“ETA a décidé l’arrêt définitif de son activité armée. ETA lance un appel aux gouvernements d’Espagne et de France pour ouvrir un processus de dialogue direct qui aura comme objectif la résolution des conséquences du conflit et, de ce fait, le dépassement de la confrontation armée. A travers cette déclaration historique, ETA montre son engagement clair, ferme et définitif.” C’est par cette déclaration historique du 20 octobre 2011, que l’organisation armée ETA ouvre la porte au processus de dialogue entre les gouvernements espagnol et français, répondant favorablement au point 1 d’Aiete. Une décision résultant d’un débat stratégique enclenché quelques années auparavant par l’ensemble des composantes de la gauche abertzale.
Un engagement pris et respecté.
En effet dix ans après la Conférence Internationale Aiete, c’est aussi la confirmation d’un engagement pris, une parole donnée et respectée, de la part de l’ensemble de la gauche indépendantiste. Tout au long de ces dix années, la gauche indépendantiste a pris des risques, tout en faisant preuve d’initiatives face à l’immobilisme des États. Face à ce statu quo et en refusant le renoncement, l’ETA, l’EPPK(*), l’EIPK(**) et plus globalement l’ensemble de la gauche abertzale a construit avec la société civile basque une voie pour la mise en place de conditions pour une résolution politique et démocratique de ce conflit. Depuis le désarmement civil, en passant par les débats internes menés par les collectifs des prisonniers et exilés politiques, un changement de paradigme s’est opéré. De l’unilatéralité de l’ETA et de la gauche indépendantiste, à celle d’un territoire face à la déraison des États. 10 ans après, le 18 octobre dernier, par une déclaration solennelle à Aiete, la gauche indépendantiste a avancé, avancé pour l’ensemble de la société basque. Car oui, nous savons ce qu’est la douleur, la souffrance, la peine, la colère. Oui, nous savons ce qu’est l’empathie, nous savons plus que personne que la reconnaissance des victimes est fondamentale.
Un silence, une non-gestion coupable!
Pour Iparralde, celle d’un État français, irresponsable et lâche, qui a été poussé dans ses derniers retranchements avant de finalement intervenir sur la question du désarmement et sur le volet du rapprochement. Mais le gouvernement français a laissé le pôle antiterroriste prendre le dessus sur question des prisonniers et exilés politiques basques. Séparation de pouvoir ? Inertie, lâcheté ? Ou tout simplement l’expression de cette incapacité de l’État, du gouvernement et spécialement de Macron à porter de solutions démocratiques à notre territoire. 31 années et demi, c’est le temps qui s’est écoulé depuis l’arrestation de Jon, Jakes, Unai et Xistor, 31 années d’enfermement, 31 années subies par leurs familles. Ce mépris et ce silence du Président de la République face à l’exigence de ce Pays est insupportable et le rend coupable de cette condamnation à mort qui ne porte pas son nom.
Nous ne renoncerons pas !
Nous le réaffirmons une fois de plus et une fois encore, nous n’abandonnerons jamais les prisonniers et exilés. Ainsi, nous serons auprès de Bake Bidea et des Artisans de la paix, qui ont clairement exprimé leur volonté d’ouvrir un nouveau cycle de mobilisation. Audace et risque ont-ils dit. Nous serons présents.
(*) Collectif des prisonniers politiques basques
(**) Collectif des exilés politiques basques