Des actions d’ampleur sont attendues dans les prochaines semaines et vont s’amplifier jusqu’à la fin des mesures judiciaires d’exception et la libération de Jakes Esnal et Ion Parot qui vont entamer leur 32e année de captivité.
Les artisans de la paix ont tenu parole. Un peu plus d’un mois après avoir annoncé une séries d’actions “plus fortes et plus déterminées”, ils sont montés à l’assaut d’une forteresse symbolique pour exiger des avancées dans le dossier des prisonniers basques, notamment pour Jakes Esnal et Ion Parot qui ont déjà purgé plus de trente années de prison, bien que libérables depuis une quinzaine d’années.
Une action de désobéissance civile qui marque pour Bake bidea le début d’une nouvelle stratégie dont les actions promettent de monter crescendo.
Ce 18 février, date annoncée à l’avance, alors qu’un important dispositif policier protégeait les bâtiments publics —et notamment la sous-préfecture de Bayonne— une trentaine de militants s’est dirigée vers le palais de justice, obligeant les forces de l’ordre à délaisser la sous-préfecture pour les précéder.
À peine dégarni, le bâtiment a été accosté par plusieurs fourgons et plus de 150 militants qui ont rapidement déployé des échelles pour gravir les grilles. Une trentaine d’entre eux a réussi à s’y enchaîner, en bloquant la porte principale ainsi que la route pendant près de trois heures, face à une centaine de policiers.
L’action a pris fin avec une prise de parole détaillant cette nouvelle phase de désobéissance civile.
Après avoir épuisé “la voie diplomatique”, les artisans de la paix espèrent ainsi “interpeller directement l’État français” et le faire réagir. Si, à son sommet, on s’estime impuissant face au Parquet national anti-terroriste (PNAT), qui retoque systématiquement les remises en liberté en faisant appel des décisions des juges d’application des peines, une circulaire du gouvernement, demandant à la justice anti-terroriste de prendre en compte la situation d’un Pays Basque déterminé à tourner la page de la lutte armée, ferait un autre effet. Il s’agit, somme toute, d’annuler ce régime d’exception qui constitue une politique belligérante, plus de dix ans après l’abandon de la lutte armée. En application simple du droit.
Fort de cette légitimité, Bake bidea a appelé “la société civile, les mouvements sociaux, politiques et syndicaux de tous bords, de même que les élus” à les rejoindre les 1er et 2 avril prochain pour une nouvelle action.
Fort de sa légitimité,
Bake bidea a appelé
“la société civile, les mouvements sociaux,
politiques et syndicaux de tous bords,
de même que les élus”
à les rejoindre les 1er et 2 avril prochain,
pour une nouvelle action.
Plusieurs élus étaient présents ce 18 février dans les rangs des volontaires, tels que le conseiller départemental Joseba Erremundeguy, le maire de Saint Pierre d’Irube, Alain Iriart, celui de Ciboure, Eneko Aldana, les conseillers régionaux Didier Damestoy et Emilie Dutoya et même l’ancien maire de Biarritz, Michel Veunac.
Symboliquement, le mois d’avril marquera l’entrée de Jakes Esnal et Ion Parot dans leur trente-deuxième année de détention. Une peine plafond pour le régime pénitencier français.
Ion Parot a déjà essuyé pas moins de cinq refus de liberté conditionnelle depuis 2005, date à laquelle il pouvait prétendre à cette libération restreinte.
La sanction maximale en France est la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 30 ans. La perpétuité incompressible, prévue pour les “meurtres avec viol, tortures ou actes de barbarie sur mineur”, propose même une issue dès le seuil de 30 ans d’incarcération.
Face à cet arsenal, les Artisans de la paix haussent le ton. Leurs actions iront en s’amplifiant et ne s’arrêteront qu’avec la fin de ce régime d’exception. “Nous assumerons collectivement le fait que nos actions pourront entraîner des gardes à vue, des poursuites judiciaires, des procès et des condamnations” ont indiqué les artisans de la paix. En pleine campagne électorale on pourra toujours en débattre.