A tout observateur lucide et impartial, c’est-à-dire proche et à la fois lointain, catégorie de citoyens ici assez nombreuse et qui, aux yeux de qui me connaît intimement, peut assurément me définir, le peuple français apparaîtra comme un mystère étrange et déroutant. Qu’y a-t-il de nouveau et… d’agaçant ?
Le 24 mars a été publié un sondage de l’institut BVA, sondage effectué au lendemain de la mise en examen par le juge Gentil de l’impétueux Sarkozy, qui révèle que 63% des Français considèrent que cet avatar n’est d’aucune façon susceptible de nuire au futur de la carrière politique de l’énergumène par ailleurs au zénith des côtes de popularité. Point n’est besoin d’avoir fait SciencesPo pour décrypter le message, les Français, ou pour le moins quasiment 2/3 d’entre eux, en redemandent. J’en suis resté coi, ouais !
Quelle leçon devons-nous tirer de cette information. Et bien Les Français qui ont la réputation d’être des fines gueules aiment, au moins deux sur trois, les chefs avec beaucoup de casseroles. Il est vrai que dans la cuisine électorale version cordon bleu-blanc-rouge, la cuisine à la casserole est une spécialité que le monde entier leur envie, Mais vvvvouiiii !!!
En voici la recette en commençant toutefois par le menu car il fait saliver, que l’on en juge «Caviar de pigeon pour tout le monde». Pour cela, « d’une valise l’autre » dont on aura préalablement blanchi le contenu, on extrait le liquide que l’on verse précautionneusement dans les casseroles. On fera alors revenir à feu très doux. Se pencher sur le bouillon frémissant, caractéristique de la qualité et de l’authenticité du produit on doit constater l’absence d’odeur, cas rare où l’on observe en effet du feu sans fumet ! Faire revenir est important en raison des revenus attendus. Ils seront alors servis en quantité variable aux convives. Dans ce genre de cuisine, dite électorale, et c’est là son unique défaut, la grande majorité doit s’attendre à ne récupérer que quelques miettes. Autant dire que des miettes de liquide cela revient pour les récipiendaires à se contenter de lécher leur assiette pendant que les mieux nantis pourront au dessert se partager le gâteau.
Ainsi, dix mois après avoir souhaité changer de chef, déjà lassés du régime minceur à base des salades débitées par François Batavia, les Français amnésiques semblent donc disposés à goûter à nouveau la tambouille insipide du chef à talonnettes.
Dans le combat politique, s’il n’est pas la règle, le cynisme peut s’avérer être une arme efficace. Aussi, en étant raisonnablement pourvu, il m’apparaît que puisqu’ils en redemandent il ne serait peut-être pas vain qu’on leur en redonne de la cuisine à la casserole, encore et encore, jusqu’à l’écœurement, jusqu’au vomi.
Mikel Dalbret