Ez adiorik

Gillermo
Miguel Torre (a créé et dirige la chorale Lau Haizetara)

Euskarak eragile eta egile sendoena galdu du, Lau Haizetara abesbatza hastapenetik izan den zutabe bat eta lagunok egiazko lagun bat. L’euskara perd un de ses acteurs et instigateurs parmi les plus infatigables ; notre chorale Lau Haizetara, un pilier depuis les origines (un autre, Pinpo, nous a quittés aussi la semaine dernière) ; et surtout nous avons perdu un grand ami.

La vie de Guillermo a été liée, associée, attachée à l’euskara et à son enseignement ; ils ont été interdépendants l’un de l’autre. L’euskara a été sa vie. Son implication a été sans faille, constante, acharnée, avec une exigence personnelle sans limites. Il a été professeur à Seaska pendant plus de 40 ans à tous les niveaux de l’enseignement : maternelle, primaire, secondaire ; dix ans Proviseur de Bernat Etxepare Lizeoa. Des centaines d’élèves sont passées par ses cours d’euskara.

En 1991 il soutient sa thèse de doctorat « Recherche sur l’enseignement de la langue basque en Pays Basque de France ». Mais notre docteur n’a pas été « qu’un » enseignant de la langue il a été aussi un promoteur de réalisations concrètes qui ont assuré en quelque sorte l’avenir de cette langue et c’est dans ces réalisations concrètes que s’est manifesté le vrai Guillermo.

Et là j’ai découvert le Guillermo créateur, sortzaile, instigateur, bultzatzaile, travailleur, langile, infatigable, constant ; meneur, exigeant avec lui-même et avec les autres, l’engagement dans la bonne humeur, avec un peu de patxaran et de txorizo à l’occasion ; stakhanoviste de la marche à pied. Et, aspect fondamental, convaincu de la nécessité de travailler collectivement.

J’ai eu la chance, comme d’autres l’ont eue, de pouvoir collaborer avec lui dans toutes ces réalisations : la création de Biltxoko, la construction du collège Xalbador à Kanbo, Herri Urrats, la formation de notre chorale Lau Haizetara …

Un mot sur la construction de Xalbador, paradigme de ce que j’écris : nous avions acheté « Nere Pentzea » à Kanbo pour y installer le collège de Seaska, mais peu de temps après nous nous sommes aperçus que la croissance de Seaska avait besoin de pousser les murs et nous avons décidé de construire un collège sur le terrain existant. Pas d’argent. Peu importe. Nous créons Herri Urrats.

Et puis on exige aux banques des emprunts. Et certains mettent leurs maisons en hypothèque. Michel Berger nous fait les plans (sans toucher un kopeck, le pauvre). Guillermo met en marche les tours de travail des parents et des bienfaiteurs ; mais non du type « Peio tu peux venir samedi travailler à la toupie » ?. Non : « Peio, demain tu viens travailler, avec untel et untel, c’est votre tour ». Et ainsi, entre professionnels de la construction payés au lance-pierres ; parents et amis qui pendant les week-ends et les vacances, ou la brigade de Arrasate qui chaque été venait par dizaines en payant leur séjour… en échange de leur travail bénévole, le collège fut construit. Une espèce de STO volontaire !

Là Guillermo a été génial : il faisait les appels, tout le monde venait, les achats, le suivi des travaux, le premier travailleur étant lui-même, toujours avec son grand sourire, content (et nous aussi) de ce à quoi pouvait nous mener un travail collectif, dur mais consenti. Bon, j’avoue, c’était bien payé : Aña Mari préparait le repas de midi et le soir, entre chants sans fin et un bol de Ricard avec 30 glaçons, on se quittait jusqu’au week-end suivant.

Le matin même de sa mort, il envoyait encore à Xantal, comme à des dizaines d’autres personnes, les deux pièces jointes quotidiennes pour enrichir son vocabulaire en basque « Gaurko hitza » et parfaire la correction grammaticale « Euskara hobetzen ».

Ez adiorik Giller

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5 réflexions sur « Ez adiorik »

  1. C’est un grand bonheur de lire cet article et de voir que le bien faire , les bonnes volontés , l’espoir , toutes ces valeurs auxquelles j’ai cru dans ma jeunesse, inspirent encore les gens de mon pays .merci à vous .

  2. Milesker Miguel, berarentzat ! Ez zian sekulan eskerrik goiatatzen, berak erraiten zian zorrak bagintuela euskarari ! Hitz horiek Aturri Ondokari entzunak bere ahotik !
    Hire letra unkigarria duk

  3. Ez adiorik, Gillermo. Atxik ezazu irri eder hori betirako.

Les commentaires sont fermés.