Les articles abordant la thématique des éco-quartiers se multiplient à l’heure actuelle et beaucoup d’exemples lointains nous sont proposés. Cette terminologie d’éco-quartiers mérite qu’on s’y arrête un instant.
Pour Martine Bisauta, maire-adjointe de Bayonne, il s’agit d’abord, de répondre à toute urbanisation nouvelle en prenant en compte les défis nouveaux: épuisement des ressources, pollution, transition énergétique, mobilité mais aussi la qualité du vivre ensemble.
Il se trouve qu’à Bayonne au Séqué nous avons créé un nouveau quartier où nous avons tenté de répondre du mieux possible à ces défis redoutables. Cette initiative a été labellisée “Eco-quartier” par le ministère du Développement durable en janvier 2010. Ce seront au total plus de 500 logements, dont 50% en locatif social, en accession sociale ou à coût maîtrisé. En septembre y sera inauguré un EHPAD de 98 lits, associé à ce que l’on nomme “papy loft” c’est-à-dire une structure qui préserve l’autonomie tout en offrant un environnement sécurisé.
S’il était évident que nous devions envisager un traitement tout à fait exemplaire en matière d’isolation, de traitement des eaux, des déchets, si nous devions prendre en compte la possibilité de transports en commun, veiller à la préservation de la biodiversité, nous avons voulu aller plus loin dans la conception. Nous avons donc décidé de laisser aux futurs habitants le choix de l’aménagement de l’espace public et, plus ambitieux, la participation à la rénovation de la ferme Loustanaou qui sera, à terme, la maison commune. Pour cela, nous avons mis en place une concertation plusieurs mois avant que le quartier ne soit habité afin que les personnes concernées envisagent ensemble leur cadre de vie futur.
Conviction et ténacité
Ce furent des débats suivis et passionnés qui ont abordé la crèche, les jardins partagés, la reconstruction du bâtiment dédié… Il fut question de lieu de mémoire, d’éco-réhabilitation, de la place de la voiture…. Le tout accompagné par un bureau d’étude qui a mené une étude sociologique en parallèle qui nous éclaire beaucoup sur les nouvelles façons d’habiter.
Dans “éco-quartier”, il ne faut pas se laisser prendre par le côté seulement environnemental de la réalisation, pas se soumettre aux “sachants” qui transforment le projet en une caricature technologique, dont le bénéfice s’évanouira pour partie si les usagers n’en saisissent pas la portée. Il s’agit en tout premier lieu d’une aventure humaine, où la participation active du plus grand nombre est une impérative nécessité et aussi d’un vrai projet politique qui exige conviction et ténacité.
Dans un éco-quartier, il s’agit en tout premier lieu
d’une aventure humaine,
où la participation active du plus grand nombre
est une impérative nécessité
et aussi d’un vrai projet politique
qui exige conviction et ténacité.
Pour la ferme, nous en sommes à la phase de programmation et en septembre, nous retrouvons les habitants pour des choix plus décisifs, la phase de réalisation s’annonçant pour 2014. Le budget est d’un million d’euros.
Pour la deuxième tranche du Séqué, nous avons décidé de franchir un cap supplémentaire et de nous orienter vers une expérience d’habitat participatif. Il y a un an, le COL (Comité Ouvrier du Logement) a décidé de se lancer dans l’aventure et de porter le projet. Ce seront à terme 40 logements collectifs en accession sociale dont les futurs propriétaires auront imaginé la conception, tout en créant des espaces partagés. Nous y verrons peut-être une buanderie, un atelier, ou encore un studio destiné à leurs hôtes dont ils se répartiront l’usage. Le choix leur appartient. Ils ont rédigé une charte sur leur “vivre ensemble”, qui démontre que, dans ce type de démarche, on ne pense pas qu’au ménage de la cage d’escalier.
Projet audacieux
Appuyé par l’AREA (association de recherches et d’études en architecture) qui apporte au COL son savoir-faire en la matière, nous avons là un projet audacieux et nous sommes conscients du risque pris dans sa réalisation. Nous avons déjà constaté la difficulté à trouver des candidats, cette démarche novatrice ne s’inscrit pas avec facilité dans l’acte d’acheter tel que nous y sommes habitués. Elle s’étend sur environ deux ans, il faut répondre présents à de multiples réunions, trouver sa place dans le groupe et accepter les évolutions collectives. Ce n’est pas rien!
Revendiquer une appellation d’éco-quartier n’a aucun sens si l’ensemble de ces conditions ne sont pas réunies. Alors, bien sûr, au Séqué, on n’aura sûrement pas tout réussi, on pourra toujours arguer que l’œuvre est imparfaite, mais je peux témoigner de l’engagement de la ville et de la mobilisation des services qui n’ont pas mégoté sur leurs samedis matins pour suivre les concertations..
Bien entendu, il ne s’agit pas d’avoir un quartier phare à faire visiter le dimanche mais bien d’intégrer les mêmes principes partout où nous intervenons. C’est ainsi que le projet (LINKS) porté par Bayonne a fait le pari que les centres anciens sont les éco-quartiers de demain. Avec nos partenaires, nous avons transmis en janvier 2013, nos recommandations à la Commission Européenne lors de la Conférence finale à Bruxelles.