30 ans de confinement

Kartzela

Un virus inconnu mais couronné envahit sournoisement notre planète et, comme la moitié de l’humanité, nous voici confinés à domicile par ordre des gouvernements, pour tenter de ralentir la marche en avant de l’invisible ennemi. Il s’agit d’éviter que trop de gens tombent malades en même temps, débordant la capacité d’accueil des hôpitaux. Pour le moment cette stratégie paraît fonctionner, mais on entrevoit à peine le bout d’un très long tunnel avec ce microbe imprévisible.

Cet enfermement provisoire nous pèse, et à mesure qu’il se prolonge, l’impatience nous gagne. Certes il est plus supportable dans les collines du Pays Basque intérieur que dans un appartement de Bayonne situé à l’étage. Ici l’on peut prendre l’air sur de petits chemins déserts, et c’est déjà beaucoup.

Le plus dur pour les personnes âgées dont je suis est de ne pas voir ses enfants et petits-enfants, bien qu’ils prennent soin de nous.

Tout le monde commence à rechigner après quelques semaines de ce régime. La claustrophobie, la promiscuité ou au contraire l’isolement, l’inaction forcée, l’ennui, la longueur de l’attente provoquent le stress, des personnes en tombent malades, certaines en meurent dans les EHPAD plus sûrement que du Covid19.

Les enfants trépignent d’impatience dans de petits appartements, poussant les parents au bord de la folie. Les femmes battues par leur conjoint vivent un cauchemar sous l’emprise constante de leur bourreau. D’autres familles sont dispersées contre leur gré. L’on ne peut pas rendre visite à ses malades hospitalisés, ni tenir la main des mourants, ni assister aux obsèques de parents ou d’amis. Les étudiants ne savent pas ce qu’il adviendra de leurs examens, certains sont coincés dans les 9 m2 de leur chambre universitaire. Et tous ces artisans et commerçants qui voient impuissants leur entreprise s’enliser et peut-être sombrer, et tous ces salariés qui craignent la perte de leur emploi au sortir de la crise sanitaire, et les prisonniers qui vivent en ce moment un double confinement…

Sans oublier toutes les personnes qui sont pour ainsi dire enfermées dehors, tenues de travailler pour nous en risquant leur santé, voire leur vie : soignants, agriculteurs, transporteurs, salariés des industries et des commerces agroalimentaires, éboueurs, personnels de nettoyage, employés des banques, postiers, pompiers, policiers, militaires, et j’en oublie…

En un mot comme en mille, ce confinement de quelques semaines nous est insupportable. Que dire alors d’un enfermement forcé qui durerait toute la vie ? La perpétuité, ce doit être l’enfer. Et c’est le sort que subissent depuis 30 ans trois Basques de citoyenneté française : Jacques Esnal, Frédéric Haramboure et Ion Kepa (Jean Pierre) Parot. Accusés d’avoir commis des attentats en Espagne au sein de l’ex-organisation ETA, ils furent arrêtés en France et condamnés par la justice française à la peine maximale, assortie d’une période incompressible de 18 ans pour Jakes et Frédéric, de 15 ans pour Ion. Ils auraient donc pu bénéficier de la libération conditionnelle depuis 2005 pour Ion, depuis 2008 pour Jakes et Frédéric. En Espagne ils seraient déjà libres.

Cet enfermement provisoire
qui nous pèse tant,
trois prisonniers basques le subissent
depuis une génération

En France leurs demandes ont été plusieurs fois acceptées par les juges d’application des peines avec l’assentiment des autorités pénitentiaires pour bonne conduite. Chaque fois les procureurs de la République, représentants de l’Etat, ont fait opposition à leur libération conditionnelle en prétextant le risque de récidive.

Or cela fait trois ans que l’organisation ETA a remis les armes aux autorités françaises par l’intermédiaire des Artisans de Paix, Bakegileak, puis s’est dissoute. Mais le parquet fait la sourde oreille en refusant de prendre en compte la situation nouvelle ainsi créée.

Rappelons que le désarmement s’était fait avec l’assentiment discret mais certain du Président Hollande, et qu’à son tour le président Macron déclarait à Biarritz, voici un an, lors de la préparation du G7 de juillet 2019 : « Le Pays Basque est pour moi un exemple de résolution de conflit et de sortie des armes. (…) Le devoir de l’Etat est d’accompagner le mouvement. Nous ne devons pas faire bégayer l’Histoire, il faut l’accompagner » …

Le Président de la République n’a pas été entendu par les procureurs. Il lui revient de trancher ce nœud gordien, de mettre fin à une situation inhumaine et anachronique. Il dispose pour cela du droit de grâce, privilège du chef de l’État. Appuyons les démarches qui lui demandent d’en faire usage en faveur de ces trois prisonniers, ils en ont un besoin urgent, et le Président est le dernier recours. Monsieur le Président, leur sort est en vos mains, ne tardez pas !

Soutenez Enbata !

Indépendant, sans pub, en accès libre,
financé par ses lecteurs
Faites un don à Enbata.info
ou abonnez-vous au mensuel papier

Enbata.info est un webdomadaire d’actualité abertzale et progressiste, qui accompagne et complète la revue papier et mensuelle Enbata, plus axée sur la réflexion, le débat, l’approfondissement de certains sujets.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés par les dons de nos lectrices et lecteurs, et les abonnements au mensuel papier : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre.

« Les choses sans prix ont souvent une grande valeur » Mixel Berhocoirigoin
Cette aide est vitale. Grâce à votre soutien, nous continuerons à proposer les articles d'Enbata.Info en libre accès et gratuits, afin que des milliers de personnes puissent continuer à les lire chaque semaine, pour faire ainsi avancer la cause abertzale et l’ancrer dans une perspective résolument progressiste, ouverte et solidaire des autres peuples et territoires.

Chaque don a de l’importance, même si vous ne pouvez donner que quelques euros. Quel que soit son montant, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission.


Pour tout soutien de 50€/eusko ou plus, vous pourrez recevoir ou offrir un abonnement annuel d'Enbata à l'adresse postale indiquée. Milesker.

Si vous êtes imposable, votre don bénéficiera d’une déduction fiscale (un don de 50 euros / eusko ne vous en coûtera que 17).

Enbata sustengatu !

Independentea, publizitaterik gabekoa, sarbide irekia, bere irakurleek diruztatua
Enbata.Info-ri emaitza bat egin
edo harpidetu zaitezte hilabetekariari

Enbata.info aktualitate abertzale eta progresista aipatzen duen web astekaria da, hilabatero argitaratzen den paperezko Enbata-ren bertsioa segitzen eta osatzen duena, azken hau hausnarketara, eztabaidara eta zenbait gairen azterketa sakonera bideratuagoa delarik.

Garai gogorrak dira, eta badakigu denek ez dutela informazioa ordaintzeko ahalik. Baina irakurleen emaitzek eta paperezko hilabetekariaren harpidetzek finantzatzen gaituzte: ordaindu dezaketenen eskuzabaltasunaren menpe gaude.

«Preziorik gabeko gauzek, usu, balio handia dute» Mixel Berhocoirigoin
Laguntza hau ezinbestekoa zaigu. Zuen sustenguari esker, Enbata.Info artikuluak sarbide librean eta urririk eskaintzen segituko dugu, milaka lagunek astero irakurtzen segi dezaten, hola erronka abertzalea aitzinarazteko eta ikuspegi argiki aurrerakoi, ireki eta beste herri eta lurraldeekiko solidario batean ainguratuz.

Emaitza oro garrantzitsua da, nahiz eta euro/eusko guti batzuk eman. Zenbatekoa edozein heinekoa izanik ere, zure laguntza ezinbestekoa zaigu gure eginkizuna segitzeko.


50€/eusko edo gehiagoko edozein sustengurentzat, Enbataren urteko harpidetza lortzen edo eskaintzen ahalko duzu zehaztuko duzun posta helbidean. Milesker.

Zergapean bazira, zure emaitzak zerga beherapena ekarriko dizu (50 euro / eusko-ko emaitzak, 17 baizik ez zaizu gostako).