2015, l’année des conversions

SablesBitumineux
Selon Greenpeace, l’exploitation des sables bitumineux principalement dans la région d’Alberta est une catastrophe écologique mondiale. L’ONG dénonce une industrie qui transforme rivières et lacs en égout, une récupération du bitume englué dans la glaise qui nécessite des techniques coûteuses mais aussi dangereuses et extrêmement polluantes. Sans parler des effets terrifiants sur la santé des nations Premières qui vivent sur ces territoires.

Lors de son discours d’ouverture de la troisième conférence environnementale, le président de la République a annoncé sa volonté de parvenir à un accord historique sur le climat. En opportunité le voilà qui se positionne sur la transition énergétique et écologique souhaitant « laisser sa trace dans l’Histoire”… La conférence mondiale qui se tiendra à Paris fin 2015 va sans doute jeter des milliers de nouveaux convertis sur le chemin vertueux qu’ils ont soigneusement évité d’emprunter jusqu’ici !

L’intention serait louable si elle reposait sur une conviction profonde que le temps d’agir est plus que venu et si on pouvait imaginer que cela entraînerait des actes forts et efficaces. Depuis Copenhague, les décisions prises au plus haut niveau de l’Etat, n’ont pas été de nature à démontrer que la prise de conscience était à la hauteur des enjeux. Les reculades sont légions, et en faire un bilan exhaustif serait fastidieux. Le feuilleton de l’écotaxe (plus judicieusement rebaptisée pollutaxe) en est un exemple retentissant. Cédant de façon lamentable à des lobbies de tous poils et de tous ordres, le gouvernement a démontré que le climat peut bien attendre et qu’il vaut mieux satisfaire dans l’immédiat des intérêts à court terme. Une autre façon de laisser sa trace dans l’Histoire… Du temps perdu, il y en a maintenant presque deux décennies. Qui se souvient du protocole de Kyoto en 1997 ? Ont suivi de multiples conférences mondiales qui se sont toutes soldées par des engagements minimalistes et de plus non tenus !

A ce jour plus personne ou presque ne conteste sérieusement le lien entre les activités humaines et l’augmentation observée des gaz à effet de serre. Ces dernières années, la raréfaction prévisible des énergies fossiles, le prix sans cesse accru du pétrole amenait peu à peu l’idée d’une transition énergétique indispensable. Ce que l’on se refusait de faire pour des raisons écologiques commençait à pointer son nez pour des raisons  économiques. Mais l’exploitation massive des hydrocarbures de schiste aux Etats-Unis est venue bousculer ces prévisions. Selon l’Agence internationale de l’énergie, les USA ont devancé en septembre la production de l’Arabie Saoudite et le député PS Barbier, rapporteur d’une mission parlementaire écrit : « les hydrocarbures de schiste sont bel et bien l’étincelle qui a rallumé la croissance américaine”. Bien entendu le discours est
strictement économique et sans aucune préoccupation écologique !

Dans le même esprit, et dans le silence remarquable des médias français, le Parlement européen a donné son feu vert le 17 décembre au « pétrole sale” du Canada. Selon Greenpeace, l’exploitation des sables bitumineux principalement dans la région d’Alberta est une catastrophe écologique mondiale. L’ONG dénonce une industrie qui transforme rivières et lacs en égout, une récupération du bitume englué dans la glaise qui nécessite des techniques coûteuses mais aussi dangereuses et extrêmement polluantes. Sans parler des effets terrifiants sur la santé des nations Premières qui vivent sur ces territoires.

A quelques voix près, le Parlement a fait machine arrière par rapport à sa position antérieure sur le sujet et a décidé « de ne pas opérer une différentiation de l’intensité d’émission des gaz à effet de serre des carburants en fonction de la source de la matière première car cela ne serait pas sans conséquence pour les investissements actuels dans certaines raffineries de l’Union”. Qu’en termes délicats ces horreurs sont dites !

Depuis 2011, une directive européenne pénalisait ces hydrocarbures en leur affectant une intensité carbone c’est-à-dire en prenant en compte une valeur d’émission de CO2 supérieure de 22% au pétrole brut ordinaire. Le but étant de dissuader les pétroliers d’incorporer des huiles de sables bitumineux dans les carburants utilisés en Europe. (source Le Monde Planète).

A l’évidence, l’esprit de Paris n’a pas encore affecté tout le monde et il serait intéressant de connaître les votes de nos député-e-s face à cette nouvelle capitulation devant la puissance de Total et consorts…

A l’évidence aussi, la récente conversion de François Hollande ne perturbe pas outre mesure, les parlementaires de l’Union, à moins que ceux-ci comme des milliers d’autres attendent les douze coups de minuit du 1er janvier pour entonner le tube de 2015 : la conférence de Paris devra laisser une trace dans l’Histoire !

La foire aux marioles ne fait que commencer!

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