La démarche a certes été participative jusqu’au bout mais le débat a tout de même été houleux. Les abertzale de Bayonne, qui présentaient une liste ouverte, ont fini par choisir le soir même de ce premier tour, de se maintenir au second tour, après avoir pour la première fois dépassé les 10% à Bayonne. Un score historique qui leur offre tous les possibles dans la capitale labourdine, même si les choix ne se sont pas facilement imposés. Jean-Claude Iriart, tête de liste, défendait par exemple une alliance avec le socialiste Henri Etcheto, pourtant peu enclin à porter le moindre espoir abertzale. Le tête de liste socialiste a jusqu’au bout refusé le moindre geste, se contentant d’affirmer que les idées de gauche se regrouperaient au deuxième tour, que « l’electorat n’appartient à personne », et surtout que « la collectivité territoriale n’est pas le sujet des municipales ». Il se peut qu’à Bayonne, la collectivité territoriale soit bien le sujet qui favorise de fait la liste Etchegarray, qui avec l’appui de la droite et un engagement dans ce dossier se retrouve désormais en position de favoris. Pour autant, si les mathématiques ont leur logique, la politique en a souvent une autre plus surprenante.
Théoriquement, comme l’a souligné la candidate de droite non-investie par l’UMP Sylvie Durruty découvrant son excellent score de 18,54%, « le cumul de {ses} voix et de celles de Jean-René Etchegaray s’approche des 50% ». Jean-René Etchegaray, dauphin proclamé de Jean Grenet avec une liste de centre et de droite, arrive bon second avec 29,98% des suffrages, derrière Henri Etcheto et ses 35,26%. Le candidat du Front de gauche, Serge Nogués, atteint presque les 6% et Jean-Claude Iriart fait grimper le score abertzale à 10,3%. Mais il faut comprendre dans le score de Sylvie Durruty, qui n’a fait campagne que six semaines, un vote de défiance de la droite bayonnaise face à la liste de Jean-René Etchegaray. Avec le maintien des abertzale au second tour, elle se trouve en position de force pour « discuter » avec Jean-René Etchegaray. Ce qui augure bien d’un virage à droite si le candidat centriste, qui a fédéré des forces de gauche, veut espérer les faveurs de son ancienne collègue —ce qui ne posera a priori pas de problème— mais surtout ceux de son électorat. Selon un sondage Ipsos commandé par Sud Ouest, France Bleu et France 3, Seul 90% du vote Durruty se reporterait au second tour sur Etchegaray. Un chiffre qui pourrait même être revu à la baisse si l’on en juge par l’aversion suscitée par une frange de la droite pour cette liste Etchegaray de rassemblement, contenant d’anciennes figures de la gauche.
D’autant qu’Etcheto ne suscite pas ce rejet de cet électorat. Il est de ce monde bayonnais, en lien avec l’ancien édile et le seul de sa famille à prôner l’incartade socialiste, ce qui n’affole pas plus les marchés que les notables depuis belle lurette. A l’exception cependant du vote FN, qui n’a pu s’exprimer à Bayonne, et qui devrait être à chercher dans les rangs de Durruty. De même dans le vote abertzale, on peut douter d’un report mathématique des voix sur le candidat Iriart au deuxième tour. D’abord parce que curieusement, l’enjeu semble moindre : choisir un maire peut être un choix supérieur à la volonté pourtant cruciale de permettre à sa liste d’obtenir le plus de siège d’opposant possible. Mais surtout, les débats qui ont fait rage au sein de la liste Baiona 2014 augure d’un clivage entre les promoteurs d’un basculement de la mairie à gauche et les anti-jacobins, prêts à conduire des thématiques abertzale avec une partie de la droite, sur le modèle éprouvé de l’équipe Borotra à Biarritz. Pour autant, le handicap du candidat Etcheto est désormais compliqué à rattraper. La position abertzale l’a vraisemblablement condamné. Une alliance des abertzale avec le Front de gauche, en discussion pour ce second tour, finirait par renvoyer Etcheto dans les cordes. Resterait alors à donner le plus de représentativité à cette liste de gauche et abertzale pour lui permettre de faire entendre sa voix dans une agglomération que la droite regagne.
Il y a aussi la première force de la ville, l’abstention. Restons mobilisés derrière Iriart !!!!
Zorionak Baionako abertzaleei, zinezko ezkerreko programa aurkezturik eta ez gaitezela tronpa, sozialistei oparirik ez, mezua ongi uler dezaten.
Jusqu’à 17h00 aujourd’hui je ne savais que faire pour le 2nd tour, je voterai finalement etchegaray, il est temps de mettre sa parole à l’épreuve mais une vitesse au dessus. Le maire de la 1ére commune d’Iparralde pourrait/devrait soutenir et pourquoi pas porter nos revendications territoriales et linguistiques.
On peut se réjouir qu’Etchegaray l’emporte sur Etcheto. Mais il peut l’emporter sans nous. En attendant il faut donner de la voix à Iriart…
« Une alliance des abertzale avec le Front de gauche, en discussion pour ce second tour, finirait par renvoyer Etcheto dans les cordes »…
Là je crois que le compte est bon. Ca va devenir compliqué de faire de la politique au Pays basque sans tenir compte des préoccupations abertzale. Avis aux jacobins de tout poils.
Le maintien de la liste d’Iriart pourrait obliger Etchegarray a ne pas trop dévier à droite pour ne pas refouler un électorat potentiel venant de Baiona 2014. Pour garder cette pression, et faire entendre la voix des abertzales et de la gauche pendant les 6 prochaines années, il faut revoter Iriart.
De toute façon, le choix est simple, qui peut se revendiquer à la fois abertzale et de gauche et voter pour le PS ou la droite?
Je ne vois pas comment quelqu’un qui est de GAUCHE abertzale peut voter pour un notable de droite, investi par l’UMP. « Inciter à ne pas trop dévier à droite », il n’y a pas d’incitation, c’est fait.
La liste Baiona 2014 ne se contente pas de se maintenir. Elle fusionne avec « L’Humain d’abord », au grand déplaisir des mentors parisiens du Parti de Gauche, qui découvrent que le Front de Gauche et même le Parti de Gauche d’Iparralde ne sont pas sur la même longueur d’ondes qu’eux, et refusent e recevoir des ordres de qui ne connaît ni ne vit la réalité d’Iparralde.