L’introduction de la langue anglaise comme langue d’enseignement au plus haut niveau des universités françaises, prévue par la loi Fioraso, suscite chez les intellecteurs de l’Hexagone de la perplexité si ce n’est une réaction de rejet.
Nous, Basques, dont la langue est volontairement minorisée par cette même élite, nous observons la querelle, amusés et narquois. De grands professeurs, pour certains -comble de l’ironie – enseignants dans des universités américaines, disent qu’il s’agit là d’un danger mortel pour la langue de Molière. Qu’ont dû dire les Grecs, seingeurs de la pensée, des sciences et des arts, lorsque le latin les a dépossédé de leur magistère ?
La langue maladroite des parvenus s’est imposée dans l’occident comme celle des lois, des armes et de Dieu !
Et voilà que, des siècles plus tard, ce langage universel, apanage des universités naissantes, a été insidieusement supplanté par d’insupportables baragouins, des patois eux-mêmes issus de dialectes maltraités et déformés.
La langue d’oil s’est ainsi imposée au détriment d’ailleurs de la langue d’oc, celle des troubadours et d’Aliénor.
Le gascon, entre autres, cher à Michel Serres, n’est pas mort, comme il le prétend, de son incapacité à dire « polyèdre, ADN, ordinateur ou galaxie« . Il suffit généralement de les reprendre tels quels du grec ou du latin. C’est ce qu’ont fait nos langues actuelles, quand elles n’ont pas inventé leur propre lexique. Demandez à l’hébreu du Talmud comment ils est devenu l’hébreu de l’Israël moderne.
Au fond, les Français pleurent leur hégémonie perdue.
La langue coloniale ne serait plus que celle d’un peuple colonisé. Une puissance remplacerait l’autre. A moins que, prenant exemple sur nous, survienne le sursaut : « Aux armes citoyens ! ».