La liste Baiona verte et solidaire, soutenue par Euskal Herria Bai, Europe écologie les verts, Ensemble et la France Insoumise, sonne le rassemblement des forces de gauche, écologistes et abertzalo-compatibles à une exception près…
L’abertzalisme est-il soluble dans le progressisme et l’écologie ? Bien sûr, mais à Bayonne elle prend une forme inédite. En présentant, le 19 septembre, sa candidature aux municipales de mars 2020, l’association Baiona verte et solidaire sonne l’heure du rassemblement bien avant l’usage du second tour.
Soutenue par Euskal Herria Bai, Europe écologie les verts, Ensemble et France insoumise, la liste fédère les bayonnais autour d’une charte qui égrène les points communs avant d’élaborer un programme commun.
Une adhésion en quelques points qui promet d’inscrire l’écologie au coeur des politiques municipales, de réduire les inégalités en favorisant l’emploi local, l’accès à la culture, les services publics, de promouvoir l’euskara, de renforcer la Communauté d’agglomération Pays Basque (CAPB) en visant la création d’une collectivité territoriale à statut particulier, de soutenir le processus de paix, de développer les démarches participatives dans la gestion des collectivités, d’être solidaire avec les personnes les plus fragiles, de combattre les discriminations, notamment d’agir en faveur de l’égalité homme-femme et, enfin, d’assurer un accompagnement aux migrants.
Avec cette déclaration d’intention, l’idée est de rassembler au-delà des chapelles et de créer un bloc de gauche capable de faire face à celui constitué par la majorité actuelle regroupant, autour du maire UDI Jean- René Etchegaray, la droite bayonnaise.
Pour l’heure, aucune liste d’extrême droite ne s’est annoncée à Bayonne, ce qui n’entame pas le potentiel de la candidature Baiona verte et solidaire, dont les trois mots campent idéalement les perspectives basques, écologistes et progressistes, mais peut changer la donne sur les scores rivaux.
Plus étonnant en revanche, la liste citoyenne Demain Bayonne – Bihar Baiona, composée de dissidents de l’opposition municipale PS, continue sa démarche participative en prônant les solidarités, la transition écologique et la diversité culturelle et linguistique, sans entente avec Baiona verte et solidaire malgré ces points communs.
Après discussions, elle a choisi de poursuivre sa route seule vers le premier tour, se félicitant même de la création de la nouvelle liste dès son annonce officielle.
Rendez-vous au second tour pour de nouvelles discussions.
Opposition municipale
Reste que cette démarche contribue à isoler le premier opposant municipal, le socialiste Henri Etcheto, qui avait tout de même emporté le premier tour des municipales bayonnaises avec 35,26% des voix mais s’était fait coiffé au poteau, au second tour, dans une triangulaire où la liste abertzale “ouverte”, Baiona 2014, forte de ses 10,30% de voix, se maintenait, profitant à Jean-René Etchegaray pour 26 petits bulletins d’avance.
Depuis, le nouveau maire de Bayonne s’est engagé sur de nombreux thèmes défendus par les abertzale, de la création de la Communauté d’agglomération Pays Basque, qu’il préside, à la démarche des artisans de la paix en passant par l’accueil des migrants, la reconnaissance de la langue basque, le soutien à l’eusko ou la création d’un lycée en langue basque.
A l’inverse, Henri Etcheto reste obstinément abertzalo-incompatible et se déplume d’une partie de sa liste, qui a lancé Demain Bayonne – Bihar Baiona et surtout des Verts, qui avaient fait alliance avec la liste PS dès le premier tour en 2014 et soutiennent désormais Baiona verte et solidaire.
Difficile en tout cas de mesurer ce que chacun pèse dans les suffrages tant les cartes électorales ont été rebattues.
Reste qu’en optant pour une convergence plutôt que pour une liste propre, en s’impliquant dans une dynamique plutôt qu’en comptant ses forces propres, les abertzale épousent le terrain sociologique de Bayonne cassant des idées reçues ou dédiabolisant les vilains basques. L’idée n’est d’ailleurs pas récente puisque Baiona 2014, initiée par le monde basque au sens large, proposait déjà une dynamique qui dépassait le seul cadre abertzale.
Une liste à deux visages
Un cadre déjà associatif, où les adhésions sont individuelles et qui gère sa destinée comme une association. Dans Baiona verte et solidaire, le groupe de coordination a la fonction d’un Conseil d’Administration qui se soumet invariablement au vote de l’Assemblée générale. Ce fut d’ailleurs le cas ce samedi 12 octobre où les adhérents, qui désignent ce groupe de coordination, ont voté pour définir la liste de candidats. La tête de liste, généralement emblématique dans ce type d’élection, est un poste partagé entre l’élu municipal Jean-Claude Iriart, qui menait déjà la liste Baiona 2014 et Sophie Bussière, secrétaire départementale d’Europe écologie les verts (EELV). Symboliquement, il s’agit de souligner la parité et l’exercice collectif des responsabilités. D’un point de vue pratique, il est prévu, en cas d’élection, que l’un devienne maire et que l’autre, première adjointe, brigue un poste exécutif à la Communauté d’agglomération Pays Basque. Dans cet élan collectif, le mouvement espère ainsi dépasser les partis.
Il y a donc 2 listes Abertzale à Baiona, chacune avec une forte coloration écolo: Baiona Berria / Baiona verte et solidaire.
Il sera intéressant de voir comment les autres se positionnent sur ces 2 thèmes forts!