la bêtise du message diffusé ce jour-là, sur le fond et la forme de ce message et non sur les événements qui les ont accompagnés. Je ne pense pas que cet événement soit si anodin que cela. Pas seulement l’événement lui-même, mais aussi le soutien si unanime qu’il a suscité parmi les élus locaux jusque dans une motion en conseil communautaire, considérant que les quolibets lancés à un maire étaient plus graves que sa propre tentative d’empêcher des manifestants de s’exprimer. Et dire que demain tout le monde citera à nouveau Voltaire ; bien peu importe, vu le niveau de contradiction, que la citation soit apocryphe…
L’expression du » syndrome de Peter » autrement appelé « maladie du petit chef «
Le EAJ-PNB participe aux actions de concertation avec les autres partis politiques de la France afin d´inserer le Pays Basque dans un mouvement de réconaissance régionale en plein essor.
Iparraldeko EAJk euskal Departamentua eta elebitasuna (Euskara/Français) erreibindikatzen ditu.
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