La CAPB s’est lancée dans l’élaboration d’un règlement local de publicité (RLPi) commun aux 158 communes de notre territoire. Ce document permettra de définir les conditions d’implantation et les formats de la publicité, des enseignes et des pré-enseignes visibles depuis la voie publique.
Les impacts visuels des publicités peuvent être désastreux, avec des entrées de ville défigurées par des affichages immondes. Les publicités lumineuses sont une aberration écologique, avec un gâchis d’énergie.
Un nouveau règlement de publicité en cours de réflexion Les objectifs visés par la CAPB sont multiples : protéger notre cadre de vie et nos paysages en encadrant les lieux où la publicité aurait sa place tout en trouvant un équilibre avec le développement économique du territoire, réglementer les nouveaux procédés (notamment numériques) et intégrer les exigences environnementales et de développement durable (on pense surtout aux enseignes lumineuses).
L’approbation de ce RLPi est prévue pour 2026. Tout au long de son élaboration, la CAPB affiche la volonté d’associer largement les habitants, mais également les associations, les commerçants, les annonceurs et les communes. Un site internet dédié permet de poster des observations (rlpi- paysbasque.communaute-paysbasque. fr.). Le collectif Stop pub Pays Basque Adour composé de Bizi!, du CADE, de Résistance à l’agression publicitaire Pays Basque, de Paysages de France a initié une première pétition spécifique sur l’interdiction des enseignes lumineuses qui recueille déjà plus de 3.000 signatures, preuve que la préoccupation est largement partagée.
Bien choisir ses emplacements pour protéger ses priorités politiques…
Les objectifs de ce RLPi sont bien entendu pertinents. Les impacts visuels des publicités peuvent être désastreux, avec des entrées de ville défigurées par des affichages immondes. Les publicités lumineuses sont une aberration écologique, avec un gâchis d’énergie auquel s’ajoute une pollution lumineuse perturbant humains et animaux, notamment insectes. Certains sites de patrimoine urbain méritent d’être protégés de tout affichage publicitaire. Il y a cependant un paramètre supplémentaire qu’il serait intéressant d’intégrer à la réflexion : la manière dont la publicité interfère et contrecarre les politiques publiques. Prenons l’exemple de publicités incitant à des consommations combattues par les politiques de Santé publique. Quel levier le RLPi peut-il actionner pour les limiter ? Il ne peut malheureusement pas réglementer le contenu de la publicité elle-même. Le levier d’action qui reste, c’est la possibilité d’interdire la publicité à certains endroits. Si on ne veut pas voir à la sortie des lycées des incitations à boire de l’alcool, ou près des écoles des tentations de malbouffe par exemple, il ne reste plus qu’à interdire les panneaux publicitaires à la sortie des établissements scolaires. C’est ce qu’a fait la métropole de Nantes en interdisant les publicités dans un périmètre de 50 mètres autour des écoles et collèges.
… et résister aux contrats sur les mobiliers urbains
Un autre exemple dans le domaine du combat contre les inégalités entre les femmes et les hommes dans l’espace public illustre l’importance des effets néfastes de la publicité. Lors d’une table ronde organisée par le Conseil de Développement du Pays Basque en 2020, Claudy Vouhé, spécialiste de l’intégration du genre dans les politiques publiques, expliquait que la publicité présente dans les abribus affichait souvent des marques de sous-vêtements féminins, dévoilant le corps de femmes à moitié nues. Cette pollution sexiste est source de réflexions déplacées auxquelles sont soumises des femmes présentes dans l’abribus. Certaines décident alors de limiter leurs déplacements au strict nécessaire par crainte de ces situations engendrant de l’insécurité, et de rester à la maison pendant leurs moments libres.
À défaut de pouvoir contrôler les messages publicitaires, un RLPi doit aussi proposer des solutions alternatives à ces publicités présentes sur le mobilier urbain qui fait l’objet de contrats particuliers (et qui ont malheureusement été renouvelés en 2016 entre JC. Decaux et Bayonne pour 18 ans, Anglet pour 15 ans et le Syndicat des mobilités pour 17 ans). Si une ambition de maîtriser des priorités politiques est intégrée dans l’élaboration du RLPi -égalité femmes hommes, santé, ou toute autre priorité-, le RLPi deviendra alors également un outil renforçant des volontés politiques. Chacun peut maintenant y réfléchir, rejoindre le collectif Stop pub, et participer avec la CAPB à l’élaboration de ce règlement.
Trop tard, ce n’est pas de la « pub », c’est de l’affichage et c’est merdique depuis plus de trente ans et même un record de France sur le littoral vendu au diable. Courage et vaillance. pmE