Le 1er juin dernier, 6000 personnes défilaient dans les rues de Bayonne en faveur de la Collectivité Territoriale spécifique. Et ceci, à l’appel de la Coordination territoriale regroupant le Conseil des Elus, le Conseil de Développement, Batera, la CCI et le Biltzar des Maires.
La manifestation s’achevait avec la lecture d’un message adressé au Président de la République où étaient bien précisé que «Le Pays Basque a élaboré un projet moderne pour son avenir. Le Pays Basque exprime ici sa volonté de façon démocratique et consensuelle.». Ce message terminait par la demande suivante « Monsieur le Président, soyez audacieux, prenez au sérieux la demande de ce territoire et offrez-lui la réponse politique qui s’impose :une collectivité territoriale pour le Pays Basque, maintenant ! ».
Moins de 48 heures après la manifestation, le quotidien Berria révélait que le 24 mai dernier, la sénatrice des Pyrénées-Atlantiques Frédérique Espagnac déposait un amendement au Sénat concernant la création d’un « Pôle d’Aménagement et de Coopération du Pays Basque » et visant à transformer au 1er janvier 2015 la structure associative porteuse du pays «Pays Basque». L’amendement a été adopté le jeudi 6 juin au Sénat : www.senat.fr/amendements/2012-2013/581/Amdt_622.html.
Cela fait une semaine maintenant que l’initiative apporte plus de questions que de réponse, et ce malgré la conférence de presse d’explication de vendredi dernier où Frédérique Espagnac s’est présentée aux médias avec la députée Sylviane Alaux et l’ancienne secrétaire d’état Nicole Péry.
A l’occasion de cette conférence de presse, l’amendement, « qui ne correspond pas à ce qui avait été demandé » a été présenté comme « une « avancée »« , car « grâce à lui, le Conseil des élus et le Conseil de développement devraient continuer d’exister » a souligné Frédérique Espagnac. De même, a été précisé le fait que “le pôle est une étape avant la collectivité. La mobilisation doit continuer.”
“Nous ne soutenons pas cet amendement ni sur la forme ni sur le fond”, a affirmé Jakes Bortayrou de Batera. Celui-ci détaille : “Il s’agit d’une initiative personnelle. Ce n’est pas le projet sur lequel ont travaillé pendant un et demi les Conseils de développement et des élus et porté par la Coordination. Ce n’est pas pour ça qu’ont signé plus de 100 maires ni que 6 000 personnes se sont mobilisées. Sur le fond, il s’agit de quelque chose de compliqué où l’on crée un nouveau syndicat mixte par la loi, mais où il faudra ensuite que les élus des dix intercommunalités votent à la majorité très qualifiée les compétences qu’ils veulent avoir.” De plus, toujours selon J. Bortayrou, “il n’y aura ni assemblée élue ni budget propre”.
Si la Collectivité Territoriale est « simplificatrice, plus démocratique (le vote) » et supprime des strates de décisions, dans le cas du Pôle d’Aménagement et de Coopération, c’est le contraire, selon Martine Bisauta de Batera
La Plate-forme appelle à poursuivre le combat en faveur d’une Collectivité territoriale Pays Basque et à « exiger encore et encore une réponse politique« . Une Assemblée générale est prévue le 13 juillet à Espelette pour dresser un bilan et décider de la suite.
Au nom d’ EH Bai, Peio Etcheverry-Ainchart déplore lui aussi cette attitude individuelle : “Pour que la mobilisation continue de se développer, il faut éviter de la casser par des initiatives intempestives, du type de cet amendement. Il porte en germe la division du mouvement.” En soulignant encore une fois : “Une question est toujours posée au président Hollande, elle concerne la collectivité territoriale. Rien d’autre.”
A défaut d’avoir « la réponse politique qui s’impose» de la part du Président de la République, il faudra attendre les détails concernant les prochaines étapes définies par la Coordination Territoriale Pays Basque sur la Collectivité Territoriale. Pour que la voie discordante, n’amène pas le Pays Basque sur une voie sans issue.